chapitre 41 Alec

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Alors que je regarde l'ambulance s'éloigner avec Raven, je me tiens encore sur place, incapable de détacher mes pensées de ce qui vient de se passer. J'ai encore l'image de son visage affaibli gravée dans ma mémoire, la manière dont elle a faibli dans mes bras, et ces derniers mots qu'elle m'a adressés. Maintenant qu'elle est en route pour l'hôpital, j'ai le temps de réfléchir, mais c'est à peine si je peux penser clairement. La peur, le soulagement, la fatigue – tout se mélange en moi, créant un tourbillon de sensations presque étourdissantes.

À mes côtés, Daniel échange des mots avec Markl, son ami du FBI, qui m'a donné quelques détails sur Nathan – ou Jack, peu importe comment on doit l'appeler maintenant.
- Nathan avait un dossier médical long comme le bras,  explique Marck.  Il souffrait de troubles mentaux graves, notamment de bipolarité et d'un sévère trouble dissociatif de l'identité.

Je hoche la tête, absorbant l'information. Ça explique beaucoup de choses, pourquoi il semblait littéralement changer de personne d'une seconde à l'autre. Mais même si j'éprouve une sorte de pitié pour lui, cette maladie ne justifie en rien ce qu'il a fait à Raven. Je ne peux pas lui pardonner ça. Les séquelles qu'il a laissées sur elle, la douleur qu'il lui a infligée... Rien ne peut excuser cela.

Daniel me tape sur l'épaule, m'arrachant à mes pensées.
- On devrait se rendre à l'hôpital, Alec. Ta mère et ta sœur sont sûrement déjà là.

Je prends une profonde inspiration et acquiesce, jetant un dernier regard en direction de l'entrepôt. Nathan – ou du moins ce qu'il reste de lui – est en train d'être mis dans une bâche par l'équipe médicale. Je n'arrive pas à me débarrasser d'une étrange sensation de finalité, comme si quelque chose en moi venait de se clore, mais je sais que ce n'est pas terminé tant que je ne sais pas si Raven va s'en sortir.

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Lorsque nous arrivons à l'hôpital, je repère tout de suite ma mère et ma sœur. Elles sont déjà là, m'attendant dans le hall avec des visages inquiets. Dès qu'elles me voient, elles viennent vers moi, et nous nous retrouvons tous les trois dans une étreinte réconfortante. Ma mère ne tarde pas à me réprimander, ses mains serrant mes épaules avec une force surprenante.

- Alec, mais qu'est-ce qui t'a pris de te jeter dans ce genre de situation ? Tu aurais pu te faire tuer !  s'exclame-t-elle, les larmes aux yeux.  Je comprends que tu tiennes à elle, mais tu dois penser à toi aussi.

Ma sœur Lola, elle, me donne un léger coup dans l'épaule.
- Ouais, c'était vraiment stupide, Alec. Tu sais bien que maman et moi, on ne pourrait pas survivre sans toi.  Elle me regarde, et même si ses paroles sont teintées de reproches, je vois dans ses yeux toute la tendresse et l'inquiétude qu'elle éprouve pour moi.

Je soupire, serrant leur étreinte, avant de leur répondre.
- Je suis désolé. Mais je ne pouvais pas rester sans rien faire. Pas quand Raven avait besoin de moi.

Ma mère secoue la tête, résignée.
- C'est ce qui m'inquiète chez toi, Alec. Tu es prêt à tout pour les autres, même si cela signifie te mettre en danger.

Nous sommes interrompus par un petit garçon qui fonce vers moi : Victor, le cousin de Raven. Je l'attrape au vol et le serre dans mes bras. Il a l'air inquiet, ses yeux grands ouverts comme s'il cherchait des réponses.
- Alec, Voldemort est là,  me dit-il d'un ton sérieux.

Je fronce les sourcils, surpris.
- Voldemort ? Qui est Voldemort, Victor ?

Mary, la tante de Raven, s'approche de nous et lui lance un regard désapprobateur.
- Victor ! Ce n'est pas très gentil, ça.  Elle se tourne vers moi, un sourire un peu gêné sur le visage.  C'est le surnom que Victor a donné au père de Raven. Il est... comment dire... chauve et assez intimidant, alors...

Un éclat de rire échappe à Daniel, et je ne peux m'empêcher de sourire aussi. Même dans ce moment de tension, cette petite anecdote apporte une touche de légèreté bienvenue. Toute l'assemblée rit un peu, et je sens que cela nous fait du bien à tous, comme si ce simple rire allégerait, ne serait-ce qu'un peu, la lourdeur de la situation.

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Après un moment, nous sommes dirigés vers une salle d'attente. J'observe l'homme chauve en costume noir que Victor a surnommé Voldemort, assis un peu plus loin avec une femme à la peau mate et aux cheveux bouclés. Je comprends immédiatement qu'il s'agit des parents de Raven. Je me sens un peu nerveux, ne sachant pas trop comment aborder la situation. Alors que je m'apprête à me présenter, l'homme se lève et se dirige vers nous. Il serre fermement la main de Daniel.

- Merci d'avoir retrouvé notre fille,  dit-il d'une voix grave, marquée par l'émotion.
Nous... nous vous devons tellement.

Son regard se pose ensuite sur moi, et je sens un frisson me parcourir. Ses yeux sont durs, pleins de tristesse et de colère, mais aussi de reconnaissance.
- Alors c'est toi, Alec,  murmure-t-il, me jaugeant de haut en bas. Il ne dit rien de plus, mais je sens tout le poids de son regard. Après un long moment, il retourne s'asseoir à côté de sa femme, me laissant un peu troublé par cette brève rencontre.

Je m'assois à mon tour, sentant mes nerfs à vif. L'attente est insupportable. Chaque seconde qui passe me semble une éternité, et l'angoisse monte peu à peu en moi. Je ferme les yeux un instant, tentant de calmer mon esprit. Je prie en silence, de toutes mes forces, pour que Raven s'en sorte. Je ne suis pas particulièrement religieux, mais à cet instant, je suis prêt à croire en n'importe quoi, tant que cela pourrait la sauver.

Ma mère et ma sœur me prennent la main, et nous restons là, silencieux, unis dans l'attente et l'espoir. Tout autour de moi, le monde continue de tourner, les bruits de l'hôpital emplissent mes oreilles – les voix des médecins, les annonces au haut-parleur, les pas précipités dans les couloirs – mais je me sens comme dans une bulle, figée dans cet instant d'incertitude. Tout ce que je veux, c'est voir Raven sortir de cette épreuve vivante, pouvoir lui dire que je suis là, qu'elle n'est pas seule, et que je serai toujours là pour elle.

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