28. Le Guet-apens

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Point de vue d'Apollon

—C'était parfait Rose. Tu as compris ce que tu as fait ? Tu lui as redonné le goût de vivre, tu es parvenue à lui transmettre de la joie. Et il n'y a rien de plus important sur terre, tu sais.

Elle est si belle, si intelligente. Je suis très content des progrès qu'elle à accomplit en si peu de temps. Il n'est pas donné à tout le monde de savoir maîtriser les bases de la magie aussi vite. Bon avec le recul... J'aurais peut-être pu choisir un autre patient test. Celui-ci aime un peu trop ma Rose à présent.

Elle semble heureuse et à su dépasser son premier échec. Elle peut vraiment être fière d'elle.

Je regarde d'un coup d'œil la course du soleil par la fenêtre. Elle devrait être là. Je scanne ensuite rapidement de mes pouvoirs l'hôpital, à la recherche de la surprise que je lui prépare. Elle est arrivée. Je la sens en compagnie de Thalie. Cela sera surement une très bonne journée pour Euphrosyne. Alors que je formule cette pensée, des fourmillements me prennent. Puis je me sens comme aspiré. Tout s'efface autour de moi. Surpris, je comprends qu'on me téléporte. La dernière vision que j'ai est celle du magnifique visage de Rose, ses yeux verts me fixant perplexe.

Soudain je m'écrase au sol. Je peine à me redresser, encore sous le coup du sort. Je sens de la terre battue sous mes doigts. Un vent glacial s'infiltre. Et une odeur d'humus, d'humidité et de renfermé envahit mes narines. Mes yeux peine à s'adapter à la pénombre oppressante du lieu. Puis, au bout de plusieurs secondes, je parviens à distinguer des murs de pierre, et une sorte d'interstice d'où provient la seule source de lumière, faible mais bien présente. Suis-je toujours à Sainte-Marguerite ? Au moins Rose ne semble pas m'avoir suivi ici. Mais ma disparition à dû l'inquiéter.

Un bruit sourd interrompt le silence pesant, me forçant à tourner brusquement la tête. La silhouettes de Poséidon apparait alors devant moi, son trident brillant malgré la pénombre. Arès le rejoint après, son aura assombrissant les lieux plus encore.

— Apollon, mon neveu adoré... murmure Poséidon, sa voix résonnant comme un grondement de ressac.

— Que veux-tu, mon oncle ? demandè-je soudainement sur mes gardes. Pourquoi m'avoir fait téléporté ici ? Un message n'aurait il pas été plus simple ?

Un sourire énigmatique fend son visage.

— Je veux simplement quelque chose dont tu refuses obstinément de nous faire cadeau, répond-il avec une douceur trompeuse. Et je suis bien persuadé, que tu n'aurais jamais répondu favorablement à une demande écrite. Je me trompe ?

— Zeus n'est qu'un lâche, intervient Arès avec un un sourire narquois sans me laisser le temps de répondre. On dirait qu'il t'aime un peu trop notre papounet, offrant indulgence après indulgence. Tu as toujours été le préféré de toute façon, avec Athéna. Mais nous, nous allons régler le problème.

Le mot « problème » résonne en moi avec une résonance douloureuse. Rose, me dis-je intérieurement, le cœur battant la chamade. Je fais un effort désespéré pour utiliser mon pouvoir de téléportation, tentant de retourner à elle, de sentir sa présence rassurante. Mais rien. Je suis enfermé et mon pouvoir ne me répond plus. Mes poings se serrent. Comment est-ce possible ? Comment puis-je avoir la même condition physique qu'un être humain ? Moi, Apollon ?

— Qu'est-ce que vous m'avez fait ? m'écrié-je, une rage sourde grondant dans ma voix.

Une ombre de remords passe sur le visage de Poséidon.

— Écoute, commence-t-il, cherchant ses mots. Il n'y avait pas d'autre solution, Apollon. Crois-moi, j'aurais sincèrement préféré que tout cela se déroule autrement...

De colère, je me précipite vers mon oncle, mais Arès, vif comme l'éclair, me barre la route. Toute sa puissance concentrée en un coup de poing redoutable me frappe, m'envoyant brutalement au sol. La douleur éclate dans mon crâne, irradiant de mon œil gauche. Je vacille avant de tomber au sol à genoux. Je me redresse péniblement, la main serrée sur ma blessure tentant d'apaiser ma souffrance.

