Chapitre 25

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Les gouttes de pluie qui s'éclatent sur mon visage me tirent du sommeil. J'ouvre doucement les yeux et vois que le jour s'est levé, même si le soleil reste absent, caché derrière de sombres nuages. Mon regard descend à l'endroit vide où aurait dû se trouver Sayon, puis se tourne vers mon frère toujours endormi malgré les timides gouttelettes qui tombent sur sa peau. Rien ne semble pouvoir troubler sa respiration apaisée.

Je me décide enfin à bouger, prenant conscience qu'il me faut rapidement ranger nos affaires avant qu'elles ne soient trempées. Les membres et la tête encore engourdis par le sommeil, je range mes affaires dans mon sac puis réveille doucement mon frère.

– Qui a-t-il ? me demande-t-il de sa voix endormie.

– Il pleut. Ta couverture va être trempée.

D'un coup, comme s'il était réveillé depuis des heures, il se lève et range précipitamment sa couverture.

– Tu n'avais pas besoin d'autant te dépêcher, tu sais, je lui dis en rigolant.

– Bah si, sinon ça va être trempé pour la prochaine nuit.

On n'était pas à quelques secondes près mais je ne lui dis pas et admire cette capacité qu'ont les enfants à se mettre debout dès le réveil.

– Où est Sayon ? demande Sam.

– Aucune idée. Je viens aussi de me réveiller.

– Il n'est pas parti sans nous quand même ?

Je ne vois pas pour quelle raison il l'aurait fait, mais je me surprends à ressentir la même inquiétude. Heureusement, l'instant d'après je vois son sac à proximité des restes du feu de camp.

– Ses affaires sont toujours là, il va revenir, ne t'inquiètes pas.

Un hennissement me répond et je me retourne pour voir que Konrad est toujours là, accompagné du destrier de Sayon.

– Son cheval aussi est encore là, dit Sam.

– Tu vois ? Pas besoin de s'inquiéter.

– Toi aussi tu t'es inquiétée quand j'ai demandé s'il était parti.

Comme quoi, il ne faut pas croire, les enfants sont perspicaces. Ne pas croire quoi d'ailleurs ? Il n'y a que ceux qui se voilent la face – ou qui sont trop vieux pour s'en rappeler – qui pensent les enfants trop bêtes pour nous comprendre.

– J'ai faim.

Le gargouillis de mon ventre répond à ma place, nous arrachant un éclat de rire.

– Je vois qu'on s'amuse bien ici ! s'exclame Sayon.

On sursaute alors qu'il surgit derrière nous.

– Désolé, je ne voulais pas vous faire peur.

– J'espère que tu as ramené de quoi manger pour te faire pardonner, je le taquine en retour.

– S'il n'y a que ça pour me faire pardonner...

Il dépose à terre un sac rempli de plantes, légumes et fruits de toutes sortes.

– Tu connais toutes les plantes mangeables de la forêt ? s'exclame Sam, ébahi.

– Toutes ? Ah ah non je ne pense pas, mais bien assez pour nous trouver de quoi nous nourrir.

– C'est génial ! Mais... comment on va faire pour cuire le repas ? Il pleut.

– Il suffit de manger ce qui n'a pas besoin d'être cuit !

Et il joint les gestes à la parole en nous lançant chacun une pomme. J'attrape la mienne avec facilité alors que Sam la fait lamentablement tomber par terre après plusieurs tentatives foireuses de rattrapage.

DamnationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant