30. Le sauvetage

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Point de vue d'Apollon


L'espace de quelques instants, je me suis senti le plus heureux des hommes. Des morceaux de musique me sont venus aussi naturellement qu'il y a huit ans. Mon esprit en était envahis. Tout était plus vif, plus vivant. Les couleurs plus saturées et chatoyantes, les sons plus clairs et éclatants, les odeurs plus intenses. La magie d'Euphrosyne avait opéré. Elle avait réussi. Puis, sans crier gare, cette félicité s'est dissipée. Tout s'est fané. La joie s'est de nouveau évaporée, ne laissant que noirceur, mélancolie et tristesse.

Alors, j'aperçois le sang vermeil qui coule de son nez. Sous mes yeux horrifiés, son corps s'effondre au sol.

Comment ont-ils pu être aussi inconséquents ? Consterné, je les observe rester là, penchés sur elle. Comme deux imbéciles à la regarder impuissants.


- Sortez-moi de là, immédiatement ! Hurlé-je en me débattant avec frénésie.

Je dois me libérer au plus vite.


Poséidon se tourne vers moi avec une expression de regret, peut-être conscient de l'erreur monumentale qu'il vient de commettre. Son pouvoir se diffuse, et le filet qui me retient se détend. Je parviens à m'en extraire et me précipite vers Euphrosyne. Heureusement, Arès dissipe son bouclier. J'aperçois du coin de l'œil mon oncle en train de faire disparaître la pierre me privant de mes pouvoirs. J'écarte violemment les deux dieux pour atteindre ma femme et tombe à genoux à ses cotés.

- Euphrosyne, murmuré-je d'une voix brisée. Mon doux amour, je suis tellement désolé...


Je la soulève avec précaution, la posant sur mes genoux. Je déchire un morceau de ma manche pour tamponner son nez et tenter d'arrêter le saignement, tout en passant ma main gauche au-dessus de son corps. Mon pouvoir irradie d'une chaleur familière. La situation est plus grave que je ne l'avais imaginé. Son cœur peine à garder un rythme régulier. Elle a utilisé trop d'énergie en une seule fois ; elle n'était pas prête. Je m'accroche à son regard juste avant qu'elle ne ferme ses beaux yeux. Un sanglot m'échappe alors, alors que je réalise mon impuissance. Je ne peux rien faire, mis a part atténuer sa souffrance.

Furieux, je me tourne alors vers Poséidon et Arès. Je veux qu'ils subissent la même douleur qu'Euphrosyne. J'ai juste envie de les tuer. un sentiment de vengeance se met à brûler en moi. Lorsque mon épouse sera en sécurité, ils ne perdront rien pour attendre.


- C'était beaucoup trop tôt ! m'écrié-je, la voix emplie de colère et de douleur. Comment avez-vous pu lui demander cela ? Elle n'était pas prête ! Vous l'avez condamnée ! Vous vous êtes vous-même condamnés !

Mon accusation fend l'air, résonnant dans chaque recoin de la pièce. Arès recule d'un pas, son arrogance vacillant sous ma fureur divine. Poséidon baisse la tête, l'air peiné.

- Nous pensions qu'elle pourrait... que c'était possible, balbutie-t-il, presque en s'excusant.

Je grince des dents.

- Vous pensiez ? répèté-je mordant. Mais vous ne comprenez rien à ses pouvoirs, à sa force. Regarde-la ! Elle est à l'agonie parce que vous avez joué aux dés avec sa vie. Vous en paierez les conséquences !

Mes mots s'enfoncent, acérés comme des lames.


J'enfouis mon visage dans son cou, respirant son odeur à plein poumon. Ses doux cheveux glissent sur ma peau. Elle ne m'entend peut-être plus, mais mes paroles lui sont destinées.

La malédiction d'Euphrosyne et Apollon [Romantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant