Chapitre 8

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"Douce innocence, divertis ma folie je te prie."

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"S'il est impossible de ne pas penser à quelque chose,

il reste encore possible de penser à autre chose."

Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles

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DAMON,

Bien que je sois un être pourvu d'intelligence et d'un esprit sensé parfaitement calibré, j'ai des jours avec et des jours sans. Ce que j'exècre au plus haut point. Être torturé par ma psyché m'est insupportable.

Cette araignée qui fourmille dans mon esprit, y loge et tisse sa toile à sa guise, reste tout de même prisonnière de ma volonté. Elle pense m'avilir et je me plais à la laisser le croire. Cependant, cette arachnide funeste arrive parfois à s'échapper de sa captivité.

Mes paupières closes, je tente de rejeter, oublier les souvenirs pernicieux qu'elle s'amuse à titiller. Un masque, un visage, les deux. Peu importe, c'est sa voix qui m'aliène. Ce timbre grave et couroussé, parfois traînant selon ses humeurs, est impossible à oublier.

Cette intonation qui a bercé mon enfance, l'a pervertie, contrôlée et assujettie pour faire de moi ce que je suis. En est-elle réellement responsable ?

La folie n'est-elle pas innée ? Inscrite dans un code génétique dont j'ignore tout et qui n'a pas la moindre importance ? Ou peut-elle être insufflée dans un esprit innocent ?

Innocents que nous sommes tous à la naissance. Complètement vierges et dépourvus de lubricité et d'appétit meurtrier. Du moins, n'avons nous jamais vu un nourrisson faire preuve de soif de sang, ou alors, il ne possédait pas les capacités physiques ou intellectuelles pour s'exprimer ?

Je m'égare.

C'est souvent le cas quand ma douce compagne à huit pattes s'évade de son cachot. Toujours plongé dans l'obscurité de mes yeux fermés face à la baie vitrée donnant sur mon labyrinthe, les mains dans le dos et les muscles raides, je tente d'apaiser mon esprit, bien décidé à me torturer aujourd'hui.

Une pièce blanche, dépourvue de mobilier. Virginale et froide, cette pièce est celle qui m'a vu grandir, m'épanouir, souffrir et torturer jusqu'à ce que la mort vienne les libérer.

Ces pauvres âmes, pensais-je quand j'étais enfant. Aujourd'hui, je ne les plains plus. Je ne les abhorre aucunement, nonobstant, je ne les apitoie guère. La pitié m'a délaissé depuis des années.

Douce Folie Meurtrière [ Sous contrat d'édition chez Black Ink ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant