J'enjambe la balustrade en pierre pour descendre au niveau inférieur, et me réceptionne sur mon pied non blessé. Un flash de douleur me parcourt le corps.
Une puanteur familière règne, et je découvre autour de moi plusieurs potences avec des corps décharnés qui pendent, sans vie. Comme dans le village. Sans surprise, je découvre qu'il leur manque tous un doigt. L'annulaire gauche.
– Alors vous saviez que j'étais là.
– Peu nombreux sont ceux capables de provoquer un éboulement sur leur passage. Comment as-tu échappé à mes créatures ?
– Vos créatures ? Ces monstres ?
– Monstres si tu veux, ils n'en restent pas moins mes créations.
– Vos horreurs sont mortes.
– Ne te moque pas de moi, aussi forte que tu puisses être, tu n'aurais pas pu les vaincre. Surtout pas seule.
– Et elles, auraient-elles été capables de se tuer les unes les autres ?
Je vois avec satisfaction le sourire de mon adversaire s'effacer.
– Un ours fracassé par un cheval puis achevé de mes mains, un cheval embroché par un cerf, la tête d'un cerf prisonnière d'un tunnel et tranchée de ma lame, et un sanglier précipité dans un puits. Voilà le destin funeste de vos créatures.
– Maudite Reine, es-tu bénie des Dieux, as-tu une force qui surpasse toute décence, ou es-tu dotée d'une chance aberrante ?
– Je ne peux me prévaloir du premier point, peut-être plutôt les deux suivants alors. Maintenant, libérez mon frère avant que je ne le fasse de force.
– Parce que tu crois pouvoir obtenir ce que tu désires par la force ?
– Après avoir vaincu quatre monstres oui, je pense pouvoir vaincre un homme.
À ma grande surprise, Monsieur Lorem éclate de rire.
– Je ne pense pas être un simple homme.
– La prétention n'a jamais sauvé personne.
Je sors mon arme et la pointe sur lui.
– Relâchez mon frère. Et vous avez intérêt à m'expliquer ce que signifie ce massacre.
Je désigne d'un signe les corps pendus.
– La menace ne te servira à rien. Je ne céderai pas. De la prétention, dis-tu...
Il contemple la paume de sa main avec un demi-sourire qui m'agace. Je frappe le sol de ma lame, faisant voler quelques éclats de roche.
– Cessons un peu cette agressivité, Alice. Parlons, parlons...
– Avec mon frère attaché là ? Et des cadavres qui nous entourent ? Je n'ai aucune envie de parler.
– C'est justement de ton frère dont je souhaite te parler. Pas un mot. Un seul. Tu peux être fière de lui, il est resté muet comme la tombe qui l'attend.
– Pas si c'est votre nom qui est gravé dessus.
– Je me doute qu'il n'avait aucune connaissance en matière de gemme, continue-t-il impassible, mais même votre destination. Même tout ce qui peut se rapporter à votre voyage. Rien. Pas un mot. Impressionnant. Moi qui le croyais faible...
– Il est bien plus fort que vous. Votre aveuglement vous rend faible.
– Peut-être. Peut-être, oui. L'aveuglement rend faible. Celui-là même qui t'a attirée ici, pour me faire l'honneur de ta présence. Avoir les réponses de ton frère n'aurait été qu'un plus, celle que j'attendais, Alice, c'était toi.
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Damnation
FantasyLe monde se meurt. Humains et bêtes, maudits, sombrent dans la haine et le peuple se révolte. Princesse du royaume, du haut de mes 15 ans, je pars à l'aventure pour faire face à une malédiction qui me dépasse et un peuple qui aurait dû être mien. To...