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La musique pulsait autour de nous, une vague de sons qui m’enveloppait tout en me rendant plus consciente de ma propre présence. Karim et moi dansions sur la piste, et je luttais contre l'envie de m’éloigner de lui. Chaque mouvement était une bataille intérieure, un équilibre précaire entre la soumission et la rébellion. Sa main sur ma taille me rappelait sa domination, mais au fond de moi, je savais que je ne céderais pas.

Les lumières clignotantes jetaient des ombres sur son visage, et je pouvais voir la détermination dans ses yeux. Il était le chef, celui que tout le monde craignait, et pourtant, je sentais que je pouvais l'irriter d'une manière que peu avaient réussi à faire. Je voulais que cette soirée soit le début de ma résistance, mais je ne savais pas par où commencer.

Alors que nous dansions, je remarquai les regards avides des hommes autour de nous, leurs yeux rivés sur ma robe. Certains murmuraient des commentaires que je ne voulais pas entendre, et chaque phrase laissait un goût amer dans ma bouche. Je détestais cette attention, cette impression d'être un simple objet d'exposition. Je voulais crier, mais je ne pouvais pas.

Karim, conscient de ces regards, resserra son étreinte. « Ignore-les, » murmura-t-il, comme si le simple fait de l’ignorer suffirait à apaiser ma colère. Mais ignorer n’était pas suffisant. Je ne voulais pas être une pièce sur son échiquier.

« Facile à dire, » rétorquai-je, ma voix presque un chuchotement, mais chargée de défi. « Tu n’as jamais été la cible de leurs désirs. Je suis plus qu’un simple accessoire. »

Son regard s’assombrit. « Et tu vas le prouver en jouant la petite fille sage ? » Ses mots, bien que calmes, résonnaient avec une menace sourde. Je savais que je ne pouvais pas le défier directement, mais une petite voix en moi me poussait à me rebeller.

La danse se poursuivait, les corps se déplaçant en un mouvement presque hypnotique. Je regardai autour de moi, analysant les autres invités. Certaines femmes étaient flamboyantes, fascinantes et pleines de confiance, mais au fond, je savais que beaucoup d'entre elles étaient prisonnières de ce monde, tout comme moi. Elles souriaient, mais leurs yeux trahissaient une certaine fatigue.

Après quelques minutes, je me dérobai de son étreinte, prétextant un besoin d’eau. Je filai à travers la foule, me frayant un chemin parmi les corps en mouvement. Karim ne tenta pas de me retenir, et je me sentis libérée, même pour un instant. Je marchai vers le bar, où les bouteilles brillaient comme des étoiles au milieu de la nuit.

« Un verre d’eau, s’il vous plaît, » dis-je au barman, cherchant à me rafraîchir les idées. La musique était devenue une toile de fond lointaine, mes pensées étant accaparées par le tumulte intérieur que je ressentais. J’avais besoin d’un moment de calme, de solitude pour réfléchir à ce que je voulais vraiment.

En attendant, je remarquai un groupe d’hommes qui parlaient à voix basse, leurs visages sérieux. L’un d’eux, avec une cicatrice sur la joue, avait l’air particulièrement menaçant. Mon instinct de survie se réveilla. Je ne pouvais pas me permettre d’être une proie facile. Je pris mon verre, le serrai dans ma main et décidai de retourner vers Karim.

En approchant de lui, je remarquai qu’il discutait avec Alberto, son visage impassible. Quand je me rapprochai, ils se tournèrent vers moi, et je fus surprise de voir une lueur d’amusement dans les yeux d’Alberto.

« Regarde qui arrive, » dit-il avec un sourire carnassier. « La petite a besoin de son maître pour la protéger ? »

Je lançai un regard noir à Karim, qui restait de marbre. « Je n’ai pas besoin de protection, » répliquai-je avec fermeté. Je voulais qu’ils sachent que je n’étais pas une proie. Je n’étais pas une faiblesse.

« Bien sûr, » rétorqua Karim, un léger sourire sarcastique sur les lèvres. « Mais le monde dans lequel nous évoluons n’est pas tendre. » Ses yeux me défièrent, et je sentis la pression de son regard. Ce jeu était dangereux, mais je savais que je ne pouvais pas céder.

Je me redressai, remplie de détermination. « Je suis fatiguée de vivre dans l’ombre de vos attentes. Je suis ici pour prouver ma force, pas pour jouer le rôle de la femme soumise. » Les mots sortirent de ma bouche comme une déclaration de guerre.

Alberto éclata de rire, un son guttural et moqueur. « La petite veut jouer les dures. C’est mignon. Mais rappelle-toi, Luna, ce n’est pas un jeu. C’est la vie, et ceux qui ne s’adaptent pas finissent par disparaître. »

Je ne savais pas si c’était un avertissement ou une menace, mais je refusais de reculer. « Je ne crains pas la mort. Je crains la vie que vous me réservez. » La tension monta, palpable, et je pouvais voir Karim se redresser à mes côtés.

Il se tourna vers Alberto, son expression sérieuse. « Tu devrais savoir que Luna n’est pas une femme à sous-estimer. Elle a un pouvoir qui dépasse ce que tu peux imaginer. » Ses mots avaient un poids, une protectivité que je n’avais pas anticipée. Mais je savais qu’il avait aussi ses propres intérêts en tête.

Alberto sourit, mais je pouvais sentir la tension entre eux. « Très bien, je respecte ton choix, Luna. Mais souviens-toi, dans ce monde, la loyauté est une monnaie d’échange. Choisis bien ton camp. »

Karim, toujours sur le qui-vive, me prit par le bras et me conduisit à l’écart. « Pourquoi as-tu dit ça ? » demanda-t-il, le visage dur.

« Parce que je suis fatiguée de jouer la soumise, » répondis-je, ma voix frémissante. « Je suis ici pour me battre, pas pour être une décoration. »

Il me fixa intensément, et je pus lire un mélange de fierté et d’inquiétude dans ses yeux. « Tu joues avec le feu, Luna. Ce monde n’est pas clément pour ceux qui se rebellent sans raison. »

« Et je suis censée être soumise à cette vie ? » m’écriai-je, l’émotion montant en moi. « Je refuse de laisser ma vie entre les mains de quelqu’un d’autre. Je veux être forte. Je veux me battre. »

Karim prit un instant pour réfléchir, son regard s'adoucissant légèrement. « Si tu veux vraiment te battre, alors fais-le avec intelligence. Ne te mets pas en danger inutilement. »

Je hochai la tête, reconnaissant sa préoccupation, mais ma détermination ne fléchissait pas. J’allais trouver ma voie dans ce monde, peu importe le prix à payer. Ce n’était pas une simple soirée de gala, c’était le début d’une révolution intérieure.

Nous retournâmes à la fête, nos cœurs battant au même rythme que la musique. Je savais que la route serait semée d’embûches, mais je n’allais pas reculer. Je m’étais déjà engagée sur ce chemin, et maintenant, il était temps de prendre les rênes de mon destin.

SANGUE DI LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant