Chapitre 40 \ NYX

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Empathy - Crystal Castles

Le même jour,

Dans un silence presque pesant, comme s'il avait été posé autour de moi pas comme un apaisement mais comme un voile étouffant, l'eau s'échoue sur mon corps nu. La chaleur de celle-ci fait de ma peau un tableau sur lequel on viendrait peindre en rouge, chaque tâche qui apparaît sur celle-ci lorsque le liquide brûlant coule le long de mon être est un nouveau coup de pinceau sur l'œuvre qu'est mon âme.

Mais c'est comme si j'étais à la fois le peintre et le tableau, j'utilise cette eau brûlante pour échapper à la réalité, pour me rendre pendant un instant dans un monde où ma tête ne fait plus de bruit. Je suis la démonstratrice de ma propre peine, car je fais de mon corps une œuvre rouge en utilisant de moi-même les outils pour que ce soit le cas.

Les yeux fermé, je m'enferme dans ce noir que je m'offre comme un apaisement pour essayer de repousser l'etouffement provoqué par le silence. Je me concentre sur la sensation que provoque la chaleur sur ma peau, la sensation qu'on me plante des aiguilles dans la chair, des milliers, en continue sur mes cuisses, mes épaules, parfois le long de mon dos puis sur mon ventre. Une douleur comme une autre qui est devenue une habitude, un refuge qui récolte mes peines pour ne pas qu'elles se transforment en une tempête que je contrôlerais plus.

Mais ce n'est jamais suffisant.

J'éteins le flux d'eau mais reste debout entre les parois de cette douche, laissant la buée, qui a récolté les cris de mes tourments, me retomber dessus pour que jamais je n'oublie que la douleur ne me quitte jamais. Tout est ancré en moi tel une marque au fer rouge dans ma chair, je ne peux plus y échapper, et même si je me bats pour que tout ne ressorte pas en un orage de haine et que je perde le contrôle encore une fois, il y a des jours où la pression est trop forte et que je finis forcément par explosée, emmenant tout avec moi dans ma chute.

J'ouvre enfin les yeux, reprenant connaissance de l'endroit qui m'entoure malgré la buée persistante qui plane dans toute la pièce. J'avance en direction du miroir devant lequel je combat mon propre reflet, cherchant désespérément à pointer chaque défaut pour me prouver que tout ce qui ne va pas chez moi n'est pas seulement dans mon esprit mais aussi belle et bien partout sur mon corps, à la vue de tout le monde.

Ce miroir qui a aussi eu la chance de refléter la présence de mon stalker. Lui, qui sera bientôt en face de moi et que je n'hésiterais pas à tuer dès que le moment sera venu, même si cela implique réveiller mes démons intérieurs sous la forme d'une rage incontrôlable à la vue du sang versé par moi-même.

J'ouvre ma trousse à maquillage pour commencer à me préparer pour une soirée d'Halloween qu'Alex ne voulait absolument pas rater. La lampe au-dessus du miroir clignote, accompagnée d'un grésillement, comme si, en cette nuit d'Halloween, j'étais rentrée dans un film d'épouvante et que ce n'était que le début de celui-ci. La source de lumière continue de vaciller, créant un flash répétitif et agaçant alors que le bruit qui s'émane de celle-ci devient de plus en plus fort à l'oreille.

J'essaye tant bien que mal de me concentrer sur mon maquillage mais chaques secondes deviennent une torture à cause de ce qui reflète dans mes iris en plus du son qui continue de croître dans ma tête et résonner comme une punition.

Mes mains viennent s'échouer sur le bord du lavabo alors que je prends une grande inspiration comme tentative pour calmer mes nerfs qui s'enflamment avec une facilité déconcertante. Je fixe pendant un instant la lumière clignotante, me perdant dans cette façon répétitive qu'elle a de s'allumer et de s'éteindre comme si je nageais dans un film d'horreur.

Un bruit sourd provenant de la chambre me sort de cet instant de transe et je décide d'enfiler mon déguisement rapidement pour continuer de me maquiller sur mon bureau. Lorsque j'ouvre la porte, Carla est en train de ramasser son miroir qui était tombé au sol, peut-être était-ce ça la provenance du bruit. Je me dirige sans un bruit vers mon bureau pour m'y asseoir et peut-être réussir à finalement me maquiller.

OBSESSIVE | TOME I & IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant