Douce Folie Meurtrière [ Sous contrat d'édition chez Black Ink ]

Chapitre 34

" Le diable est affaibli par un ange ensanglanté tombé du ciel. "

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"Tu mettrais une huître à bout de nerfs !"

Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles

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DAMON,

— Home sweet home ma faucheuse. Me souffle mon ombre tandis que je ferme les portes pour quitter le manoir.

À peine sorti de ma crise psychotique, j'ai repris mes esprits pour rentrer à la maison. Quitter les limbes de mon aliénation n'a pas été aisé. Il faut dire qu'elles sont accueillantes, savoureuses de Bubble Tea servi en bonne compagnie.

Mais si ma psyché s'est nourrie, mon corps lui, crie famine. Abreuvé d'eau croupie et de thé imaginaire, je me sens quelque peu fébrile.

Regard acier, moue suppliante, traits angéliques, lèvres roses et sucrées.

Au volant de ma Porsche, mon cœur s'emballe. De désir ? De colère ? Je l'ignore et j'exècre cette indécision.

Sa destinée est toute tracée, sa condamnation prononcée, je ne laisserai ni faiblesse, ni sentiments, flouer mon jugement. Je suis le Diable, juge, juré et bourreau, nul ne peut me faire renoncer.

Une semaine. Jamais une crise n'a duré aussi longtemps et ne m'a fait sombrer aussi profondément. 

Je n'avais pas remis les pieds dans ma prison aux murs blancs depuis des années. Cette ancienne clinique que Moriarty a adaptée en centre d'apprentissage pour Faucheuses débutantes. 

Je l'ai rachetée, barricadée, pour que plus jamais cet endroit ne soit exploité.

— Nous y avons passé nos meilleurs moments Damon ! Rouspète mon bourreau.

Les doigts crispés sur le volant, je tente d'occulter l'ombre à mes côtés. Tel un poison, Monsieur M se répand dans mon esprit, mes veines et musèle mon araignée. 

Ma venimeuse n'est plus. 

Comme empoisonnée, elle est amorphe, meurtrie et lacérée par mon tortionnaire. 

Si leur entente n'a jamais été au beau fixe, la guerre semble avoir été déclarée. Une querelle que mon ombre semble avoir gagnée. 

Traître que je suis, je tente de réanimer ma tégénaire en l'asticotant, titillant sa toile détendue et fragile, en vain.

Léthargique, elle ne grouille plus, ne tisse plus, n'enfonce plus ses crocs acérés dans ma psyché.

  Ô ma douce folie meurtrière, que t'a-t-il donc fait ?