Recueil de OS et de courtes histoires One Piece

Le monstre

- Oyaji ! Navire en approche ! hurla Haruta depuis le nid de pie sur lequel il était perché.

- Quel drapeau, mon garçon ? demanda le capitaine.

- Akagami Shanks !

Vista grommela dans sa moustache en entendant la nouvelle. Personne n'était d'humeur à recevoir le pirate trop joyeux, bourré et chercheur de problèmes. Hélas, Barbe Blanche autorisa la visite du yonko avec un visage grave. Aidé d'Izou et de Blamenco, Vista fit descendre tous ses frères et sœurs sous le pont afin de les protéger d'un quelconque conflit qui pourrait se produire. Seuls restèrent les commandants contre les rambardes. Shanks demanda la permission de monter à bord d'une voix si sérieuse que Vista ne la reconnut pas au premier abord. Le pirate s'avança sans libérer une seule vague de haki des rois. Quelque chose n'allait définitivement pas s'il se montrait aussi peu insolent.

- Tu crois qu'il vient enfin réclamer la tête d'oyaji ? interrogea Curiel dans un murmure à peine perceptible.

- Il ne pourra pas gagner, répondit Vista tout aussi doucement.

Les deux commandants se turent quand ils aperçurent le regard agacé de leur grand frère Marco. Shanks ne s'assit pas comme il le faisait habituellement. Il n'avait même pas apporté de sake pour l'homme le plus fort du monde.

- J'ai besoin de ton aide, dit-il sans ambages une fois que le silence se fut trop alourdi pour être confortable.

Izou lança un regard à Marco. Que se passait-il, au nom de Davy Jones ? Jamais le jeune yonko qui avait fait partie de l'équipage du roi des pirates ne se serait abaissé à demander de l'aide à un vieux rival. Soudain beaucoup plus sérieux, les commandants se redressèrent et se préparèrent à ce que quelque chose d'horrible se produise.

- En quoi un gamin insolent comme toi pourrait avoir besoin de mon aide ? interrogea Barbe Blanche.

- Teach s'en est pris à un membre de mon équipage, révéla Shanks.

La colère bouillonnait sous son visage à l'air impassible. Cela se voyait dans ses yeux. Les commandants n'étaient pas en reste. Teach les avait trahis un mois plus tôt en volant un fruit du démon et en laissant l'un de leurs frères presque mort. Heureusement, grâce à un miracle de la mer et à la persévérance de Tatch, le cuisinier avait réussi à survivre. Il était encore en convalescence à l'infirmerie, raison pour laquelle il ne se trouvait pas sur le pont avec eux.

- Je ne peux pas le pourchasser. Son fruit est trop puissant pour un vieil homme tel que moi.

- Je vais le tuer, annonça Shanks comme si l'autre capitaine n'avait rien dit. Mais mon fi- le membre de l'équipage qui a été attaqué est trop faible. J'aimerais le laisser sur le Moby Dick le temps que je traque Teach.

- Je ne peux pas laisser un pirate ennemi autour de ma famille, répondit Barbe Blanche. Désolé gamin, tu devras te débrouiller tout seul.

Shanks ouvrit la bouche pour essayer de négocier quand un cri aigu à fendre l'âme se répercuta dans l'air. Immédiatement, le pirate aux cheveux rouges se détourna de Barbe Blanche en montrant son dos, ce qu'il n'aurait jamais fait en temps normal. Il courut sur son bateau sans se soucier de son apparence mystérieuse qu'il aimait conserver. Barbe Blanche fronça les sourcils, intrigué et inquiet à la fois. Un autre cri se fit entendre, quoique moins puissant que le précédent. Ce fut un Shanks désespéré qui revint sur le pont du Moby Dick en tenant dans son bras valide un garçon d'environ sept ans. Celui-ci avait les larmes aux yeux et avait clairement besoin de se moucher. Ce n'était pas cela le plus choquant. Il était couvert de bandages des pieds au cou sans laisser un seul centimètre de peau à l'air libre. Le sang tâchait les pansements pourtant neufs. Il était terrifié si l'on se fiait à ses tremblements et à son regard. Le reste des pirates de Shanks se trouvaient derrière lui, les épaules baissées.