8. Le bain surprise...

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Point de vue d'Euphrosyne, période indéterminée


Les néons blafards diffusent une lueur froide dans les couloirs tandis que je traverse le hall en ce matin de réveillon de noël. Il fait encore nuit. tout est si tranquille, si silencieux. La neige tombe en gros flocons et recouvre le jardin d'un épais manteau blanc. Je n'en avais encore jamais vu, et lorsque je me suis réveillée et que j'ai aperçu par la fenêtre de ma chambre ce spectacle, je n'ai pas pu me résoudre à me recoucher. C'est le moment idéal pour immortaliser ce paysage féerique.


Alors munie de mon carnet, je me dirige vers la salle commune. La seule qui possède une baie vitrée. Sur les murs, des décorations sont accrochées, des sapins en papier découpé et griffonnés de couleurs criardes apportent une ironie douce-amère à ce décor de noël forcé. Un courant d'air me fait frissonner. Je regrette un instant d'avoir quitté le cocon chaud de mon lit. Il ne fait pas bon se promener à Sainte Marguerite, de nuit, et en plein hiver qui plus est. Ce n'est vraiment pas censé. Je me faufile silencieusement jusqu'à la fenêtre et soulève le rideau lourd et poussiéreux pour me glisser en dessous. Assise au sol, me voici bien dissimulée.


Le paysage qui s'étend devant moi est une invitation à dessiner. Un trait ici. Une ombre là. J'essaie de reproduire le scintillement si particulier de la neige et de la glace. Mais il fait froid et mes doigts commencent déjà à s'engourdir. La silhouette du sapin que j'esquisse devient méconnaissable sous mes mouvements tremblants. Je grimace et soupire. Dépitée, agacée, je referme mon carnet et regarde à nouveau au dehors. Mais bien vite, mes paupières se font lourdes, et sans que je ne m'en rende compte, je m'endors, la tête appuyée contre la vitre glaciale.


— Vous ne devriez pas être ici !


La phrase me réveille brutalement. Je me frotte les paupières, assaillie par la luminosité de la pièce. Hagarde, je lève les yeux vers Mr. Tisis, le directeur qui se tient devant moi. Visiblement, il est en colère. Il à un air revêche avec ses mains sur les hanches et ses sourcils froncés. Instinctivement, je ramène mes genoux tout contre moi, faisant tomber mon matériel.

Le crayon roule alors jusqu'aux pieds du chef, qui se penche pour le ramasser.


— Je vois que malgrès que nous prenions tous soin de vous ici, dans cette maison, vous êtes toujours incapable de respecter les règles ! Et ce, même à Noël ! assène-t-il alors en se baissant pour le ramasser. Devons-nous vous rappeler que vous êtes ici pour vous améliorer, et sûrement pas pour braver l'autorité à tout bout de champ ?


Je me mord la lèvre soudainement inquiète. Comment vais-je donc être punie cette fois-ci ? Quelle idiote ! Comment ai-je pu m'endormir ? Comment ai-je pu être aussi imprudente ?

Les échos de pas dans le couloir alors. Madame Marie fait son entrée.


— Vous tombez bien vous ! s'exclame M. Tisis en se tournant vers elle, la prenant ainsi comme témoin.. Regardez-moi ça ! Elle à passé sa nuit cachée derrière ce rideau comme un animal ! et à faire quoi ? Je vous le donne en mille ! À dessiner !

— Je suis désolée, Monsieur Tisis. Personne ne s'est rendu compte de son absence...

— C'est votre travail de la surveiller ! Que cela ne se reproduise plus ! gronde-t-il en se penchant pour saisir mes dessins, auxquels je me cramponne désespérément.

La malédiction d'Euphrosyne et Apollon [Romantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant