Chapitre 6 Alec

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Le cours enfin terminé, je restai à attendre Lola devant la salle. Elle émergea quelques minutes plus tard, bavarde comme à son habitude, en compagnie de Raven. Depuis que j'avais aperçu cette fille, quelque chose en elle m'intriguait profondément. Elle se tenait là, à côté de ma sœur, avec une réserve et un regard fuyant, comme si elle cachait un lourd secret. Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais un lien entre elle et le carnet que j'avais trouvé à l'aéroport.

Lola, toute à sa conversation, se lança dans un monologue sur les événements de la journée, ponctué de rires et d'exclamations. Raven, quant à elle, écoutait en silence, hochant la tête de temps à autre. Nous prîmes le chemin de retour ensemble, et pendant tout le trajet, Lola ne cessa de parler de sa nouvelle amie.

— Raven est vraiment sympa ! s'exclama Lola, un sourire éclatant aux lèvres. Elle vient de Paris, tu te rends compte ? Elle est venue ici pour ses études, mais elle est super discrète sur son passé. Je crois qu'elle aime garder certaines choses pour elle.

Je fronçai légèrement les sourcils, de plus en plus intrigué par cette énigmatique Raven. Paris… Cela collait avec les premières pages du carnet. Mais comment être sûr que c'était bien le sien ? Je sentais mon cœur battre plus vite, cette situation éveillait en moi un mélange de curiosité et de culpabilité.

— Lola, commençai-je après un moment d'hésitation, imagine que tu trouves un carnet. Tu as une intuition qu’il appartient à quelqu'un que tu viens de rencontrer, mais tu ne sais pas vraiment comment le vérifier. Tu ferais quoi ? Tu le lis, ou tu essaies de le rendre directement ?

Elle se tourna vers moi, les sourcils levés, son sourire trahissant une étincelle de malice.

— Oh, alors comme ça, tu as trouvé un carnet ? Intéressant... dit-elle en riant. Honnêtement, je pense que je le lirais, juste un peu. Pour essayer de deviner à qui il appartient, tu vois ? Ça pourrait donner des indices utiles pour retrouver la personne.

Je la regardai, un peu surpris. Lola avait une façon déconcertante de simplifier les choses. L’idée de lire dans ce carnet me paraissait à la fois tentante et intrusive. C'était une sorte de fenêtre sur l'âme de son propriétaire, et bien que j’aie l’impression de vouloir la connaître, une part de moi craignait de dépasser les limites.

Elle haussa les épaules, comme si c'était la chose la plus évidente du monde.

— Ben oui, ajouta-t-elle, comment tu veux savoir à qui il appartient sans au moins lire un peu ce qu'il y a dedans ?

Je détournai le regard, réfléchissant à sa suggestion. Elle avait peut-être raison, mais cela ressemblait trop à une violation de la vie privée. Pourtant, une part de moi ne pouvait s’empêcher de se demander si ce carnet contenait les réponses à toutes ces questions qui tournaient dans ma tête depuis que j’avais croisé Raven.

Quand nous arrivâmes à la maison, nous trouvâmes un mot de notre mère sur le comptoir de la cuisine. Elle nous informait qu’elle rentrerait tard ce soir. Lola lut rapidement le message, puis envoya un texto à maman pour la prévenir qu’elle sortirait. Apparemment, une soirée était organisée à l'université pour fêter la rentrée, et bien sûr, Lola était déjà partante.

— Ça te dit de venir ? demanda-t-elle, tout sourire.

— Je ne sais pas, je n'en ai pas vraiment envie, répondis-je, haussant les épaules.

Elle roula des yeux, amusée par mon manque d’enthousiasme. Elle sortit son téléphone et, en quelques secondes, je l’entendis convaincre Raven de se joindre à nous pour cette fameuse soirée. Sa voix joyeuse et insouciante contrastait tellement avec la gravité qui semblait émaner de Raven.

— Allez, s'il te plaît ! insistait-elle au téléphone. Juste une petite heure, tu verras, ce sera sympa. On ne te laissera pas seule, promis !

Je tendis l’oreille, curieux de savoir si Raven accepterait. Après une pause, je vis Lola sauter de joie.

— Yes ! Super, je passe te chercher alors, finit-elle par dire, visiblement ravie.

Mon cœur fit un bond. Raven avait accepté. L’idée de la revoir dans un cadre différent m’enthousiasmait soudainement. La soirée prenait une toute autre allure. Peut-être que j'aurais enfin l'occasion de lui parler plus longuement, et qui sait, de découvrir si elle était bien la propriétaire du carnet.

Lola me fixa avec un sourire en coin, ses yeux pétillant de malice.

— Alors, tu viens finalement ? lança-t-elle. Ou bien je raconte à maman que tu as trouvé un carnet et que tu comptes le lire pour percer les secrets des gens ?

Je la regardai, mi-agacé, mi-amusé. Lola avait ce talent pour tourner les choses à son avantage.

— D'accord, j'irai, répondis-je, faussement résigné. Mais pas longtemps.

— On verra ça, murmura-t-elle, déjà en train de monter les escaliers pour se préparer.

Une fois seul, je sortis le carnet de mon sac. Il me semblait plus lourd que d’habitude, comme s’il contenait un poids invisible, celui des pensées et des souvenirs de son propriétaire. Je caressai la couverture du bout des doigts, mon esprit hésitant entre la tentation de l’ouvrir et le respect de cette frontière invisible. Devais-je le lire, comme Lola l'avait suggéré ? Peut-être qu’il contenait des fragments de la vie de Raven, des morceaux de ce passé qu’elle semblait garder jalousement.

Mes pensées vagabondèrent. Je pouvais presque voir son visage, avec cet air mélancolique qui ne la quittait jamais vraiment. Elle portait un mystère, c’était indéniable, et je ressentais le besoin étrange de le découvrir. Mais à quel prix ? Me glisser dans l’intimité de ses pensées sans autorisation me paraissait à la fois excitant et dérangeant.

Je finis par glisser le carnet dans mon tiroir, fermant doucement le meuble comme pour sceller cette curiosité coupable. J’avais décidé d’attendre la soirée. Peut-être que les circonstances me donneraient l’occasion de lui parler, de lui poser des questions discrètes qui pourraient m'éclairer. Il fallait que je découvre la vérité, mais sans précipitation. La patience serait peut-être ma meilleure alliée ce soir.

En me levant pour me préparer, je sentis une étrange sérénité s’installer en moi. Je savais que quelque chose se passait, quelque chose d’important. Je pris une profonde inspiration, prêt à affronter cette soirée qui s’annonçait riche en révélations. Peut-être que ce soir, je trouverais enfin des réponses à mes questions. Peut-être que ce carnet n’était que le début d’un lien plus profond, une connexion inattendue avec une personne que je ne connaissais pas encore mais qui, en quelques heures, avait déjà pris une place dans mon esprit.

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