Chapitre 33 \ MAX

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Ride me, darling - Artemas

Quelques minutes plus tôt...

Les secondes, les minutes, les heures, tout ce que l'homme à inventé pour nous régler sur un certain temps défini n'est qu'une façon de plus de tout contrôler. L'humain a ce besoin d'être au commande de tout et le temps est là pour nous faire oublier ce qui leur fait le plus peur : la mort. La fin inévitable de chaque être sur cette planète. Tout est mis en œuvre pour qu'on l'oublie, qu'on ne s'en soucie pas, comme si la fin n'était au final qu'une idée et que si on avançait sans y prêter attention alors on y arriverait pas et notre chemin continuerait.

Mais dans mon cas, j'y prête tellement attention que je pourrais bien croire que ma fin arrive bientôt.

Les aiguilles de l'horloge pendu devant moi tournent, montrant de manière matérielle et précise le temps qui passe avant que je ne sois obligé de faire ce dont je n'ai jamais eu envie. Je reste assis au bord du lit de cette chambre d'hôtel, à contempler la preuve matérielle que je m'approche de plus en plus de ma mort, peu importe dans combien de temps ma vie est censée se finir.

Je me redresse, laissant mes cauchemars sur le drap alors que je m'approche du sac posé sur le meuble qui supporte le poids de la télévision.

Tout comme je supporte le poids de mes tourments.

Mes mains, dans un mouvement que je ne connais que trop bien, viennent attraper le sachet qui dépasse de la fermeture éclair du sac avant de l'ouvrir doucement. J'en renverse son contenu sur le meuble et attrape ma carte de crédit dans ma poche pour préparer mes lignes d'amour toxiques. Une dose beaucoup plus forte que d'habitude, car aujourd'hui je n'ai pas la force d'affronter la soirée qui arrive.

Car aujourd'hui, j'ai envie de ne rien affronter du tout.

Les lignes sont dressées devant moi, elles me fixent avec insistance, ou peut-être qu'au contraire c'est moi qui me perds en ne les quittant pas du regard. Je me penche vers elles, et renifle la poudre magique qui vient m'imprégner et endormir mon cerveau.

Je me perds encore une fois dans les abysses de mes tourments, laissant la noirceur de mon âme se croitre, me rapprochant toujours plus du bord de la falaise, attendant sagement le jour où le vent sera tellement fort qu'il me poussera comme si je n'étais qu'un poids nul, et que je tomberais enfin de le gouffre où ma place est déjà inscrite et où je continuerais d'errer, seul.

Chacun de mes pas sont lourds et compliqués à réaliser dû à la dose que je me suis laissé prendre.

Mais je ne suis pas faible, certains d'entre nous ont juste besoin d'un coup de pouce pour affronter la réalité qui tourne autour de nous.

Cette réalité qui n'est maintenant qu'un artifice, des tâches de couleur moroses qui ne se reforment qu'après m'être focaliser dessus quelques secondes. J'ouvre la porte de la chambre d'hôtel et je retrouve les rues de Barcelone, chaque recoins festives de la ville qui viennent illuminer la nuit qui se posent déjà sur tout le pays.

Mon rendez-vous m'attend, mais il ne sait pas ce qu'on a contre lui, il ne se doute pas qu'on est au courant pour les transferts qu'ils faisaient sans notre accord. Des armes, qui à cause de lui sont peut-être tombées entre des mains qui les rendent encore plus dangereuses et mortelles qu'elles ne le sont déjà.

Des mains qui ne feront qu'appuyer sur la détente pour blesser de plus en plus de personnes.

J'arpente les rues de Barcelone, m'approchant de plus en plus de la musique qui m'intéresse, qui par ailleurs vient tambouriner dans mon cerveau, aggravant les effets de ce qui, elle, arpente mon corps. Les moteurs grondent, un son qui me fait plaisir à entendre et qui me rappelle qu'un jour je serais ici dans la voiture qui mérite de gagner la première place à la course de notre vie, à Chase et moi.

OBSESSIVE | TOME I & IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant