OBSESSIVE | TOME I & II

Chapitre 18 \ NYX

RUNRUNRUN - Dutch Melrose

   Le froid prend possession de cette usine un peu plus à chaque seconde qui passe. Le silence alourdit l'ambiance qui a été perturbée juste avant et aucun de nous deux ne bouge, comme bloqué par la certitude d'une présence indésirable.

Le regard de Max divague, cherchant la source du bruit à l'aide de sa vue mais moi je fixe le sol comme on me l'a appris. Je me concentre sur mon ouïe, essayant de détecter n'importe quel son infime. Il suffirait que la personne fasse un mouvement et je serais capable de l'entendre, ce n'est pas difficile à comprendre que l'intru fait tout pour ne pas bouger.

Je suis plus entraîné qu'eux, on ne peut pas me prendre par surprise.

Je souris et relève la tête vers Max, ce mouvement me permet de rater une balle qui vient s'enfoncer dans le mur à ma gauche après être passé devant mon visage.

Que l'amusement commence.

Je ne sais pas si Max est pris de surprise par la balle ou par mon manque de réaction. En tout cas, je ne bouge toujours pas, le sourire scotché à mon visage alors que j'entends l'arme se faire recharger.

Mon ouïe est toujours en totale concentration sur l'inconnu et le suit quand il marche pour changer de position. Un pas à la gauche me permet de rater une nouvelle balle et je commence vraiment à perdre patience sous le manque de précision de mon tireur anonyme.

Ce n'est même pas amusant.

Max ne sait plus où se mettre, nos regards étant toujours plongés dans celui de l'autre il n'ose pas détourner le sien. Je dois faire attention car même si je pense savoir pourquoi il est ici, lui ne sait plus rien sur moi et sur ce que je sais de lui, et ce qui va arriver pourrait lui rappeler des choses que je remercie ce soit supprimer de sa mémoire.

Peut-être que c'est déjà le cas ?

Soudain, il s'approche de moi mais je n'arrive pas à lire en lui, ses gestes ont l'air calculés alors qu'il attrape mon poignet pour me tirer dans sa direction me faisant éviter une énième balle.

Maintenant proche de lui, je faufile ma main agile dans son dos et récupère son arme à feu avant de me retourner et de la pointer en direction de l'inconnu qui me pointe aussi de son arme. C'est un combat entre celui qui tirera en premier, celui qui aura l'audace de lancer le feu.

— Tue le.

Mes mains se serrent autour de l'arme alors que la voix que je pensais avoir réussi à refouler refait surface. Si elle est là, ça veut dire que je ne contrôle plus rien, et que ma face cachée que je déteste prend un malin plaisir à ressurgir. Cette face me bouffe de l'intérieur, elle ronge mes os et ma chair, me punissant de ne pas l'écouter.

Elle est bien plus forte que moi et mon doigt commence à se courber sur la détente.

— Fais le souffrir.

Cette voix est vengeresse, elle profite de chaque situation où je peux faire souffrir quelqu'un pour le faire payer de mes souffrances. Même si cette personne n'a rien fait pour y contribuer, cette voix l'utilise, et m'oblige à en ressentir du plaisir.

— Il a peur de toi.

Mon corps se détend et je souris, je ne suis plus moi, je suis cette face cachée dont j'ai honte. La voix à une nouvelle fois gagnée. J'appuie sur la détente et ma balle vient se loger entre les deux yeux de l'inconnu. Il tombe en arrière avec ses secrets de sa venue ici.

Et la vue de ce corps en sang sur le sol par ma faute me fait jubiler.

Mes bras s'abaissent et je me rappelle de la présence de celui qui est en possession de mes secrets sans pouvoir s'en souvenir, comme si j'avais écrit dans un journal avec une encre invisible.