Chapitre 15 Alec

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Alors que Raven sortait du bureau, j'ai eu un pincement au cœur. Peut-être que je n'aurais pas dû mentionner que Madame Clarke est ma mère. Ça a semblé la déstabiliser, et je me demande si j'ai révélé trop de choses trop tôt. Je reste un moment pensif dans le hall jusqu'à ce que la porte s'ouvre, et ma mère m'invite à entrer.

- Où est Lola ? me demande-t-elle. Elle devait venir aussi, non ?

Je bafouille une excuse en expliquant que Lola ne se sent pas bien, probablement encore accablée par ses migraines après tout l'alcool qu'elle a bu. Ma mère lève un sourcil sceptique mais n'ajoute rien.

Ma mère soupire, et je sais qu'elle se doute bien que Lola est encore en train de cuver quelque part. Mais elle choisit de ne pas insister et détourne le regard. Mon attention, quant à elle, est attirée par un dossier sur le bureau avec le nom de Raven en gros sur l'étiquette. C'est plus fort que moi ; ma main se dirige vers lui, mais un claquement sec sur mes doigts me ramène à la réalité.

- Ah non, monsieur. Si tu veux des informations sur elle, tu vas devoir faire ça par toi-même, plaisante a-t-elle en croisant les bras.

Je me défends rapidement, un peu gêné.
- Ce n'est pas ce que tu crois.

Elle sourit d'un air taquin.
- Alec, je t'ai vu la regarder. Et si tu n'avais pas eu le regard aussi perdu que celui de ton père quand il essayait de me comprendre, peut-être que j'aurais feint de ne rien remarquer.

Je sens mes joues chauffer, et je décide de changer de sujet pour m'éloigner de cette gêne. Je commence à lui parler de mon projet de fin d'année, celui sur les mini-communicateurs inspirés de Star Trek et Star Wars. Son visage s'illumine, et elle me sourit, presque comme si elle me voyait petit, fasciné par ces mondes imaginaires.

- Ah, tu n'as pas changé depuis que tu avais six ans. Tu te souviens de ces conférences de presse avec tes jouets Avengers, où tu te lances dans des explications sans fin sur l'univers Marvel ?

Je ris en me rappelant ces souvenirs, et l'ambiance se détend entre nous. Puis elle me demande comment je me sens, maintenant que j'ai redoublé et que je me retrouve dans la même classe que Lola. Elle sait combien cela m'a contrarié de devoir recommencer, et elle a toujours été mon soutien pendant cette période difficile.

- C'est plutôt bien, je réponds. Lola et moi, on s'est toujours bien entendus. En plus, ça me permet de la surveiller. Même si elle n'en a pas besoin, je préfère être là.

Remarquant son regard fuyant je lui demande
- Maman est-ce que ça va ?

Elle semble surprise par ma question, mais finit par soupirer.
- C'est juste que... Elle s'interrompt un moment, comme si elle pesait ses mots. Je pensais à Raven.

À ce moment-là, je décide de lui parler de la fille de l'aéroport et de ma découverte récente du carnet. Je lui avoue que Raven est cette fille.

Ma mère m'écoute attentivement, et un sourire énigmatique se dessine sur son visage.
- J'ai su que c'était elle dès notre premier rendez-vous. J'ai vu les mêmes réactions chez elle que ce que tu m'as décrit. Alec j'aurais quelques choses a te demander.

Je regarde ma mère avec un regard interrogateur puis lui sourit tendrement
- tu peux me demander tout ce que tu veux maman.

Ma mère prend une grande inspiration
- j'aimerais que tu garde un oeil sur Raven tout en gardant une distance de sécurité.

- Pourquoi ? je demande. Comment je suis censée veiller sur elle si je ne m'approche pas trop ?

Ma mère soupire, et cette fois, je devine que le sujet est délicat.
- Raven a traversé une expérience terrible avec un homme. Je ne peux pas t'en dire beaucoup plus, mais sache qu'elle a besoin d'espace.

Je hoche la tête, comprenant enfin que son attitude distante n'a rien à voir avec moi. Cela me rappelle des souvenirs de mon père et de la relation compliquée qu'il entretenait avec ma mère. Ma mère a cette expression lointaine lorsqu'elle parle de lui, et je réalise que, peut-être, elle voit un peu de son propre passé dans l'histoire de Raven.

Je prends sa main, décidé à la rassurer.
- Je ferai attention, maman. Je serai là pour elle, mais je ne lui mettrai pas la pression.

Ma mère me remercie, un éclat d'émotion dans ses yeux.
- Et tu auras l'occasion de commencer ce soir, ajoute-t-elle. Lola a invité Raven à dîner et à dormir à la maison.

Je ne peux m'empêcher de sourire. C'est bien Lola, ça. À peine elle se fait une nouvelle amie qu'elle l'invite dès le lendemain. Mais en même temps, je ressens un mélange de joie et de crainte. Raven va être chez nous ce soir. J'ignore comment elle va réagir à ma présence, mais une chose est sûre : je suis prêt à lui montrer qu'elle peut compter sur moi.



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