Chapitre 31 Raven

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La journée enfin arrivée, je me sens nerveuse et excitée à la fois. C'est notre première vraie Saint-Valentin ensemble, et Alec a mis tellement d'efforts dans cette soirée. J'ai enfilé une robe noire qui m'arrive à mi-cuisse, un peu différente de ce que j'aurais choisi avant, mais j'ai envie de me sentir belle pour lui. En descendant l'escalier, je croise le regard approbateur de ma tante, qui me complimente chaleureusement. Même mon oncle semble impressionné.

—  Prends bien soin de toi, ma chérie,  dit-il en me tendant un objet.

Je baisse les yeux et découvre avec surprise un taser dans sa main. Mon oncle me regarde avec insistance.
- Au cas où...  ajoute-t-il en haussant les sourcils.

Je suis un peu prise de court, ne sachant pas si je dois rire ou protester, mais je finis par accepter son cadeau improvisé pour lui faire plaisir. Je lui fais un câlin et un sourire timide.

—  Merci, tonton, mais je suis sûre que tout ira bien.

Après un dernier au revoir à Victor, je monte dans ma voiture, prête à rejoindre Alec. En chemin, je reçois un message de Lola : « Amuse-toi bien ce soir ! Et je veux tous les détails demain ! » Je ne peux m'empêcher de rire en lisant son message. Lola, toujours aussi curieuse.

Quand j'arrive enfin chez Alec, je prends une profonde inspiration. J'ajuste ma robe, puis toque doucement à la porte. Alec m'ouvre, et je suis instantanément accueillie par son sourire chaleureux. Il porte un pantalon élégant et une chemise légèrement déboutonnée, qui lui donne un air décontracté mais soigné. Je m'approche de lui et l'embrasse tendrement, savourant ce moment.

Il me laisse entrer et prend délicatement mon manteau, que j'accroche près de l'entrée. Je remarque alors la table, magnifiquement décorée, avec des chandelles et des pétales de rose éparpillés. Je reste bouche bée, touchée par le soin qu'il a apporté aux détails. Je me tourne vers lui, les yeux brillants.

—  Alec, c'est magnifique... murmure ai-je, émue.

—  Pour toi, tout doit être parfait,  répond-il avec un clin d'œil en me guidant vers la chaise. Il part un instant, puis revient avec deux assiettes de pâtes à la bolognaise, qui sentent incroyablement bon.

— J'espère que ça te convient.

Je souris, amusée.

- Tu plaisantes ? C'est parfait. On se croirait dans La Belle et le Clochard.

Il me lance un regard malicieux.
- Je savais que c'était ton film préféré.

— Comment tu le savais ?  demandai-je, curieuse.

—  J'ai vu ton fond d'écran une fois, et j'en ai fait la déduction .  Il hausse les épaules en souriant.

Nous mangeons, et chaque bouchée est un délice. Je le complimente sincèrement, touchée par l'effort qu'il a mis dans ce repas. La conversation est légère et agréable, et je ne peux m'empêcher de penser à quel point il rend chaque instant spécial. Après le dîner, il se lève et me tend la main.

— M'accorderiez vous une danse mademoiselle ?

Je lève un sourcil, surprise, mais je prends sa main sans hésiter. Il sort une petite télécommande de sa poche, appuie sur un bouton, et les premières notes de Love Story d'Indila résonnent dans la pièce. Il m'entraîne dans une valse improvisée, et je ris doucement, savourant cette proximité et la chaleur de ses bras autour de moi.

—  C'est ta première valse, Alec ?  lui demande-je, en me calant dans ses pas maladroits.

—  Oui, en fait,  je n'avais pas de cavalière. J'y étais juste pour Lola.  Il sourit, un peu gêné.  J'étais le frère accompagnateur. Je crois que je n'ai jamais vraiment cherché de relation pendant les études, à cause de mes parents. Mes parents se sont rencontrés très jeunes, pendant leurs études. Ils étaient à l'université comme nous.  Un sourire triste se dessine sur son visage. Ils se sont mariés rapidement après leur diplôme, et peu après, je suis né.

Je reste silencieuse, l'encourageant à continuer. Il prend une respiration profonde.

— À l'époque, ils pensaient pouvoir tout gérer. Mais, tu sais, quand tu es encore en train de te découvrir, de comprendre ce que tu veux vraiment faire dans la vie, avoir un enfant rend les choses... compliquées. Ils ont commencé à avoir des désaccords sur tout.  Il secoue la tête, le regard empli de souvenirs.  Puis, quand Lola est née, les choses se sont encore compliquées.

—  C'est pour ça que tu t'es toujours tenu à l'écart des relations ? murmure ai-je, touchée par sa confession.

Il acquiesce.
- Oui. J'ai vu à quel point c'était difficile pour eux. Ils avaient de grands rêves, tu sais ? Ma mère voulait voyager, travailler à l'étranger, et mon père voulait créer sa propre entreprise. Mais avec nous, ils ont dû faire des compromis.

Je comprends alors pourquoi Alec semble si mature pour son âge. Il a observé ses parents se débattre avec leurs rêves et leurs responsabilités, et cela a laissé une marque en lui.

— Je ne voulais pas risquer de me retrouver dans la même situation,  avoue-t-il doucement.
J'ai longtemps pensé qu'il valait mieux rester concentré sur mes études, et laisser les sentiments de côté.

—  Mais alors, qu'est-ce qui a changé ?  le question ai-je, curieuse.

Il sourit et me regarde dans les yeux, son expression adoucie.    

 - Toi.

—  Au fait, tu te souviens du carnet que tu avais perdu à l'aéroport ?

Je hoche la tête, intriguée. Il rit.
- Eh bien, c'est ma mère que tu avais percutée ce jour-là. Je l'ai ramassé pour toi, et je l'ai gardé en attendant de pouvoir te le rendre. Je savais que nos chemins allaient se croiser à nouveau.

Je ris, surprise et un peu incrédule. Je le serre un peu plus fort, touchée par cette révélation. C'est comme si le destin nous avait joué depuis le début.

La musique s'éteint, et un silence paisible s'installe. Je me dirige vers mon manteau et sort le fameux carnet. Je le tends à Alec, mes mains tremblent légèrement.
- Tu sais, Alec, depuis le nouvel an j'ai toujours voulu te faire lire mon carnet ... je pense que le moment est enfin arrivé .

Je le prends par la main, et nous nous asseyons sur le canapé. Il tourne doucement les pages, découvrant mon écriture. C'est un moment intime, un bout de mon âme qu'il tient entre ses mains, mais je sais que je suis prête. Prête à lui faire confiance, prête à avancer.

Il lève les yeux vers moi, reconnaissant. Ses mots ne sont pas nécessaires. Dans ce silence, dans ce regard, tout est dit. J'ai trouvé quelqu'un qui peut m'aimer pour qui je suis, avec toutes mes faiblesses et mes forces.

RedemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant