L'appel de la forêt

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La brume s'accrochait aux troncs massifs de la forêt de Salem: une forêt ancienne, presque vivante, où chaque arbre semblait murmurer d'anciens secrets. Le ciel était lourd de nuages gris, et une pluie fine tombait, perlant sur les cheveux ondulés d'Agatha Harkness.
La jeune sorcière avançait d'un pas déterminé, son cœur battant de frustration. Les mots de sa mère résonnaient encore dans son esprit: « Tu n'es pas prête, Agatha. La magie n'est pas un jeu. »

Prête ? Comment pouvait-elle savoir si elle était prête alors qu'on lui refusait tout apprentissage ? Dix-sept ans, et pas même un sortilège maîtrisé. Elle savait pourtant que la magie coulait dans ses veines, qu'elle pouvait faire de grandes choses si seulement on lui en donnait l'occasion. Mais sa mère, rigide et craintive, lui barrait la route à chaque fois.

Perdue dans ses pensées, Agatha ne remarqua pas immédiatement la silhouette qui se dégageait entre les arbres, à peine visible dans l'épais brouillard. Une femme, grande et élancée, se tenait là, appuyée nonchalamment contre un vieux chêne. Ses cheveux foncés cascadaient sur ses épaules comme un branchage sauvage, et son sourire — oh, ce sourire — se dessinait avec une sorte de malice tranquille. Une aura électrique émanait d'elle, chaude et troublante à la fois.

« Tu cherches quelque chose, petite sorcière ? » Sa voix était douce, mais pleine d'ironie. Chaque mot semblait effleurer la peau d'Agatha comme un souffle chaud, un frisson inattendu.

Agatha s'arrêta net, méfiante. Les enseignements de sa mère lui revinrent en mémoire : ne jamais faire confiance à une inconnue dans la forêt. Mais la sorcière en face d'elle était fascinante. Sa présence envahissait l'espace, imposante et indéfinissable.

« Je ne suis pas petite » répliqua Agatha, le menton relevé, bien que la femme la dépasse d'une bonne tête. « Et je ne cherche rien ». Le mensonge était flagrant.

La sorcière éclata de rire, un rire cristallin, amusé, et avança d'un pas gracieux. Ses yeux verts brillaient d'une lueur espiègle, presque féline. « Bien sûr que non. Tu erres dans une forêt, la rage au ventre, et tu ne cherches rien ? Quelle adorable petite menteuse. »

Agatha serra les poings. « Qu'est-ce que ça peut te faire ? »

« Tout ». Le sourire de la femme s'élargit. « Je suis Rio Vidal » Dit-elle en lui embrassant la main « Et si je ne m'abuse, tu as besoin d'aide. N'est ce pas ce que ta mère te refuse? »

Agatha sentit son cœur s'accélérer. Comment pouvait-elle savoir ?

Rio s'approcha encore, jusqu'à ce qu'elle soit si proche qu'Agatha pouvait sentir l'odeur de terre humide et de résine qui émanait d'elle, envoûtante. Une de ses mains, aux ongles longs et noirs, se posa doucement sur l'épaule d'Agatha, comme un souffle de magie brute.

« Je peux t'offrir ce que tu veux », murmura Rio, sa voix devenant une caresse. « La puissance, le savoir... Tout ce dont tu rêves. Je peux être la mentor que tu cherches. »

Agatha hésitait, déchirée entre la tentation et la prudence. Mais l'aura de Rio la submergeait, chaude et magnétique. Elle ne voulait plus se sentir impuissante, elle ne voulait plus dépendre des caprices de sa mère. Elle voulait sentir le pouvoir affluer dans ses veines, et pour la première fois de sa vie, elle avait la sensation que cela était à sa portée.

« Pourquoi tu ferais ça pour moi ? » demanda-t-elle d'une voix rauque, tandis que les doigts de Rio traçaient des cercles légers sur son épaule, envoyant des vagues de chaleur à travers son corps.

« Parce que je vois ton potentiel, Agatha », souffla Rio, ses lèvres effleurant presque son oreille. « Et j'adore façonner de jeunes talents prometteurs. »

Le souffle de Rio contre sa peau fit naître un frisson intense chez Agatha, un mélange de désir et de crainte. C'était une attirance qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant, une sorte de fascination inéluctable.

Rio se recula lentement, le regard de braise, un sourire satisfait aux lèvres. « Alors, es-tu prête à devenir celle que tu es vraiment ? Avec moi, tu pourras tout apprendre. Rien ne te sera refusé. »
« Te Veo » lança-t-elle en s'éloignant.

Agatha déglutit, le cœur battant, en sachant que sa vie, à partir de cet instant, serait à jamais changée.

Désirs SorciersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant