Chapitre 38

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Je reviens à moi et ouvre doucement les yeux. Une vague de panique m'emplit lorsqu'aucune lumière ne transparaît. L'impact a-t-il pu me priver de ce sens ? Je refuse d'y croire et cherche partout autour de moi une lumière, une seule. Rien d'autre n'a d'importance. Et enfin je la trouve. Un mince filet lumineux démontre que je n'ai pas perdu la vue. Je suis juste plongée dans le noir. Je n'aurais pas cru que je pouvais en être réconfortée.

La panique passée, je me concentre sur le reste de mon corps et sens les tiraillements dans mes bras et mes jambes. Plus que ça même, mes poignets se font de plus en plus douloureux. Je suis attachée en croix avec des cordes. La position m'est familière, Sayon avait la même. Le souvenir de lui accroché et mourant me donne un haut le cœur.

N'ayant rien à observer, je me concentre sur mes autres sens pour essayer d'analyser la situation, tentant de faire fi du mal de crâne qui me pourfend la tempe. Je sens toujours mes vêtements, bonne nouvelle, et surtout ma gemme se trouve toujours autour de mon cou. Il fait froid. Et je sens l'humidité de la pièce, tout comme j'entends des petits bruits caractéristiques de gouttes qui tombent au sol. Je me trouve vraisemblablement en sous-sol.

Un hurlement inhumain retentit au loin et me donne un frisson. Deux autres cris moins puissants retentissent, puis un troisième. Des exclamations humaines. Un cri de douleur non humain. Et le silence revient, ponctué par instants de gémissements qui déchirent mon cœur tant je peux y ressentir la souffrance et la peur.

Des bruits de pas se dirigent dans ma direction. Les lueurs de deux torches éclairent peu à peu ce que j'avais bien anticipé comme étant une grotte. La faible lumière qui m'avait rassurée provient d'une ouverture dans le plafond. Je me trouve au centre d'une salle creusée dans la roche et quelques cellules m'entourent. Face à moi, un tunnel et, sur ma droite, l'endroit d'où arrivent les humains. J'aperçois sur une table du matériel de toute sorte que je ne parviens pas à identifier, même si globalement leur usage ne semble pas consacré à quelque chose d'agréable.

– Notre Reine est enfin réveillée !

– Allons prévenir Monsieur Lorem, il va être ravi.

– Je te laisse t'en occuper, je me charge de surveiller notre invitée.

Le premier emprunte le tunnel en face de moi tandis que le second se positionne face à moi. Un vieil homme grisonnant à l'allure loin d'être soignée. Son odeur vient confirmer que ça fait bien longtemps qu'il ne se soucie plus de son hygiène. Ses vêtements sont tellement déchirés de partout que je me demande sincèrement comment ils peuvent encore tenir.

– Ne t'inquiètes pas, je vais très bien m'occuper de toi.

Ses yeux pervers exorbités détaillent mon corps avec avidité et je regrette de ne pas pouvoir lui asséner un coup de poing bien senti.

– Il m'a dit que je pouvais faire ce que je voulais de toi alors... j'ai bien une petite idée.

Il commence à retirer la chose qui lui sert de vêtement et je ferme les yeux pour ne pas voir ce qui en sort. Je comptais sur une éventuelle interdiction qu'il pourrait avoir de me toucher, mais visiblement il a quartier libre sur ma personne. Là, c'est le moment où j'aimerais que le pouvoir de ma gemme se manifeste, mais elle reste éteinte.

Je sens les mains fripées du vieil homme caresser ma peau et c'est une brûlure de dégoût que je ressens au contact. Un hurlement se forme dans ma gorge mais je me sens si oppressé que le son reste bloqué. Les mains descendent au niveau de mes seins et je me recroqueville comme je peux sur moi même, comme si ça allait changer quoi que ce soit à la situation. Ses mains descendent encore et ne vont pas tarder à atteindre mon intimité, l'endroit que je n'ai aucune envie que qui que ce soit explore. Pour le moment en tout cas, et jamais par une personne pareille.

DamnationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant