Chapitre 9 Alec

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Lorsque nous franchissons le seuil de la soirée, l’énergie vibrante de la fête nous enveloppe aussitôt. Les basses résonnent dans mon corps, et la cacophonie des rires et des discussions animées me submerge. Des étudiants se pressent dans tous les coins, certains dansent déjà, tandis que d'autres discutent en petits groupes autour de la table chargée de snacks et de boissons. Des guirlandes lumineuses zigzaguent au plafond, projetant des lueurs colorées qui ajoutent un éclat surréel à l’ambiance. Instinctivement, je me sens légèrement en décalage, même si je tente de faire bonne figure.

Je jette un coup d'œil à Raven, qui semble aussi nerveuse que je m’y attendais. Elle évite mon regard et se tient en retrait, comme si elle essayait de se fondre dans le décor. Avant que je puisse lui demander si elle se sent bien, Lola s’empare d’elle, tout sourire.

— Allez, viens ! Je vais te présenter à mes amies !, s’exclame-t-elle.

Raven hoche la tête, sans vraiment répondre, et se laisse entraîner. Son regard, fuyant, croise brièvement le mien, mais elle détourne rapidement les yeux. Je me demande si elle se sent aussi à l'aise que je l'espérais, ou si, comme moi, elle préférerait être ailleurs.

Soudain, je sens un bras ferme m’entourer les épaules.

— Mon gars ! Enfin, t'es là ! s'écrie Michaël, mon meilleur ami, un large sourire aux lèvres. Il semble déjà complètement à l’aise dans cette ambiance chaotique, comme s’il était né pour les fêtes.

Michaël commence aussitôt à me parler d'une fille qu'il veut me présenter, apparemment persuadé que ce serait l'événement de la soirée pour moi. Ses paroles me parviennent à peine, comme si mon esprit flottait à quelques mètres de là. J’acquiesce vaguement, tentant de suivre sa conversation, mais mes pensées reviennent sans cesse à Raven.

— Allez, viens, tu vas l'aimer, elle est sympa, insiste-t-il en m'entraînant vers un groupe de filles. Malgré mon manque d’enthousiasme, je le suis par politesse.

Face à moi, une jeune femme blonde me lance un sourire amusé. Elle semble gentille, et je lui rends un sourire courtois. Nous échangeons quelques banalités sur la soirée et l'université, mais je remarque qu'elle suit mon regard. Mes yeux ont naturellement dérivé vers Raven, qui se trouve un peu plus loin avec Lola et son groupe d’amies.

La jeune femme sourit de plus belle, visiblement amusée par mon comportement.

— T’inquiète pas, je vois bien que t’es pas vraiment là pour ça. Moi non plus, d'ailleurs. Ma copine m’a un peu forcée à venir, explique-t-elle en riant doucement.

Elle désigne Michaël d’un geste discret, et je ne peux m'empêcher de sourire. Sa compréhension est un soulagement, et je lui en suis reconnaissant. La fille me fait un petit signe de la main, puis retourne vers son groupe de copines, visiblement soulagée de ne pas avoir à se forcer à faire la conversation.

Resté seul, je ressens un mélange de frustration et d’urgence. Mon regard se fixe à nouveau sur Raven, puis mes doigts effleurent instinctivement la poche intérieure de ma veste. Le carnet. Ce petit objet qui pourrait enfin m’éclairer sur elle, sur ce mystère qui m’obsède depuis que je l’ai croisée à l’aéroport. Je veux savoir. Je dois savoir.

Je décide de faire le premier pas et de m’avancer vers elle, prêt à la confronter. Peut-être que ce carnet est un moyen de briser la glace, ou de lui montrer que j'ai fait le lien. Mais alors que je m'approche d’elle, un étudiant visiblement ivre me percute de plein fouet, m'obligeant à reculer pour garder mon équilibre.

— Désolé, mec !, bafouille-t-il, s’appuyant sur mon bras pour se stabiliser. Son haleine est imprégnée d’alcool, et je l’aide à retrouver son équilibre avant de le relâcher.

Lorsque l’étudiant s’éloigne, je tâte la poche de ma veste, sentant un frisson glacé me parcourir. Le carnet. Il n’est plus là. Je fouille frénétiquement toutes mes poches, mais rien. C’est impossible. Comment ai-je pu le perdre ?

Je refais mentalement tout le trajet depuis l’entrée, en cherchant chaque détail, chaque endroit où j’aurais pu le faire tomber. La panique me gagne, mais j'essaie de rester calme. J'ai besoin de retrouver ce carnet avant que quelqu'un d'autre ne le trouve.

Je commence à remonter la foule, jetant des regards inquiets autour de moi, mais la lumière tamisée et les ombres mouvantes rendent ma tâche presque impossible. Mes pensées se bousculent. Est-ce que je l'ai perdu quand Michaël m’a entraîné ? Ou bien quand ce type ivre m'a bousculé ?


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