Chapitre 30 : Alix

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Alors que j'attrapais une paire de talons aiguilles noirs, mon téléphone vibra dans ma poche. Un brouhaha envahissait les vestiaires, les mannequins se faisant maquiller et coiffer dans une ambiance joyeuse et dynamique. Jules effectuant les dernières coutures, Carla donnant les ordres nécessaires au déroulement du défilé, les filles blablatant sur tout et n'importe quoi en attendant le début du show. Je pourrais m'habituer à tout ça. J'en avais terriblement envie. Mais si je voulais que ça puisse continuer ainsi, il fallait que mon plan fonctionne. Pour que notre équipe reste au complet. Pour qu'Eden garde son poste.

Cette dernière n'avait fait que de brèves apparitions depuis le matin, toujours rattrapée par diverses interlocuteurs. La fin d'année semblait être difficile pour elle alors que tous les sujets paraissaient urgents. Je n'avais pas eu le temps d'échanger un mot avec elle depuis mon retour à Paris et depuis que je l'avais entendue aboyer des ordres dans les couloirs en début d'après-midi, je m'étais résignée à attendre. Ce n'était pas le moment. D'autant plus que je n'avais encore rien résolu.

— Tiens, enfile ça ! m'exclamai-je en tendant la paire d'escarpins à Elena.

J'étais contente de travailler avec elle sur ce nouveau défilé et elle m'avait fait promettre qu'elle ne se retrouverait pas nue sur celui-ci.

— Je suis sûre que ça ira parfaitement, me répondit-elle avec joie.

J'appréciais le petit clin d'œil de Carla qui avait affecté Elena aux modèles que j'avais confectionné et j'avais hâte de la voir défiler avec. Les premiers que j'avais réellement créés entièrement dans ma carrière de styliste professionnelle.

Une nouvelle vibration à l'arrière de ma jupe me força à attraper mon téléphone. Le profil Instagram de Brittany apparut à l'écran et j'ouvris la notification, les mains tremblantes.

Je repars pour Bordeaux ce soir. Ça ne va pas être possible.

Quoique... Si tu veux, on peut aller se boire un verre à 18h ?

Mon cœur rata un battement. Le défilé commençait à dix-huit heures trente. Ma poitrine se serra mais je savais ce que j'avais à faire. Si je réussissais, il y aurait de nombreuses autres occasions de voir mes modèles portés par des mannequins. Si j'échouais en revanche... Non. Ce n'était pas une éventualité.

J'inspirai un coup et me dirigeai vers Carla. Devrais-je également prévenir Eden ? Je n'avais aucune idée de ce que j'allais bien pouvoir lui dire et j'avais peur de mes réactions. Et si elle voyait que je lui mentais ? Elle commençait à bien me connaître et pourrait peut-être se douter de quelque chose. Non, il fallait que je garde ça pour moi.

J'inventai un bobard à ma collègue qui me lança un regard peu convaincu et accusateur. Je les lâchais à moins d'une heure du défilé. Elle avait de quoi me détester et pourtant elle finit par me sourire. Ce fut une tout autre histoire quand j'aperçus Nicolas à la sortie du bâtiment. Baissant la tête, j'accélérai pour le croiser le plus rapidement possible.

— Mademoiselle Dean ? m'interpella-t-il, surpris. Ne devriez-vous pas être en train de gérer le défilé avec vos collègues ?

— J'ai un imprévu, mentis-je de la même manière qu'à Carla.

— Eh bien, laissez vos proches gérer ça. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire sans vous.

J'ouvris la bouche pour répondre quand une voix glaciale me fit me redresser.

— Nicolas ! As-tu pu voir cette histoire de turnover avec le DRH ?

Eden fit son apparition dans un tailleur pantalon lâche noir réhaussé d'un haut blanc à fleur noué autour de son cou. Un haut chignon désordonné trônait fièrement au sommet de sa tête et je dus faire un effort pour ne pas la déshabiller du regard.

Eden & DentelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant