Partie 23 - Nick

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Une fois que monsieur a remis ses deux pieds au sol, et à retrouver son axe de gravité, je libère son bras. Il ne me dit rien si ce n'est un hochement de tête. De toute façon on n'a rien à se dire. Fin' ce n'est pas le moment ni l'endroit pour avoir cette discussion. Discussion que nous n'aurons pas.

Je suis encore moins d'humeur qu'il y a une heure. Le gars qui m'a branché était, sans méchanceté, nul. Pas moche, ou mal proportionné, juste nul. Mais si il fallait être honnête trente secondes, j'y était pas. J'avais l'esprit ailleurs, et le ailleurs est là debout à côté de moi, jugeant le terrain de jeu de ce soir.

Je n'aime pas les parkings souterrains. Déjà trop de monde condensé au même endroit, on est serré comme dans une boite de conserve. Deuxième point avec la résonance on risque de se faire chopper.

Ça arrive peut de fois, généralement lorsque quelqu'un fait un signalement les flics pensent à une rave et ne se pointent pas. Le NYPD a autre chose à faire que d'envoyer des équipes pour dégager près de 500 à 1000 personnes - dansant sur de la musique électro avec des accessoires fluo - d'un bâtiment abandonné, qui n'appartient pas à la mairie. Au pire le propriétaire fait une plainte sous X pour dégradation et consommation de produit illicite sur une propriété privée, la scientifique fait des tests sur les possibles drogues trouvées pour voir si un gang à organiser l'événement, généralement non, mais il coince un dealer le met en détention. Affaire classé. Une fourmis en moins dans la fourmilière. Qui sera vite remplacé pour participer à un autre événement.

En gros, on est tranquille pour un moment. Le risque zéro n'existe pas, mais peu de chance, si on court assez vite, de se faire choper par un poulet.

Sauf Loki, lui il se ferait avoir à coup sûr avec sa jambe détraquée. Sauf si Michka le prend en mode sac à patate sur une de ses épaules plus larges qu'un frigo.  Efficace, mais ridicule. Enfin on parle de Mikael, il n'y a pas grand chose qui le perturbe. Heureusement le ridicule ne tue pas.

En jetant un coup d'œil derrière je vois Michka passer un savon à Sacha.

– Papa Mikael est de sortie, marmonnais-je.

– Quoi ?

Loki me regarde avec ses grands yeux bruns, cherchant à comprendre de quoi je parle. Une impression me prend et me comprime la poitrine. L'impression que son regard veut percer les secrets de mon âme.

– Rien qui te concerne. On t'a jamais appris à ne pas dévisager les gens ?

Ma remarque semble l'ébranler, il ne répond rien et recentre son attention sur le circuit, penaud. La rougeur sur ses oreilles indique très clairement sa gêne. Ce petit jeu commence à me courir. Même si mon cerveau a décidé de ne plus se concentrer sur lui, mon cœur et mon corps eux sont d'un autre avis, rendant la situation pas claire, pour lui comme pour moi.

Et avec mon coup raté de ce soir, on va pas aller loin. Un rapide coup d'œil à la foule me permet d'identifier deux trois habitués des courses, ceux qui ne font partie d'aucun gang, encore moins de clan, mais qui aime traîner dans les bas fond soit pour consommer, soit pour parier, soit pour l'adrénaline des lieux. Je repère une tête connue.

– Je vais faire un tour, on discute plus tard.

Il n'a pas le temps de me répondre que je suis déjà parti.

Mike est un gars que j'ai rencontré après le lycée. Il était stagiaire à l'hôpital lorsque j'y était à la  suite des blessures de ma mise à mort. Huit ans déjà, maintenant il est infirmier. Mais cet été-là je l'ai convertie aux courses automobile, et à quelques activités qu'on peut faire sans vêtements.

C'est un gars sympa, avec qui on peut s'amuser, le seul hic... Il s'attache. Mais ce soir j'ai besoin de simplicité. Et toute cette soirée n'est que problème par-dessus problème. Le plan est facile, après la course je laisse Mike me tirer chez lui, on profite un peu, je me tire quand on fini et je mets son numéro en sourdine pendant quelque temps.

