Chapitre 34 \ NYX

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Family line - Conan Gray

Fuir. La seule chose qui m'est semblée logique de faire dans une situation telle que celle-là, car pour la seconde fois, j'ai succombé à cet écart entre nos deux corps et nos lèvres se sont rencontrées.

Une erreur que je ne dois plus commettre.

Un sentiment que je ne dois plus laisser surgir.

J'ai marché tout le reste de la nuit, laissant celui qui me fait perdre le contrôle de tout ce que je ressens à cause de sa présence mais surtout de ses souvenirs qui reviennent petit à petit. Des souvenirs qui, même si je le déteste d'avoir oublié, auraient dû rester dans l'ombre et ne jamais voir la lumière pour qu'ils ne dépassent pas la barrière de ses lèvres et me tuent de vérités que j'essaye d'éviter chaque jour.

Ses mots se sont écroulés sur moi, m'entaillant pour essayer d'ouvrir à nouveau les cicatrices invisibles qui me couvrent de la tête au pied. Chaques syllabes étaient des lames tranchantes qui venaient se planter dans mon cœur et dans mon estomac. L'envie de vomir me pesait mais les larmes, elles, ne se sont toujours pas évadées, comme si j'avais trop longtemps empêcher mon corps de pleurer, qu'il s'était asséché pour être sûre que je maintienne ma promesse.

Le soleil s'est levé il y a un petit moment, alors que je suis restée allongée sur le métal froid du toboggan situé dans le parc où j'allais tout le temps, seule mais le plus souvent accompagnée d'une tête blonde.

Je laisse échapper l'air comprimé dans mes poumons et ferme les yeux pendant un instant. Je me laisse porter par la douceur du vent frais, par les chantonnements des oiseaux matinaux et les feuilles mortes de cette période de l'année qui traîne contre le sol. Tout s'assemble, créant une mélodie apaisante, qui vient refroidir le feu qui brûle en moi constamment, une présence chaude dont je n'arrive jamais à me débarrasser mais qui, dans ces moments-là, arrive à se calmer légèrement avant de rebondir de plus belle.

Tout comme le calme avant la tempête.

Pour une fois, je me repose, même si l'instant ne dure que quelques secondes, j'en profite au maximum, car ces moments sont précieux dans la vie de quelqu'un qui ne fait que courir pour échapper à la réalité et qui ne se repose jamais, quelqu'un comme moi.

Ma paix est dérangée par mon téléphone qui vibre dans ma poche arrière, l'idée de laisser la sonnerie vibrer et de ne pas répondre me traverse mais je me convainc tout de même de le sortir de ma poche pour regarder qui est à l'origine de cet appel. Une lueur d'espoir apparaît encore en moi, comme un brouillard épais dans lequel on se perdrait, mais celui-là j'aime m'y perdre, j'aime ressentir l'espoir qu'il me donne à chaque fois que son nom s'affiche sur mon écran. Je décroche alors rapidement et apporte mon téléphone à mon oreille pour enfin l'entendre.

— Coucou, γλυκια μου. (Coucou, ma puce.)

— Coucou, papa, ça va ? je lui demande dans un élan de joie nourrit par l'espoir.

— Oui oui, dis voir tu es à Barcelone ce week-end ? J'ai dû aussi venir pour le boulot, on peut se rejoindre au café où on allait avant, si ça te tente bien sûr.

Sa proposition me réchauffe le cœur et une flamme s'éveille en moi, une flamme crépitante comme un feux de bois, apaisante, devant laquelle on pourrait s'endormir en paix. Je me redresse et laisse un sourire se dessiner sur mon visage.

— Avec plaisir, laisse-moi juste me changer et j'arrive ! dis-je avec enthousiasme, réjouissante de pouvoir encore le revoir alors qu'avant je ne le voyais qu'à peine sur tout le long de l'année.

OBSESSIVE | TOME I & IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant