Chapitre 21 Raven

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J’avais enfin décidé d’accepter le rendez-vous avec Alec. Ce soir-là, je prends le temps de me préparer, ajustant soigneusement mes boucles et les attachant en demi-queue de cheval pour dégager mon visage. J’enfile mes bottines, un legging, et une robe longue en laine épaisse, qui m’arrive à mi-mollet. Il fait froid dehors, mais je me sens étrangement sereine.

Je sors de ma chambre et tombe sur Victor, qui semble un peu triste. Je m’abaisse à sa hauteur, lui passe les bras autour des épaules et lui chuchote à l’oreille :
- Je suis toujours ta princesse, Victor. Personne ne pourra jamais changer ça.

Son visage s’illumine instantanément. Il me serre fort dans ses petits bras avant de retourner joyeusement dans sa chambre. En descendant les escaliers, je vois Alec dans l’entrée, en pleine conversation avec ma tante. Il se tourne, et son regard se fige un instant quand il me voit. Sa bouche s’entrouvre, visiblement surpris.

- Quoi ? Ce n’est qu’une robe, Alec, dis-je en riant, bien que légèrement embarrassée par la façon dont il me dévisage.

- Rien qu’une robe, hein ? Il secoue la tête, un sourire amusé au coin des lèvres. Puis, il me tend un bouquet de fleurs, me prenant totalement au dépourvu.

- Oh... merci, Alec, dis-je, touchée par cette attention.

Ma tante s’approche pour m’aider à trouver un vase et, avec un sourire taquin, Alec lance :
- Tu crois que Victor ne va pas être jaloux ?

Je souris.
- Je suis sûre qu’il comprendra.

Je dépose un baiser sur la joue de ma tante avant de sortir. Alec m’ouvre la portière de sa voiture, et je m’installe, encore un peu troublée.
- Alors, où m’emmènes-tu ? je demande, curieuse.

- Je vais te montrer New York. La vraie New York, dit-il, ses yeux pétillants de malice.

- Je l’ai déjà explorée, tu sais, répliqué-je, amusée.

- Pas comme ça, et pas avec moi,  répond-il. Surtout pas à Noël.

La voiture file à travers la ville, et je découvre New York sous un autre jour. En arrivant à Times Square, je suis émerveillée. Les lumières de Noël brillent partout autour de nous, les décorations sont encore plus splendides que ce que j’avais imaginé. Alec me conduit jusqu’à l’immense sapin de Noël, et nous restons un moment à admirer ses lumières. L’ambiance est presque magique.

Après un chocolat chaud, nous nous promenons dans Central Park, sous les arbres nus et les guirlandes qui ornent les lampadaires. Alec m’emmène sous une petite arche de pierre où un banc semble nous attendre.

Je romps le silence qui s’installe.
- Alors, c’est quoi ton projet de fin d’année ?

Il me parle avec enthousiasme de son idée de communicateur, inspiré de ses séries de science-fiction préférées. Je le taquine :
- Je me souviens que tu t’étais moqué de Lola et de son projet de thé… et maintenant, c’est toi qui bricoles un truc inspiré de la fiction.

Il sourit en hochant la tête.
- Touché. Bon, j’admets que j’ai un peu trop parlé ce jour-là.

Nous continuons à échanger, le sujet dévie sur nos familles et nos vies avant New York.
- Tu as des frères et sœurs ? me demande-t-il.

- Oui, dis-je, le regard un peu perdu. J’ai une grande sœur et un petit frère. Je suis au milieu, l’enfant souvent oubliée. Je souris avec mélancolie, repensant à notre dynamique familiale.

- Et Paris ? Ça te manque ?

- Un peu. Mais Paris n’est pas aussi romantique qu’on l’imagine. C’est parfois sale, bruyant, mais c’est chez moi.

Alec hoche la tête.
- C’est pareil ici. New York, c’est… comme ça. Brut et tendre à la fois.

Nous nous regardons un moment. Je ne sais pas si c’est l’atmosphère ou le fait que je me sens en sécurité, mais je me sens bien. En nous levant, je trébuche légèrement sur une branche, et avant que je ne tombe, Alec m’attrape. Nos visages sont très proches, et mon cœur bat la chamade.

Il murmure doucement, ses lèvres frôlant presque les miennes :
- Pas besoin de trébucher pour que tu attires mon attention.

Sur le chemin du retour, un sentiment de calme m’envahit. Arrivée devant la maison, Victor m’ouvre la porte et me saute dans les bras.
- Je t’ai manqué, n’est-ce pas ? dit-il en riant.

- Oh, énormément, dis-je, riant avec lui. Je me penche et murmure à son oreille : C’était le pire rendez-vous de ma vie. Il éclate de rire, et je le dépose avant de me tourner vers Alec, qui nous regarde, perplexe.

- Qu’est-ce que tu lui as dit ? me demande-t-il.

- C’est un secret entre Victor et moi, répliqué-je, espiègle.

Alec sourit et acquiesce.
- Très bien, je me contenterai de savoir que je n’étais pas si mauvais.

- Merci pour cette soirée, Alec, dis-je en le regardant dans les yeux.

- Je compte te faire sourire comme ça chaque jour, murmure-t-il, avant de s’éloigner.

En refermant la porte, je sens un bonheur léger s’installer en moi. Je ne me souviens pas de la dernière fois où je me suis sentie aussi vivante. Tout ça, c’est grâce à lui, à ses sourires, et aux moments qu’on partage. Pour la première fois depuis longtemps, je ressens un peu de paix.

RedemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant