Si je fais la tête à Mark après son comportement de l'autre jour avec Nickolas, je peux m'empêcher de me sentir privilégier. Il côtoie tous ces jeunes depuis qu'ils sont tout petits, mais ce n'est pas la même relation qu'il entretient avec eux. J'en ai vu des adolescents déambuler dans ce garage. Des enfants perdus des quartiers, des enfants isolés, des enfants maltraités, des enfants victimes. Mark a su les reconstruire, il aurait été un père formidable.
Pour l'instant je suis dans l'attente, mon travail au bars ne me permet que de payer mon loyer. J'ai laissé mes économies à Marty. La dette que je lui dois diminue de jours en jours, je ne sais pas quand mon ardoise sera vide. Mais j'ai hâte que ce jour arrive. Le jour où je ne devrai plus rien à personne.
Comme je ne fais rien de mes journées, et que mon appartement me semble trop petit, je suis sorti. Mes pas m'ont mécaniquement ramenés à la faculté de New York. Je devais être dans un autre monde, la fac est à plus d'une heure à pied de chez moi. NYU n'était pas le grand rêve de ma vie mais c'était tout ce que je pouvais m'offrire.
Quitte à être là autant aller récupérer mes travaux et signer ma démission. Sur le papier ils m'ont viré, mais je ne vais pas chipoter. L'administration m'a déjà coupé ma bourse à la fin de ma deuxième année. J'ai continué comme je pouvais à me rendre en cours, en fonction de mon emploi du temps. Quand je regarde les personnes de mon âge déambuler dans les couloirs ils m'ont l'air tellement insouciant. Je ne sais pas ce que j'ai raté pour ne pas avoir cette vie là.
– Monsieur Fox ?
Je me retrouve pour me trouver face à un de mes professeurs de sciences. Monsieur Mc Grive, professeur de science informatique. Un homme d'une quarantaine d'années qui assurait nos travaux pratiques.
– Bonjour Professeur.
– Je t'ai pas vu en cours depuis 2 semaines, ça fait plaisir de te voir ! Je m'inquiétais de ne pas avoir de nouvelles. Et ton compte rendu ? Je ne l'ai pas reçu. Envoie le moi avant la fin de cette semaine, je passerai pour cette fois.
Il me donne une tape sur l'épaule avant de partir, sûrement pour sa prochaine conférence. Monsieur Mc Grive ne verra jamais la couleur de ce compte rendu et pour cause, je n'ai pas pu rattraper le TP, et je n'ai pas eu le courage de demander les notes de quelqu'un. De tout façon c'est fini, il me restait cette année pour valider mon master. Nous sommes mi-octobre... Je ne pourrais pas tenter de passer les épreuves en candidat libre au mois de juin. Je n'ai pas les cours, et pas les moyens de me les fournir.
Une fois que j'ai récupéré mes travaux ainsi que mes certificats de validations des semestres précédents je quitte le lieux avec des regrets. Le Loki de demain ne sera pas ce qu'il espère.
Je ne crois pas que j'ai été un jour celui qu'on a espéré. Ma mère ne m'attendait pas, mon père ne voulait pas de moi, et je n'ai jamais trouvé ma place dans le monde.
L'air frais me fait un bien fou. Une renaissance nouvelle peut-être. Un nouveau moi va renaître de ces difficultés. Un Loki qui aura plus de courage et moins de traumatisme.
En arrivant devant la maison des Crockwood, je réalise que j'étais là il y a une semaine. Dormir dans les draps de mon adolescence m'a fait plus de bien que je ne veut l'avouer. Mais je ne suis pas venu pour entrer aujourd'hui, mais pour laisser une enveloppe dans la boîte aux lettres et un tupperware sur le pas de la porte.
Lorsque j'arrive devant celle-ci, elle s'ouvre en grand sur Marta.
– Je croyais t'avoir dit d'arrêter avec tes manies. gronde-t-elle.
Je la salue d'un geste de tête, lui pose la boîte en plastique usée dans les mains, et fait demi-tour. Mais c'est sans compter sur les réflexes de Madame Crockwood qui me tire par le bras à l'intérieur de la maison.
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Russian love - Nickolas
RomanceNickolas Yelsky, mystérieux et insaisissable, est un membre respecter d'un des Clans les plus influant de New York. Avec sa réputation de mauvais garçon et son visage impassible, il semble être un homme que personne n'ose approcher. Pourtant, derriè...