Désirs Sorciers

Lune de solitude

La nuit était claire et lumineuse, Agatha marchait d'un pas rapide, son cœur battant, rempli d'excitation et d'espoir. Enfin, sa mère lui avait accordé un peu de liberté. Ce soir et pour la première fois depuis des semaines, elle avait enfin pu quitter la maison familiale sans être suivie par les regards inquisiteurs d'Évanora. Ce soir, elle ne laisserait rien, ni personne, l'empêcher de retrouver Rio.

Cela faisait si longtemps qu'elle attendait ce moment. Cloîtrée dans sa chambre, elle n'avait fait que penser à sa belle sorcière verte, à leur dernière rencontre, aux leçons qu'elles avaient partagées, à leurs baisers... Chaque nuit, Rio hantait ses rêves, ses pensées, ses désirs. La distance entre elles était devenue une torture. Ce soir, elle était enfin libre, et tout ce qu'elle voulait, c'était sentir à nouveau la présence réconfortante et captivante de Rio. 

Mais plus que tout, elle voulait sentir ses bras autour d'elle et ses lèvres sur les siennes.

Agatha s'enfonça dans la forêt, respirant à pleins poumons les senteurs de terre humide et de résine de pin qui lui avaient tant manqué. L'air frais s'insinuait dans ses cheveux noirs, les ébouriffant légèrement. Elle sentait l'excitation monter en elle à chaque pas, se rapprochant de leur lieu secret. L'endroit où, sous la lueur de la lune, elles s'étaient retrouvées pour la première fois. L'endroit où Rio lui avait promis de lui apprendre la magie, où elle lui avait fait découvrir les plaisirs de la chair...

Ses pieds glissaient sur le sol couvert de feuilles mortes, et elle pouvait presque sentir la magie de la nuit vibrer autour d'elle. Rio devait être là, comme toujours, l'attendant avec son sourire en coin et son regard intense. Agatha se pressa, ses bottes craquant contre les branches sèches alors qu'elle s'approchait enfin de la clairière.

Mais lorsqu'elle arriva, la clairière était vide. Un frisson de désarroi la traversa.

Elle tourna sur elle-même, cherchant des yeux une silhouette familière parmi les ombres des arbres, espérant voir Rio apparaître de nulle part comme elle savait si bien le faire. Mais il n'y avait personne.

Agatha fronça les sourcils. Peut-être que Rio n'était pas encore arrivée ? Peut-être avait-elle été retardée ? Agatha s'assit sur le tronc d'un arbre renversé, scrutant l'obscurité autour d'elle. Les minutes passèrent, puis une heure. Toujours rien. Pas le moindre signe de la sorcière verte.

Agatha commençait à sentir un poids s'installer dans sa poitrine, une angoisse sourde qui grandissait à chaque seconde qui passait. Où était-elle ? Pourquoi n'était-elle pas venue ? Agatha se leva plusieurs fois, faisant les cent pas dans la clairière, guettant le moindre bruit, le moindre mouvement.

Une autre heure s'écoula, et le froid commença à se faire sentir. La lune, haute dans le ciel, éclairait la clairière de sa lumière fantomatique, mais Rio demeurait absente.

Agatha sentait ses forces la quitter. La déception pesait lourdement sur ses épaules. Ses mains tremblaient, et elle ne pouvait plus ignorer cette douleur qui montait en elle. Rio l'avait-elle abandonnée ?

Un sanglot lui échappa, brisant le silence de la nuit. Ses épaules s'affaissèrent sous le poids de la déception. Tout ce qu'elle aurait voulu ce soir, c'était sentir Rio près d'elle, la serrer contre elle et lui raconter tout ce qu'elle avait ressenti pendant ces semaines de séparation. Combien cela avait été dur d'être loin d'elle, combien chaque jour avait été un combat contre la frustration et le manque. Mais Rio n'était pas venue pour l'entendre.

Agatha resta ainsi, recroquevillée sur elle-même, pendant un long moment. Le silence de la forêt ne l'apaisait plus, il ne faisait qu'amplifier son désespoir. Pourquoi Rio ne venait-elle pas ? Avait-elle décidé de l'abandonner, de ne plus l'entraîner, de ne plus l'aimer ?

Après ce qui lui parut une éternité, elle se releva, chancelante, et prit la décision de rentrer. Chaque pas vers la maison était une épreuve. Elle se sentait vidée, dévastée. L'air glacial de la nuit ne parvenait pas à chasser la tristesse qui envahissait son cœur.

Lorsqu'elle franchit la porte de chez elle, tout était silencieux. Sa mère dormait probablement, inconsciente de l'effondrement émotionnel de sa fille. Agatha monta discrètement dans sa chambre, le corps fatigué et l'esprit lourd. Elle se déshabilla machinalement, ne prenant même pas la peine de soigner ses cheveux ébouriffés par le vent.

Allongée sur son lit, elle fixa le plafond en silence, laissant une dernière larme couler sur sa joue. L'image de Rio hantait ses pensées, et malgré tout, elle ne pouvait se résoudre à l'oublier. Elle la voulait, elle avait besoin d'elle. 

Mais ce soir, la pleine lune ne lui avait apporté que solitude et douleur.

Le sommeil ne venait pas. Seule dans sa chambre, Agatha se tourna sur le côté, se cachant sous ses draps comme si cela pouvait la protéger du vide qui l'envahissait. Tout ce qu'elle aurait voulu, c'était sentir la chaleur de Rio, la douceur de ses bras, et lui murmurer à quel point les semaines avaient été dures sans elle.

Mais Rio n'était jamais venue.

Et Agatha se demanda, avec une angoisse lancinante, si elle la reverrait un jour.