— Arès, souffle Poséidon, un reproche à peine voilé dans sa voix. On avait dit doux Arès...

Le sourire de ce dernier s'élargit, cruel et amusé.

— Admets que c'est bien plus crédible de cette façon. Et, entre nous, il était tellement satisfaisant de rabaisser Apollon à sa juste place. N'est-ce pas mon frère ? n'était-ce pas mérité ?

Poséidon secoue la tête, contrarié.

— Ce n'était pas ce qui était convenu, rapplique-t-il avec fermeté. Pas de violence inutile.

— Oh, allez, Posey ! dit Arès, son ton léger balayant la tension. La petite Rose sera bien plus désespérée en le voyant ainsi. Cela ne peut que jouer en notre faveur.

La simple évocation de Rosy, associée à leur plan ténébreux encore mystérieux, réveille en moi une force désespérée.

— Ne la touchez pas ! crié-je, chaque mot vibrant de détermination.

Arès renchérit, son ton faussement rassurant.

— Pas d'inquiétude pour cela. Posey, nous devrions vraiment mettre la mise en scène en place, maintenant...

— Arrête de m'appeler comme cela, gronde-t-il, sa patience s'effritant. Tu sais combien ça m'insupporte.

Un clin d'œil moqueur répond à sa réprimande.

— Je sais que tu aimes ça, réplique Arès.

Debout à nouveau appuyé une main sur le mur, je scrute les ombres et repère enfin une porte. Mon salut ? Sans hésitation, je m'élance, mes pas résonnant dans la pièce silencieuse  beaucoup trop bruyamment. Je m'acharne sur la clenche, mais elle résiste obstinément, immuable.

— Pitoyable, commente Arès, un sourire désinvolte sur les lèvres. Le grand et puissant Apollon, réduit à implorer la pitié d'une porte.

— Tais-toi, Arès ! menace Poséidon, un agacement contenu dans sa voix. Apollon... mes excuses te sont sincères.

Il a l'air véritablement désolé, mais cela n'apaise en rien la rancœur qui grandit en moi, tenace et implacable.

— Que voulez-vous de moi ? demandé-je, ma voix n'est qu'un souffle rauque.

— De toi, rien, rassure-toi. Ce que nous demandons, c'est ta coopération... disons, forcée.

D'un geste fluide, Poséidon lève la main dans ma direction. Aussitôt, une force invisible m'arrache au sol et me plaque contre le mur. Un épais filet se resserre contre moi, m'emprisonnant complètement.

— Résister ne servira à rien, reprend-il, son ton toujours compatissant. Ta puissance est réduite à néant par cette pierre, là-bas. Mon filet est indestructible. Tu ne peux rien faire, rien espérer. Mais ne crains rien, l'attente ne sera pas longue.

— Que voulez-vous accomplir ? Qu'est-ce qui peut justifier une telle trahison ? crié-je, désespéré.

— Nous souhaitons seulement réussir là où toi, hélas, tu as lamentablement échoué.

Un silence abrupt marque la fin de sa déclaration. Arès tend alors sa main en direction du mur. tel un mur infranchissable et invisible, il érige un véritable champs de force. Celui-ci divise la pièce en deux, me séparant d'eux. De rage, je tente de tirer autant que je le peux sur ce maudit filet. Mais à part m'épuiser, il n'en résulte rien.  

— Tu peux nous entendre, mais nous, nous ne le pouvons pas. Cela ne sert donc à rien de t'époumoner. Attend nous sagement.

Poséidon, d'un ultime geste, m'offre un dernier regard empreint de regret, avant de disparaître aux côtés d'Arès. Seul le froid mordant et oppressant demeure à mes côtés. Que prévoient-ils de faire de Rose, ma lumière, ma raison ? 

L'inquiétude me serre la gorge, laissant place à une angoisse sourde...

Elle est là, en danger très certainement, et moi je ne peux rien faire pour l'aider. Dans cette geôle sans issue, ma détermination s'affaiblit. 


La malédiction d'Euphrosyne et Apollon [Romantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant