#10

2 1 0
                                    

La soirée est arrivée. Je me regarde dans le miroir, examinant cette robe noire que Karim m’a obligée à porter. Elle est simple, élégante, moulante, révélant chaque courbe sans pour autant être vulgaire. Ce genre de tenue attire les regards, mais je ne peux pas m’empêcher de me sentir exposée, comme si je devenais soudain une proie pour tous les hommes présents ce soir. Karim a insisté : « Fais-toi belle, Luna. Tu dois marquer les esprits. »

Comme si j’avais besoin de ses conseils. Il ne comprend pas que chaque sourire en coin, chaque regard brûlant de ces hommes me perce comme une lame. Ils pensent tous qu’ils peuvent acheter ce qu’ils veulent, même moi. Mais ce soir, ils n’ont aucune idée de qui je suis vraiment ni de ce que je suis capable de faire pour survivre.

Karim m’attend dans l’entrée, imposant, son regard glacial parcourant ma silhouette avec cet air de défi habituel. Je le fixe, refusant de baisser les yeux, bien qu’il fasse tout pour me tester, pour voir si je craquerai. Quand il s’approche, il m’attrape par le bras et murmure, de cette voix froide et autoritaire : « Ce soir, tu es là pour moi, Luna. Reste à ta place. »

Je serre les dents, me retenant de lui répondre. Je sais que c’est exactement ce qu’il attend, un mot de trop pour pouvoir me rabaisser devant tout le monde. Mais je ne lui donnerai pas ce plaisir. Je me contente de lui jeter un regard noir, et il rit, ce rire froid qui résonne dans mes oreilles comme un avertissement.

Quand nous entrons dans la salle de réception, toutes les conversations s’arrêtent. Les invités se tournent vers nous, leurs regards glissant de Karim à moi, les hommes détaillant ma silhouette avec des yeux avides. A côté de Karim, leur chef redouté, je sais que je ne suis plus seulement Luna. Je suis « la femme aux côtés de Karim ». Une position qui, pour eux, attire la jalousie et les convoitises.

Je sens les regards de quelques femmes se poser sur moi, remplis de jalousie. Mon teint mat, mes cheveux bouclés et ma silhouette sont des détails qu’elles ne peuvent ignorer. Elles me voient comme une intruse, quelqu’un qui n’a pas sa place ici. Et Karim, lui, il est tout à fait conscient de l’effet que nous faisons ensemble. Il me lance un sourire sadique, savourant mon inconfort.

Il murmure alors : « Souris, Luna. Tu fais peur à tout le monde. »

Je force un sourire, froid et distant. Je sais ce qu’ils voient : une femme entourée de mystère, de danger. Mais au fond, je suis une bombe à retardement. Que l’un d’eux fasse un faux pas, et il verra de quoi je suis capable.

La soirée continue, chacun vaque à ses discussions, mais Karim garde un œil sur tout. Malgré son air détendu, je sens ses muscles tendus, prêt à réagir. Nous savons tous les deux que dans ce monde, le danger rôde toujours, même lors de soirées comme celle-ci. Puis, sans avertissement, tout bascule.

Des hommes armés surgissent de l’entrée, leurs visages masqués. Les invités paniquent, cherchent à fuir, mais les assaillants bloquent chaque sortie. Ils avancent, leurs armes levées, et je comprends que nous sommes leurs cibles.

Karim réagit en une fraction de seconde. Avant même que je puisse sortir mon arme, il m’attrape par le bras et m’attire brusquement contre lui, me couvrant de son corps. Un coup de feu retentit, et il nous entraîne rapidement derrière un pilier, m’abritant des tirs. Je sens son bras ferme autour de moi, me tenant fermement, son visage dur et concentré.

Il me lance un regard, presque furieux, et murmure entre ses dents serrées : « Ne crois pas que je l’ai fait pour te protéger, Luna. Je déteste juste perdre une partie de mon équipe. »

Je le fixe, mon cœur battant à tout rompre. Une part de moi ressent une gratitude que je refuse de lui montrer. « Épargne-moi tes leçons, Karim. Si tu ne veux pas que je sois là, dis-le franchement. »

Il me dévisage un instant, comme s’il commençait à douter, à se demander qui je suis vraiment. Peut-être comprend-il que je ne suis pas simplement cette « assistante » qu’il pense pouvoir contrôler. Mais il détourne vite les yeux, reprenant sa concentration sur la situation.

Le chaos règne dans la salle, les invités se dispersent, certains hurlent. Mais Karim, imperturbable, abat deux assaillants d’une précision glaciale. Ses gestes sont rapides, calculés, sans une hésitation. A côté de lui, je ressens la puissance de sa présence. Je comprends pourquoi tout le monde le craint, et quelque chose en moi s’éveille : une détermination à lui prouver que moi aussi, je peux être redoutable.

Lorsque les coups de feu cessent enfin, la salle est en ruines, et les invités, choqués, commencent à se relever, leurs regards marqués par la peur et la confusion. Karim me lâche enfin, et je prends une profonde inspiration, encore haletante. Mes cheveux sont en désordre, collant à mon visage, mon corps tendu de rage et d’adrénaline.

Les autres femmes m’observent avec des regards chargés de jalousie. Dans cette robe noire, les cheveux en bataille, je devine que mon apparence les trouble. Mais leur jalousie, je m’en moque. J’ai survécu, et elles, elles n’ont pas la moindre idée de ce que cela signifie.

Karim me regarde un instant, ses yeux parcourant mon visage comme pour évaluer mon état. Puis, d’un ton sec, il ordonne : « Rentre chez toi, Luna. Ta place n’est pas ici. »

Je le fixe avec défi. « J’ai autant de raisons d’être ici que toi, Karim. Ne te crois pas indispensable. »

Un sourire amusé étire ses lèvres, mais il ne répond pas. Il semble intrigué, presque agacé, comme s’il commençait à douter de moi, à réaliser que je ne suis pas juste cette « assistante » docile qu’il pensait.

Alors que nous quittons la salle, je sens encore les regards des autres invités, mélange de crainte, de jalousie et de respect. Je sais que ce soir, quelque chose a changé entre Karim et moi. Peut-être qu’il commence enfin à comprendre que, moi aussi, je suis prête à tout pour survivre.

SANGUE DI LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant