chapitre 44 Raven

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Après deux longues semaines enfermée dans une chambre d'hôpital, je me retrouve enfin dehors. L'air frais caresse mon visage, et je ferme les yeux un instant, savourant cette liberté retrouvée. Pendant tout ce temps, Alec, Lola, et même ma famille sont venus me voir chaque jour. Alec et Lola m'ont apporté mes cours, sachant à quel point les examens de fin d'année me tiennent à cœur. Je m'accroche à ce but pour me maintenir occupée, pour éviter de trop réfléchir aux événements récents. À l'accueil, je signe les papiers de sortie, et c'est à ce moment que je remarque mon père. Je l'avais presque oublié, lui, et tout ce qui me lie encore à Paris.

Je me rapproche de lui avec un mélange d'appréhension et de défi. Il me regarde, mais je n'y lis aucune tendresse. Il me prend mon sac sans un mot et se dirige vers la voiture, m'invitant à le suivre d'un signe de tête. Un silence de plomb s'installe entre nous, et je sens mon estomac se nouer. Ce n'est qu'après quelques minutes qu'il prend enfin la parole, d'une voix neutre.

- Raven, j'ai pris une décision.

Je le fixe, attendant qu'il développe, mais une boule d'inquiétude s'installe en moi. Ce ton autoritaire, je le connais bien ; c'est celui qu'il utilise lorsqu'il pense que son jugement est le seul qui compte.
- Quelle décision ?  Ma voix sort plus ferme que je ne le pensais.

Il garde les yeux sur la route, comme s'il cherchait ses mots.
- Je vais te laisser finir ton année ici, à New York, mais dès que ce sera terminé, tu rentreras à Paris.

L'annonce me coupe le souffle. Mon cœur bat plus vite, et la colère monte en moi. Après tout ce que j'ai traversé, il ne comprend toujours pas que je ne veux plus de cette vie là-bas.
- Non, répliqué-je immédiatement, sans réfléchir.

Il tourne brusquement la tête vers moi, les sourcils froncés, comme s'il était surpris par ma réaction.
- Pardon ?

Je prends une profonde inspiration, rassemblant tout mon courage.
- Non, je ne rentrerai pas à Paris. Rien ne m'attend là-bas.

Il ouvre la bouche, mais je le coupe avant qu'il ne puisse répondre.
- Qu'est-ce qui m'attend là-bas, papa ? Une famille ? Quelle famille ? Toi et maman, vous n'avez jamais été là pour moi. Vous avez toujours été absorbés par vos affaires, vos rendez-vous, votre carrière. Quant à Clara et Thomas, ils m'ont toujours traitée comme une étrangère. Je n'ai aucun ami à Paris, rien qui me retienne. Ici, à New York, j'ai Lola. Elle est bien plus qu'une amie, elle est ma famille. Et Alec... Je sens ma voix se briser.  Alec m'a redonné envie de vivre, papa. Il m'a apporté une chaleur, un soutien que je n'ai jamais ressenti auprès de vous.

Je termine mon monologue, essoufflée, les mains tremblantes. Le silence retombe dans la voiture, mais cette fois, il est différent. Mon père semble ébranlé, mais il reste muet. Je tourne la tête vers la fenêtre, les larmes aux yeux, et j'attends que nous arrivions.

Une fois garés, je descends rapidement, tentant de retrouver mon calme. Victor accourt vers moi, souriant de toutes ses dents.
- Ça va, Raven ?  demande-t-il, son regard rempli d'inquiétude.

Je prends une grande inspiration, me forçant à sourire pour le rassurer.
- Oh, Voldemort m'a donné du fil à retordre,  dis-je en plaisantant.  J'aimerais bien être Harry Potter pour le terrasser une bonne fois pour toutes.

Victor éclate de rire, et je me sens soudain un peu plus légère. En entrant, je découvre une banderole colorée accrochée dans le salon avec les mots Bienvenue à la maison ! Toute ma famille est là, souriante, et je me sens submergée par l'émotion. Mary vient la première me prendre dans ses bras, et je me laisse aller, les larmes aux yeux.

- Oh, ma chérie, tu es enfin là, dit-elle en me serrant fort. Je lui rends son étreinte, mon cœur débordant de gratitude pour cette famille adoptive qui m'a tant donné.

Lola s'approche ensuite, tenant la main d'un garçon que je n'ai encore jamais vu. 

- Raven, je te présente Jérémy,  dit-elle avec un sourire espiègle.

Je serre la main de Jérémy, intriguée.        

- Enchantée, dis-je, curieuse de connaître le rôle de ce nouveau venu. 

- J'ai une bonne nouvelle,  annonce-t-il avec un sourire radieux.  J'ai réussi à convaincre mon père de te laisser participer au concours.

Je le regarde, bouche bée, incapable de croire ce que j'entends.
- Mais... comment ?  balbutié-je.

Mon père s'avance alors et prend la parole.
- J'ai signé les papiers pour toi, Raven. En tant que ton tuteur légal, j'ai le droit de le faire.

Je cligne des yeux, abasourdie par ce geste inattendu. Je me rapproche de lui et, avant de vraiment y réfléchir, je le prends dans mes bras. C'est un geste spontané, et je sens qu'il est surpris, mais après un moment d'hésitation, il me rend mon étreinte. Je réalise combien ce moment est rare, et même s'il ne répare pas tout, il signifie beaucoup.

Le son d'un bouchon qui saute me fait tourner la tête. Mon oncle Michael brandit une bouteille de champagne, un grand sourire sur le visage. Tout le monde applaudit et rit. Nous levons nos verres pour trinquer, et je me sens entourée, soutenue.

Plus tard, mon père vient me voir, cette fois accompagné de ma mère. Il semble mal à l'aise, mais déterminé.
- Raven, j'ai réfléchi à ce que tu m'as dit dans la voiture ... Et si c'est ici que tu veux vivre, alors... je te soutiendrais.

J'ouvre la bouche, surprise, puis je hoche la tête, les larmes aux yeux.
- Merci, papa.

Ma mère pose sa main sur mon épaule et m'adresse un sourire bienveillant.
- Nous sommes fiers de toi, ma chérie. Alec est un garçon formidable, tu sais.  Je ris, un peu gênée, mais elle me regarde avec sérieux.  Quand tu es née, Raven, j'ai prié pour qu'un protecteur veille sur toi. Quelqu'un qui t'apporterait ce que nous n'avons peut-être pas su te donner. Et aujourd'hui, je crois que ce protecteur est arrivé.

Je sens mon cœur battre plus fort en regardant Alec de l'autre côté de la pièce, et je me dis que, pour la première fois depuis longtemps, tout semble enfin en place. Mes peurs et mes doutes s'évaporent, et je me sens prête à vivre pleinement ma vie avec Alec à mes côtés. Je lui souris, sachant que nous avons traversé bien des épreuves, mais que nous en sortirons plus forts, ensemble.

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