Partie 19 - Nick

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Je ne sais pas ce que je fabrique avec Loki, littéralement je fais n'importe quoi. J'ai merdé, j'ai craqué. Il m'a balancé mes quatre vérités à la figure et j'ai pas voulu m'avouer vaincu, résultat des courses je ne sais pas comment interagir avec lui. Trois jours et c'est déjà le bordel.

On a repris le boulot hier et lorsqu'il est venu me saluer j'ai rien trouvé de mieux que de l'ignorer. Repartir à zéro, mon cul oui. Mais qu'est ce qui m'a pris. Je ne vais jamais y arriver. Résultat des courses il sait refermé sur lui même après le vent que je lui ai mis. Il ne parle à personne, est revenu dans un espèce de mutisme maladif, ne fait que ce qu'on lui demande, n'interagit visuellement avec personne. Pour le coup nous voilà réellement repartie à zéro, avec le Loki d'octobre.

J'ai merdé, j'en suis conscient. Mais deux jours, c'est tellement peu et en même temps énormément de temps pour que le cerveau fasse des scénario bidon.

Peut-être pas si bidon, au vu de comment je me suis comporté avec lui. N'importe qui jetterait l'éponge face à quelqu'un comme moi.

Je lui ai demandé une seconde chance, et j'ai bien vu qu'il avait des problèmes de communication, plutôt de sociabilisation. Il a dû faire un effort considérable pour s'adapter ici, et je ne parle même pas du courage qu'il a dû mobilisé pour venir me saluer. Et j'ai fais tout ce que j'avais pas à faire pour réduire tout semblant de progrès à ses yeux.

Deux jours sans le voir, c'est pas énorme, mais c'est suffisamment de temps pour que le cerveau se fasse des films et que les sentiments s'en mêlent. Je ne peux pas savoir ce qu'il lui est passé par la tête, sur quels événements il se base entre nous pour construire son image qu'il a de moi. Sur le mec bourru qui lui a fait peur au point qu'il tombe dans les vapes ? Sur celui qui l'a laissé dormir dans son lit, lui a préparé un petit déj' et l'a laissé gentiment prendre une douche chez lui ? Celui qui lui a passé un interrogatoire digne d'un mauvais flic de série télé ? Celui avec qui il s'est éclaté toute une après-midi dans une salle d'arcade ? Ou encore celui dépeint par les rumeurs, et son meilleur pote, le mec qui s'envoie en l'air avec tous les mecs ouverts de New York et qui pète des gueules à la sortie des bars. Le mec qui a un égo surdimensionné parce qu'il adore gagner des courses illégales dans les hangars ou sur les docks.

Toutes ces questions sans réponse me cassent les burnes. Encore une fois.

Mais si j'arrête de réfléchir deux secondes, des images que je voudrais pas voir se glissent devant mes paupières.

Ses yeux qui ont croisé les miens cette nuit là au hangar, ce regard intense chez Mark, la peau de mon avant bras contre celle de son cou, sa poitrine qui monte et descend lorsqu'il dort, la sensation de son corps contre le mien, la vue que j'ai eu sur son flanc et son postérieur dans ma salle de bain, les regards méfiants qu'il m'a lancé au cours de ces dernière semaines, son air émerveiller au café et son rire à la salle d'arcade.

Je sais bien à quoi ça ressemble si je veux mettre un mot dessus. Mais je ne veux pas.

Mon arrivée au garage ne passe pas inaperçue comme je l'avais espéré, les gars me regardent de travers depuis hier. Je sais qu'ils me tiennent pour responsable de l'air morose du petit dernier. Pas besoin de me le rappeler.

J'ai à peine pu approcher une voiture que Alexei hurle depuis la mezzanine. Le garage Grant à beau être un garage, on a un bâtiment industriel retaper avec un étage, où se trouve salle de repos, des vestiaires avec douche, un placard avec une machine à laver et un sèche linge (les femmes des gars sont bien contente qu'ils ne ramènent pas leurs linges sales chez eux), et le bureau du chef...

– Nick, Loki venaient me voir.

Génial... Manquait plus que ça.

On arrive au même moment en bas des escaliers. Il me lance un regard de côté, s'attendant à ce que je monte en premier. Il s'apprête même à se décaler et me laisser passer. Quel gentleman...

Je ne donne pas l'occasion et d'un geste de la main lui indique de monter avant moi. Ce qu'il fait sans rechigner. Mais ce n'était pas une bonne idée. J'ai vu sur son dos, de ses épaules larges mais pas imposantes, à sa taille fine, et la façon dont sa salopette de travail moule son fessier de façon légère. Ça y est je déraille complètement. J'aurai du passer devant, et supporter le point de son regard sur ma nuque.

Le bureau d'Alexei n'est pas très élaboré, pourtant la personne qui la fait aménager est férue d'objet design en tout genre. Elle d'ailleurs assise dans le fauteuil en cuire derrière le bureau en métal noir, où traine quelque papier, facture et devis avec quelque trace d'huile de moteur.

Samantha Grant se tient ici comme si elle était dans son propre bureau, ce qui n'est pas faux, et en même temps pas complètement vrai. Le fond de commerce lui appartient mais l'acte de propriété du bâtiment est au nom de son fils. Mais Ivan est en prison alors bon...

Sam nous demande de prendre place. Ce que nous faisons. Alexei reste debout dans l'arrière de la petite pièce. Elle est s'en doute ici pour préparer la course de ce soir, nous donner les dernières directives et me révéler le nom de notre adversaire. Bien que j'ai l'habitude de courir contre les membres des Moorse, il s'avers que quelquefois des challengers d'autre clan lancent des défis.

Faible espoir de réussir à s'imposer dans la partie.

New York, ou du moins ses bas fonds, à toujours était dirigé par quatre clans. Chaque clan fait un peu ce qu'ils veulent. Dans l'ensemble, il y a des gangs, les gangs sont sous la direction d'un patron et de ses hommes, Ces alliances forment un clan.

Chaque Clan porte le nom de celui qui est à sa tête : Grant, Moorse, Fernandes, Pavlov.

Fernandes s'est fait arrêter il y a quelques années et les gangs sous sa coupe sont devenus indépendants, plutôt dire anarchique, et se font démonter par les flics un à un. En plus de gérer le plus gros trafic d'opiacé de la petite pomme, il détourna les fonds de son entreprise pour son profil personnel. Lorsque l'affaire de détournement de fonds à éclater au grand jour, très vite les fonds illégales sont apparus. Et hop, un de moins dans la partie de poker.

Pavlov, on ne sait pas grand-chose de lui, et même s' il est russe, il reste très discret, chez lui personne ne participe à la course. La seule chose certaine est qu'il travaille étroitement avec la mafia. Il serait leur pont international en quelque sorte. Sam le déteste, ce n'est pas vraiment étonnant au vu de son passé.

La situation actuelle de la Russie n'aide pas, mais la plupart des Grant -ayant une origine russe- sont en contradiction avec leur pays natal. Au-delà de la situation politique qu'ils ou elles ont fuis, la mafia a fait beaucoup de dégâts. Pour la plupart nous sommes des rescapés. Moi et ma mère en faisons partie malheureusement. Ou heureusement, je ne sais pas trop, Sam et Edwin Grant nous ont sauvé, j'ai eu une meilleure vie, mais est ce que j'y gagne au change. Ma mère nous a quittés il y a douze ans maintenant. Je ne suis pas certain que rester en Russie lui aurait sauvé la vie. Elle l'aurait peut-être même perdu plutôt.

Devant nous Sam s'éclaircit la voix et lisse le plat du bureau avec ses paumes de mains. Mon esprit à quelque peu divaguer. Un soupir plus tard, elle prend enfin la parole.

– La course de ce soir est assez particulière. 

Russian love - NickolasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant