Eden & Dentelle

Chapitre 26 : Eden

Un tourbillon d'émotions me vrillait la tête. La honte. La peur. La colère. La tristesse... De chaudes larmes ruisselaient sur mes joues sans que je ne puisse les retenir. J'aurais préféré me contenir mais je n'y parvenais pas. Un premier sanglot me secoua. J'arrachais ma main de la poigne rassurante d'Alix pour venir cacher mon visage. Non. Pas maintenant. Pas devant elle.

— Eh... essaya-t-elle d'une voix douce.

Je sentis ses doigts écarter une mèche de mes cheveux et saisir tendrement l'une de mes mains. Elle l'écarta aussi délicatement qu'on manipule une chose fragile. Elle ne comprenait pas que j'étais déjà brisée.

— Ne te cache pas de moi, souffla-t-elle en m'embrassant le front.

Ses lèvres sur ma peau me firent frémir et j'attrapai sa nuque pour l'empêcher de reculer. Elle grimpa sur mes genoux et me serra de toutes ses forces. C'était tellement étrange. Un second sanglot sortit de ma gorge. Pas de mépris. Pas de moquerie. Elle se contenta de déposer un baiser sur ma joue. Pas d'indifférence.

Puis son sourire rassurant fut le détonateur. Un trop plein d'émotions contenues depuis toujours s'abattit sur moi et je m'accrochai à elle telle une bouée de sauvetage. La douleur me perfora la poitrine et je crus hurler. Peut-être était-ce le cas. Je ne le sus pas et elle ne m'en tint pas rigueur, se contentant de me caresser les cheveux alors que je trempais son pull de mes larmes. Le temps passa. Une minute. Dix ? Une heure. Aucune idée. Mais la souffrance sortait enfin. J'étais en sécurité. Bien plus que je ne l'avais jamais été. Ses bras formaient autour de moi tant un rempart qu'un cocon dans lequel me réfugier. Le premier auquel j'avais droit. L'amour maternel ? Je n'avais pas connu. Mon père ? Gentil mais trop occupé et J'aurais voulu qu'Alix ne me lâche jamais. Mais tout avait une fin.

Je profitai encore quelques secondes, stabilisant ma respiration et la repoussai légèrement. Elle essuya du bout des doigts les dernières larmes sur mon visage et caressa tendrement ma joue. Le vert de ses yeux était si brillant que je compris que je n'avais pas été la seule à pleurer. Je plissai les lèvres et lui rendit son geste. Elle ferma les yeux et poussa un soupir.

— Comment... Comment tu fais pour me toucher après ce que je t'ai fait ? murmura-t-elle d'une voix cassée.

Mon cœur se serra.

— Ce qui s'est passé avec elle n'est pas de ta faute...

— Pas entièrement... Mais je suis responsable de ce que je t'ai dit. L'alcool et la colère n'excusent rien, réfuta-t-elle en se levant, laissant une désagréable sensation de froid sur mes cuisses.

Je vais faire jouir cette femme comme je n'ai jamais pu le faire avec toi.

— Tu as concrétisé ma plus grande peur. Confier mon blocage à une femme et qu'elle s'en serve contre moi. Mais... Je comprends. Je t'ai blessée et tu as fait de même. Je... Je pense que le temps me permettra de passer au-dessus.

Elle secoua la tête, prête à ajouter quelque chose mais je ne lui en laissai pas le temps.

— Mais aujourd'hui, ce n'est pas notre plus gros problème.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? s'inquiéta-t-elle alors que je me dirigeais vers la cuisine.

Je sortis deux tasses d'un placard en hauteur blanc et entrepris de préparer des chocolats chauds.

— Eden ? Tu me fais peur. Qu'est-ce qui se passe ?

— Y'a une vidéo, soufflai-je enfin en m'agrippant au bord du plan de travail.

— Une vidéo de ton agression ?

— Non. Brittany est venue me voir lundi. Elle a filmé ce qui s'est passé à Lyon... Et elle me menace.