Je sais que je joue en partie avec ses sentiments, mais je refuse de recommencer à m'engager. J'ai essayé une fois, avec un blond aux yeux noisettes, durant le lycée. Au départ entre lui est moi ce n'était que du sexe, puis c'est devenue de l'amitié. J'aurais voulu plus, ça aurait pu être plus. Mais les événements de cet été ont fait que l'amour naissant que j'avais pour Scott s'est transformé en une haine dont je n'arrive pas à me défaire. Le jeune homme de 18 ans blessé et perdu qui reste là quelque part n'a pas la force, ni le courage de pardonner et encore moins de s'excuser. Ni lui, ni moi. Et à quoi bon, aujourd'hui Scott me déteste pour les choix que j'ai fait. C'est peut-être mieux ainsi.

Je ne veux pas vivre la même chose avec Mike, me faire du mal, et lui en faire. Non pas qu'il ne soit pas blessé par mon comportement, mais disons qu'on en profite tous les deux. Si ça va plus loin, il y perdra des plumes. Je ne veux pas non plus infliger un nouveau malheur à Loki...

Bien malgré moi je dois avouer que le gars en a peut-être plus baver que moi dans la vie. Et j'ai beau être un connard, il ne faut pas non plus pousser trop loin. Me rapprocher de lui pourrait réveiller chez moi des blessures fermées depuis longtemps. Mieux vaut se protéger tous les deux.

En plus a faire des spéculations, j'ai aucune certitude qu'il soit gay, ou bi, et qu'il soit attiré sexuellement par ma personne. Il est tout à fait possible qu'il cherche à devenir mon ami. Mais il n'a pas le cœur suffisamment accroché, et je ne donne pas ma confiance à n'importe qui, pas comme les trois abrutis qui me servent de potes.

Pourtant ce soir je vais lui mettre ma vie entre les mains.

Mike est sans surprise content de me voir, est totalement partant pour fêter ma victoire, ou me consoler en cas de perte, chez lui. J'aurai au moins une partie de jambe en l'air satisfaisante ce soir. 

Je retrouve Loki, là où je l'avais laissé, encadré par Michka et Sacha. Il est toujours en train d'observer le circuit. Est-ce que comme moi, il calcul le meilleur itinéraire, pour limiter la casse, mais en assurant la victoire ? Enfin, pas question de victoire ici, mais de perdre intelligemment, du moins sans que ça ait l'air truquer pour notre adversaire et pour le public.

Le "tour de la mort"est fixé à cinq rotation autour du circuit. Ça va aller très vite. Pas le droit à la moindre erreur, que ce soit pour lui ou pour moi. L'enjeu est là, si il n'a pas le niveau, je n'aurai rien à faire pour gagner, si il est bon, il faudra allier technique et dextérité pour avoir le léger avantage de lui coller au cul pour que ma défaite ne soit pas humiliante.

La défaite sera humiliante dans tous les cas, puisque que d' un elle est fausse et de deux qui est heureux après une défaite.

Je dois bien admettre que je suis très mauvais perdant, mais dans cette industrie, il faut savoir respecter ce qu'on attend de nous, sinon on perd bien plus que sa dignité. Les sommes qui tombent sur mon compte grâce à ces courses me permettent de vivre confortablement, et sans avoir à cumuler plusieurs jobs à côté. Mon filet de sécurité c'est mon mi-temps au garage Grant, mais je m'y pointe un peu quand je veux.

Soyons réalistes trente secondes, Sam nous paye au-delà de ce qu'il faut pour les jobs qu'on fait pour elle. Mais je ne vais pas m'en plaindre.

Je ne sais pas quelles sont les conditions de l'accord entre Sam et Mark, mais Loki bosse beaucoup trop pour le salaire qu'elle lui donne. Alexeï a parlé d'un truc dans les deux milles dollars, mais Loki est au garage du lundi au dimanche, de l'ouverture à la fermeture. A son age on est pas censé être à la fac ?

L'agitation commence à prendre la foule, pour cause mon adversaire arrive. Si je suis arrivé discrètement, n'appréciant pas les hurlements en délire, lui ne se gêne pas pour augmenter la musique et arrivé dans un jeu son et lumière. Ok, monsieur aime se la jouer. Mais espérons que ce ne soit pas que d' la gueule, si je le rétame en deux deux Sam va me passer un savon parce que son super plan tombe à l'eau. Loki aussi doit être dans le style sadique. Faire en sorte que ce guignole continue dans son délire pour ensuite le traîner plus bas que terre dans moins d'un mois, c'est vicieux.

– Tu l'avais déjà vu ?

Il se tourne vers moi, m'interrogeant du regard pour savoir si c'est à lui que je parle. Je relève mes sourcilles, lui indiquant que j'attend une réponse.

– Non, mais c'est presque trop facile.

Ouais un sadique.


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A suivre... 

Russian love - NickolasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant