Chapitre 16 Raven

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Je me gare devant la maison de Lola et d'Alec, une maison qui, jusque-là, m'avait toujours semblé accueillante et chaleureuse. Mais depuis que j'ai découvert que la mère d'Alec est aussi ma psychologue, Madame Clarke, mes pensées s'emmêlent. J'essaie de me ressaisir alors que je sors de la voiture et sonne à la porte, cherchant à ignorer la petite boule d'angoisse qui s'installe au creux de mon ventre.

La porte s'ouvre, et bien sûr, c'est Alec. Il me sourit, et je lui rends son salut avec un hochement de tête un peu timide.

- Salut, dit-il. Lola est encore en train de s'habiller. Elle ne devrait pas tarder.

Je hoche la tête, un peu mal à l'aise, mais avant que je puisse répondre, un homme imposant s'avance vers nous. Il est grand, musclé, avec des traits marqués par le temps et une présence qui semble remplir toute l'entrée. Rien en lui ne ressemble à Alec ou à Lola.

- Eh bien, bonjour ! Tu dois être Raven, dit-il d'un ton chaleureux en me tendant la main.

Je fais un pas en arrière par réflexe, ne m'attendant pas à une telle carrure. Cela me ramène contre le torse d'Alec, qui se tient juste derrière moi. Je m'écarte aussi vite, rouge de gêne, et me force à sourire en serrant maladroitement la main de l'homme.

- Pardon, c'est juste... vous êtes impressionnant, balbutié-je, espérant ne pas paraître impolie.

L'homme éclate de rire, un son profond qui résonne dans toute l'entrée.

- Ha ! T'inquiète, je suis habitué à effrayer les gens. Je m'appelle Daniel, je suis un agent du FBI ce qui explique pourquoi j'ai une carrure si imposante c'est pratique pour intimider les personnes. Me dit-il avec un grand sourire.

Sous le choc de cette révélation, je reste bouche bée. Un ancien agent du FBI ? Mais bien sûr, Alec et Lola devaient bien avoir des parents aussi extraordinaires qu'eux.

Madame Clarke entre dans l'entrée, souriante, et se moque doucement de Daniel :
- Tu comptes continuer longtemps ton numéro de flic ? Laisse-la tranquille.

- Oui, oui, je la laisse, répond Daniel, levant les mains en signe de reddition avec un sourire. Mais bon, un ancien agent comme moi, ça reste fidèle à ses habitudes.

Je souris, un peu plus détendue. Mais Daniel me lance un regard curieux, et avant que je puisse filer pour rejoindre Lola, il m'interpelle :

- Alors, Raven, dis-moi... pourquoi avoir choisi New York ? Qu'est-ce qui t'a poussé à venir ici ?

La question me prend au dépourvu. Pour une seconde, mon esprit se fige, mais finalement, je me lance.

- J'ai toujours aimé cette ville. Il y a tellement d'énergie ici, et de nouvelles opportunités. Je voulais... Je m'arrête, cherchant les bons mots. ... me donne un nouveau départ, je suppose.

Daniel me regarde, comme s'il essayait de lire entre les lignes.
- C'est courageux, de tout quitter pour une nouvelle vie. Ça prend du cran, tu sais ?

Je hausse les épaules, tentant de rester détachée.
- On fait ce qu'on doit faire.

Madame Clarke s'approche et pose une main réconfortante sur mon épaule.
- Ça te convient bien, je trouve. La ville et toi, vous avez la même force.

Avant que je puisse répondre, Lola descend les escaliers, les cheveux encore humides mais visiblement pleins d'énergie.
- Raven ! Tu es là ! Viens, viens, on monte ! J'ai tout préparé pour notre soirée !

Elle m'entraîne avec enthousiasme jusqu'à sa chambre. Je laisse les adultes derrière moi, tout en me demandant si Daniel n'a pas perçu plus de choses que je ne voulais en dire. Sa question résonne encore dans mon esprit, comme un écho que je ne peux ignorer.

Arrivées dans la chambre de Lola, je me laisse emporter par l'atmosphère accueillante. Les murs sont couverts de photos, de cadres, et de posters colorés. Je pose mon sac sur le sol, puis Lola m'entraîne dans une conversation légère sur nos plans pour la soirée.

- J'ai sorti les masques de beauté, des tonnes de snacks, et on a fait une sélection de films ! C'est parfait, non ? dit-elle avec un sourire radieux.

J'acquiesce, séduite par l'idée de cette soirée entre filles, sans complications, juste du temps passé ensemble. Nous redescendons pour le dîner, où l'odeur délicieuse de filet de bœuf, de pommes de terre sautées, et de sauce au poivre remplit la salle à manger.

À table, Lola lance la conversation en me demandant des détails sur le projet de fin d'année.

Je me contente de rester vague, expliquant que je veux intégrer des éléments de mythologie grecque à des créations de mode, mais elle semble fascinée par l'idée.

- C'est génial ! Sérieusement, je n'y aurais jamais pensé, mais ça te va si bien ! s'enthousiasme-t-elle.

Je remarque qu'Alec m'observe avec un sourire chaleureux. Au lieu d'éviter son regard, je lui rends son sourire, un geste qui nous surprend tous les deux. Daniel le remarque, bien sûr, et ne manque pas de faire une petite remarque :

- Eh bien, on dirait qu'un nouveau couple pourrait se former ici !

Je rougis immédiatement, et m'étouffe légèrement avec mon verre d'eau. Madame Clarke lance un regard réprobateur à Daniel, mais Alec et moi échangeons un autre regard, cette fois empreint d'un mélange d'embarras et de complicité.

Le reste du repas se déroule sans incident, mais tout au long, je ne cesse de jeter des coups d'œil furtifs à Alec, réfléchissant à ce que Daniel m'a dit plus tôt. Son intuition semblait presque percer à jour mes pensées. Peut-être que, peu importe où je vais, ce passé que je m'efforce de fuir me rattrapera toujours. Mais ce soir, avec cette famille, je ressens pour la première fois un certain apaisement. Un sentiment d'être acceptée, malgré mes zones d'ombre.





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