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Ma vie de femme de chef mafieux est un combat quotidien, un duel sans fin, un jeu de regards et de défis silencieux. Ce soir, je suis prête à prouver une fois de plus que je mérite ma place à ses côtés. Dans ce monde, je suis bien plus qu’une simple « épouse de ». Je suis Luna, celle qui s'est forgée dans les épreuves, qui ne recule devant rien. Et ce soir, alors que Karim nous mène dans une mission des plus dangereuses, je sens que tout peut basculer.

L’entrepôt où nous avons pénétré est plongé dans une obscurité épaisse, presque oppressante. Autour de nous, des ombres furtives se déplacent, nos alliés, nos ennemis – difficile de les distinguer dans ce chaos nocturne. L’odeur de métal froid, de ciment et d’humidité imprègne l’air, se mêlant à celle, plus âcre, de la tension palpable entre nous tous. Je peux sentir Karim à mes côtés, chaque muscle de son corps tendu, chaque pas calculé. C'est lui qui donne les ordres, qui tient les rênes, qui nous guide. Et moi, je suis prête à suivre, mais pas aveuglément. Non, pas ce soir.

« Luna, t’es prête ? » Son murmure glacial perce l’air.

Je ne réponds que par un hochement de tête, mes yeux rivés sur la porte qui se dresse devant nous, rouillée et menaçante. Mon arme est prête dans ma main, un poids familier qui me rassure. Le claquement sec de nos bottes sur le sol résonne dans mon esprit, rythme sourd d'une danse que je connais trop bien.

Karim jette un regard circulaire autour de lui, évaluant chaque angle, chaque recoin. Puis, d’un signe rapide, il m’ordonne de m’avancer. Je n’aime pas cette manière qu’il a de me traiter comme une recrue, une débutante, mais je serre les dents. Ici, il est le chef, et moi… je suis la femme du chef, un titre que tout le monde observe avec suspicion, voire jalousie.

À l’intérieur de l’entrepôt, le silence est brisé par des murmures, des chuchotements qui s’élèvent et se dissipent. Des voix graves, menaçantes, qui parlent de nous comme des prédateurs en quête de proie. Tout à coup, un cri perçant retentit. Un piège. J’avais senti l’embuscade venir, mais Karim semble impassible. C’est comme s’il l’avait prévu, comme si tout cela faisait partie de son plan.

Les coups de feu éclatent sans prévenir, déchirant l’air. Mon cœur s’emballe, mais mon corps sait quoi faire. Je plonge derrière une pile de caisses, utilisant chaque recoin pour me protéger, pour me rapprocher de la cible. Je vois Karim qui, à quelques mètres de moi, tire avec une précision froide, implacable. C’est un vrai professionnel, un guerrier sans peur, mais aussi sans pitié. Pour lui, chaque vie ici, même la mienne, est jetable si elle sert sa cause.

L’adrénaline coule dans mes veines, m’enivrant, me rappelant que c’est là que je vis vraiment, entre danger et défi. Je me glisse le long d’un mur, silencieuse, attentive. Mon objectif est clair, je dois trouver et éliminer celui qui menace notre clan. Mais une partie de moi sait que je fais cela aussi pour moi, pour prouver que je ne suis pas simplement là pour faire joli aux côtés du chef.

À un moment, je sens un mouvement derrière moi. Je me retourne brusquement, pointant mon arme sur une silhouette encagoulée. Mon doigt se resserre sur la gâchette, prêt à tirer, mais c’est Karim. Ses yeux me toisent avec une lueur d’ironie, comme s’il s’amusait de ma méfiance.

« Tu comptes m’abattre, Luna ? » murmure-t-il, moqueur.

Je serre les dents. « Peut-être. »

Il ricane, un rire sans chaleur. « T’aurais pas le cran. »

Cette phrase me fait l’effet d’une gifle, et mon regard se durcit. « Et toi, tu me sous-estimes. »

Il se penche vers moi, son visage impassible, mais ses yeux brûlent d’un feu froid. « Reste en arrière, laisse faire les pros. »

Je l’observe s’éloigner, mon cœur battant de colère et d’envie de prouver que j’ai ma place ici. C’est alors qu’un autre homme surgit devant moi. Sans hésiter, je tire, le neutralisant en un instant. Je vois Karim se retourner, une lueur de surprise dans les yeux, mais je n’attends pas son approbation. Je continue mon avancée, ignorant les regards, concentrée sur mon objectif.

La fusillade redouble d’intensité, les balles sifflent autour de moi, certaines frôlant ma peau. Mais je ne m’arrête pas, je ne recule pas. Je suis là pour une raison, et rien ne m’en détournera. Dans ce chaos, je sens des regards sur moi, des alliés et des ennemis, surpris de voir une femme se battre ainsi. Et ça me pousse à aller encore plus loin.

Enfin, le calme revient, le sol jonché de corps immobiles, de bruits étouffés. J’essuie mon front, le souffle court, et me tourne vers Karim. Il s’approche de moi, ses yeux sombres fixés sur les miens, sans un mot.

« C’est tout ? » dis-je, un sourire ironique aux lèvres, le défiant du regard.

Il me dévisage, et pour une fois, il ne trouve pas de réponse acerbe. Il finit par murmurer, la voix froide : « Fais pas la maligne, Luna. T’as peut-être survécu cette fois, mais ça change rien. T’es là parce que j’en ai décidé ainsi. »

Sa voix me glace. Pas de remerciement, pas de reconnaissance. Mais je ne suis pas là pour ça, et il le sait. « Et moi, Karim, je suis là parce que je le veux aussi. »

Un sourire presque imperceptible éclaire son visage, un sourire cruel, comme si ce défi l’amusait. « On verra combien de temps tu tiendras. »

Sans attendre ma réponse, il se détourne, me laissant seule au milieu de ce champ de bataille. Alors que je regarde autour de moi, les visages qui m’observent, certains surpris, d’autres méfiants, je comprends que ma place est ici, au cœur de la guerre, avec ou sans son soutien. Parce qu’au fond, peu importe ce qu’il pense de moi – moi, je connais ma valeur.

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SANGUE DI LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant