Chapitre 12 Raven

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Peu à peu, je sens ma respiration se stabiliser. La panique qui m’avait envahie commence doucement à se dissiper. C’est alors que je prends conscience de quelque chose d’inhabituel, de surprenant même : une chaleur réconfortante m’entoure. Et puis, il y a cette voix. Une voix calme, rassurante, qui murmure que tout va bien se passer, que je dois me calmer. C’est Alec.

Je suis étonnée par sa présence, mais plus encore par le fait que je ne ressens aucune panique. Mon corps est généralement en alerte quand un garçon s’approche de moi, mais là... tout semble étrangement normal, presque apaisant. Sa main est posée sur mon épaule et, sans vraiment y réfléchir, je pose la mienne sur la sienne. Un geste instinctif, un besoin de me raccrocher à quelque chose de réel, de solide. On reste ainsi un moment, sans bouger, juste enveloppés dans ce silence qui, curieusement, ne me pèse pas.

Alec finit par rompre le silence en me demandant doucement si je vais mieux. J’hoche simplement la tête, encore sous le coup de la surprise. Ce qui m’étonne le plus, c’est que sa proximité ne me dérange pas. Moi qui suis toujours sur mes gardes, me voilà presque à l’aise.

- Lola est complètement saoule, je vais la ramener à la maison , dit-il, son ton toujours aussi doux. Tu veux que je te ramène aussi ?

Encore une fois, je hoche la tête. Les mots me manquent, mais je ne peux qu’accepter. Je récupère mon carnet, le serre contre moi comme un trésor précieux, et nous quittons la salle de bain ensemble. En rejoignant Lola, je la trouve en train de divaguer joyeusement sur son fameux projet de concours à base de thé. Elle ne cesse de répéter des idées farfelues pour améliorer le concept, comme si elle tenait déjà la victoire entre ses mains. Je me contente de sourire et d’hocher la tête à chacune de ses idées. Elle semble à peine tenir debout, alors je l’aide à marcher jusqu’à la voiture.

Dans la voiture, je me glisse à l’arrière, tenant toujours mon carnet comme s’il pouvait me protéger de tout. Alec conduit en silence, Lola, elle, continue de babiller joyeusement, totalement déconnectée de la réalité. Je jette des coups d’œil discrets à Alec à travers le rétroviseur. Il paraît concentré, mais je sens qu’il jette aussi des regards dans ma direction. Je suis encore troublée par ce qui vient de se passer. Comment se fait-il qu’un garçon, Alec en particulier, ait pu me toucher et que je n’aie pas paniqué ?

- Raven ? Je me retourne, un peu surprise. Est-ce que ça va vraiment ?

Je sens son regard perçant, comme s’il voyait à travers mon masque. Je n’ai pas la force de répondre sincèrement, alors je hoche simplement la tête.

- Je... Je ne supporte pas bien le monde, c’est tout , dis-je pour tenter de justifier mon comportement.
Mais son regard me dit qu’il ne me croit pas entièrement. Pourtant, il ne pousse pas plus loin. Il me souhaite simplement une bonne nuit et un bon week-end.

- Bonne nuit  dis-je d’une voix un peu hésitante avant de me diriger vers la porte.
Je grimpe silencieusement les escaliers, veillant à ne réveiller personne.

Dans ma chambre, je me change rapidement, enfilant mon pyjama. Je me glisse sous les couvertures, mais mon esprit est encore agité. Je prends mon carnet et un stylo, et je commence à écrire. Je décris ce qui vient de se passer, chaque détail. Mais il y a un point que je souligne avec mon fluo rose fuchsia : Un garçon m’a pris dans ses bras et je n’ai pas paniqué.

C’est un tournant pour moi. Quelque chose a changé, je le sens. Peut-être que ce nouveau départ à New York n’est pas si effrayant, après tout. Avec cette pensée réconfortante, je ferme mon carnet et m’enfonce dans mon oreiller. Pour la première fois depuis longtemps, je m’endors sans être hantée par mes cauchemars.

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