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La musique résonnait dans la salle, un mélange de rythmes rapides et de mélodies envoûtantes. À peine avions-nous passé le seuil que l'atmosphère chargée d'anticipation m'assaillit. Des éclats de rire, des murmures complices, et les odeurs de cigare et de parfum s'entremêlaient, créant un brouhaha vivant qui m'irritait. Je sentais tous ces regards se poser sur moi, et c'était comme si chaque œil était une main qui tentait de me toucher, de m'attraper dans ce monde où je ne voulais pas appartenir.

Karim se tenait à mes côtés, imperturbable, comme un roi dans son royaume. Il était entouré de son aura de pouvoir et de peur, et je ne pouvais m'empêcher de ressentir une étrange combinaison de dégoût et d’admiration à son égard. Ses vêtements sombres le faisaient paraître encore plus imposant, une figure qui commandait le respect. Mais moi, j’étais là, à ses côtés, tentant de cacher le tumulte qui régnait dans mon esprit.

Il se pencha légèrement vers moi, murmurant : « Rappelle-toi de ta place. Montre que tu es digne de ce que nous représentons. » Ses mots résonnaient comme un avertissement. Je savais qu’il n’hésiterait pas à me rappeler à l’ordre si je m’écartais du droit chemin.

Les invités se pressaient autour de nous, des hommes aux visages durs et aux sourires faux. Je remarquai des femmes, aussi belles que redoutables, vêtues de robes qui ne laissaient rien à l’imagination. Elles dégageaient une confiance qui me faisait presque envie, mais je savais que pour chacune d’entre elles, la fragilité se cachait derrière cette façade de glamour. J'étais l'une d'elles ce soir, mais je ne voulais pas me laisser emporter.

Karim me dirigea vers un groupe, des hommes de la mafia dont les noms faisaient frémir. L’un d’eux, un certain Alberto, me regarda avec un intérêt marqué. Son sourire était carnassier, et je n’aimais pas la façon dont il scrutait ma silhouette. Je restai figée, mais Karim plaça sa main dans le bas de mon dos, un geste qui aurait dû me rassurer, mais qui ne fit qu’ajouter à mon inconfort.

« Luna, je te présente Alberto, un homme influent dans notre cercle, » dit Karim, sa voix empreinte de fierté. Je savais que ce n’était pas juste une présentation amicale ; c’était un avertissement. Je ne devais pas faire de vagues.

Alberto s’avança, me tendant la main. « Enchanté, Luna. J’ai entendu parler de toi. Karim a de la chance de t’avoir à ses côtés. » Son sourire ne touchait pas ses yeux, et je me retenais de grimacer.

« Merci, » dis-je d’un ton neutre, me forçant à sourire. Je n’étais pas là pour plaire, mais je savais que chaque mot, chaque geste, comptait dans ce monde.

Karim resta à mes côtés, me surveillant d’un regard protecteur, mais je pouvais sentir la tension dans l’air. Nous étions là pour jouer un rôle, mais je ne savais pas combien de temps je pourrais maintenir cette façade.

Au fur et à mesure que la soirée avançait, des rires s’élevaient autour de moi, des verres se vidaient et se remplissaient à nouveau. La musique battait son plein, et je me sentais étrangère au milieu de tout cela. Je détestais cette ambiance, ces hommes qui pensaient pouvoir tout avoir, et ces femmes qui leur souriaient en retour.

« Prends un verre, détends-toi, » murmura Karim, me tendant un verre de champagne. Je le pris, mais je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir un mélange d’angoisse et de colère. Comment pouvais-je me détendre dans un endroit où l'on jouait avec des vies comme on joue aux échecs ?

Je pris une gorgée, le liquide pétillant me piquant la gorge. J’espérais que cela m’aiderait à évacuer le stress qui me rongeait. Au fond de moi, je savais que je n’étais pas ici pour faire plaisir à Karim, mais plutôt pour trouver ma place dans ce jeu dangereux.

Soudain, un groupe de femmes s’approcha de nous, riant et chuchotant. L’une d’elles, une brune flamboyante, m’adressa un sourire éclatant. « Karim, tu es toujours aussi beau. Qui est cette petite chose à tes côtés ? » Son ton était condescendant, et je sentis une vague de dédain me submerger.

« Luna, ma partenaire, » répondit Karim d’un ton sec. Je pouvais voir que cette femme ne m’appréciait pas.

« Oh, je vois… » Elle jeta un coup d’œil à ma robe, une lueur de moquerie dans ses yeux. « J’espère qu’elle saura se tenir. La dernière que j’ai vue à tes côtés n’a pas fait long feu. »

Je restai figée, les mots m’atteignant comme des flèches. Chaque insulte, chaque regard désapprobateur, chaque insinuation ne faisait qu’alimenter mon mépris pour cette vie que je ne voulais pas mener. Je savais que Karim ne laisserait pas passer ces remarques, mais sa réaction ne me satisfaisait pas.

« Évite de faire trop de bruit, » murmura-t-il à ma hauteur, comme un rappel que je ne devais pas me laisser emporter. Je fermai les poings, ma colère bouillonnant.

Je ne voulais pas être la « petite chose » de Karim, je ne voulais pas être celle qu'on méprisait. Je me retournais pour lui faire face. « Tu sais, je ne suis pas ici pour être jugée. Je suis bien plus que ce qu'ils pensent. » Ma voix était ferme, et je voulais qu'il entende ma détermination.

Il me fixa, un mélange d’admiration et de surprise dans ses yeux. Mais avant qu’il ne puisse répondre, un homme s’approcha, interrompant notre échange. C’était un autre membre de la mafia, une figure que j’avais déjà aperçue. Il souriait, mais ses intentions étaient obscures.

« Karim, quel plaisir de te voir. Et Luna, je n’aurais jamais imaginé te rencontrer ici. » Son regard glissait sur moi, et je me sentais exposée, presque vulnérable.

Karim se redressa, dégageant une aura de menace. « Pas de compliments gratuits, Giovanni. Tu sais que je n’aime pas ça. » Il était protecteur, mais je pouvais sentir la tension entre eux, une rivalité sous-jacente qui flottait dans l’air.

La soirée continua d’avancer, les rires et les discussions se mêlant dans une cacophonie d'interactions superficielles. Chaque conversation était une danse, un jeu où chacun cherchait à deviner les intentions de l’autre. Je savais que je devais rester vigilante, mais je commençais à me sentir lasse.

À un moment, Karim m’entraîna sur la piste de danse. Je n’aimais pas danser, surtout avec lui. Mais je me laissai porter par la musique, cherchant à me libérer de mes pensées sombres. Dansant, je ressentis un étrange mélange de rébellion et d’acceptation. Nous étions là, ensemble, même si nos cœurs étaient séparés par un abîme.

Karim me tenait fermement, mais je ne me laissai pas abattre. J’avais l’intention de me battre pour ma place dans ce monde, même si cela signifiait devoir faire face à lui. Le bal se poursuivait, et je me demandais jusqu'où cette nuit pouvait me mener.

SANGUE DI LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant