OBSESSIVE | TOME I & II

Chapitre 36 \ NYX

The 9 reasons - Kae

Quelques minutes plus tôt,

Je n'arrive pas à les quitter du regard, comme absorbée par la vraisemblance de ce qui est posé devant moi. Une menace tout au naturel, qui pourtant si belle, cache l'obscurité et le message passé par sa magnificence qui est dédiée à me ressembler. Un copie conforme de ce que je suis et une transcription de ce que j'ai fait.

La fenêtre reste ouverte et laisse l'air frais s'infiltrer dans la pièce qui maintenant est figée dans le temps glacial. Je reste assise à contempler ce qui m'attendait sur le bureau à mon retour de Barcelone, une preuve que je dois commencer à me concentrer sur cette mission avant que tout me tombe dessus.

Le vase transparent est dressé devant moi, accueillant en lui un bouquet de rose blanche, mais tout serait si simple si n'était que de cette couleur pourtant si pure. Malheureusement, les pétales sont peintes d'une couleur qui n'a pas été choisie au hasard, une teinte qui fait de ces roses un miroir dans lequel je peux me regarder.

Car la peinture rouge qui a été aspergée sur ces fleurs, pourtant si pure et significative d'harmonie et d'espoir, n'est que le reflet de ma présence, elles sont maintenant tachées de vérité qui ne leurs appartiennent pas et que, lui, ne devrait pas connaître aussi. Des secrets qui devraient rester enterrés, loin sous la terre sur laquelle nous marchons tous les jours, en train de pourrir autant qu'ils me corrompent à chaque secondes qui passent.

— Arrêtes de les regarder.

Une main que je ne connais que trop bien vient s'enrouler autour du vase, récemment posé devant moi, et je me retrouve à fixer le mur lorsque les fleurs s'envolent, et que la vérité n'est alors plus sous mes yeux.

La blonde ouvre le placard de son bureau et les place à l'intérieur pour que le vase soit hors de porté de ma vue et que je ne puisse pas continuer à me perdre dans mes pensées comme depuis une dizaine de minutes où je n'ai fait que m'égarer dans les profondeurs de la menace face à moi.

Je finis par me lever, me décollant enfin de ma chaise sur laquelle mon âme continue de se reposer. Je me sens vide, un poids nul qui marche sans en avoir le contrôle vers un but que j'ai déjà atteint plusieurs fois mais dont je ne peux plus me passer.

Ma main vient rejoindre le métal froid de la poignée de porte de la salle de bain, mais avant que je puisse avoir le temps de m'y enfermer, une voix résonne et arrive à m'évacuer de mes pensées pendant un léger instant avant que ses mots ne deviennent une vérité tranchante à laquelle je m'accroche volontairement pour me couper.

—C'est quand la dernière fois que tu as mangé, Nyx ? dit-elle en restant debout au milieu de la pièce.

Sa voix est douce et me donnerait presque envie de lui répondre la vérité, de lui avouer que je n'arrive pas à avaler quoi que ce soit car j'ai repris cette mauvaise habitude de me laisser avancer jusqu'au bord de la falaise pour pousser toujours plus ma limite plus loin, faisant abstraction au fait que j'arrive déjà à son paroxysme et que je pourrais tomber à tout moment si la force que j'essaye d'avoir malgré tout ne suffit plus.

Mes yeux rencontrent les siens et l'inquiétude sur son visage se lit comme un livre ouvert, une expression que je n'aime pas voir car je ne veux pas qu'on s'inquiète pour une santé à laquelle je continue de survivre depuis des années.

— Nyx, je te parles, dit-elle une nouvelle fois pour me sortir de ma noyade dans les tourments de mon esprit.

— J'achèterais quelque chose au café avant d'aller en cours.

En réalité, je ne sais pas si je le ferai. Je pourrais simplement continuer de combler ma faim par des litres d'eau et des barres énergisantes pour que mon estomac se taise. Mais mon dernier vrai repas date d'il y a une semaine, alors mon ventre prend le dessus et me supplie de le nourrir d'une autre chose avant que je ne puisse reprendre mes habitudes qui ne se limite qu'à de pauvres barres qui sont rentré dans mon quotidien depuis des années et qui pourrait un jour causer ma perte.