La nuit tombait sur Naples, enveloppant la ville d'un voile d’obscurité. Les rues étaient presque désertes, seulement quelques lumières scintillaient aux fenêtres des appartements. Je marchais d’un pas rapide, le cœur battant, sachant que Karim m’attendait. Je détestais cet homme. Grand, musclé, avec ses longues boucles noires, il avait ce regard perçant qui me transperçait. Chaque fois que je croisais ses yeux, je voyais le mépris qu’il avait pour moi.
Ce soir-là, nous étions censés nous rendre à une fête de la mafia, une obligation, comme toujours. Mais le vrai problème, c’était la robe que j’étais censée porter. Je ne voulais pas être une simple décoration. Je voulais me montrer forte, mais je savais que les hommes autour de moi ne voyaient souvent qu’un corps.
J’étais dans un petit magasin de vêtements, une boutique où les robes scintillaient sous les néons. Je détestais l’idée de devoir essayer des vêtements qui, à mon avis, ne faisaient que renforcer cette image de femme soumise. J’étais plus qu’un simple objet, et je voulais le prouver. Mais Karim, lui, avait des idées bien arrêtées sur ce que je devais porter.
« Choisis-en quelques-unes, et essaie-les devant moi, » avait-il dit d’un ton qui ne souffrait aucune objection. Je n'avais pas eu d'autre choix que de le suivre, même si l’idée de me dénuder devant lui me faisait frémir.
Les robes étaient accrochées comme des promesses de beauté, mais je savais que je ne devais pas trop montrer. J’en choisissais une noire, satinée, qui épousait mes formes. Quand je sortis de la cabine d’essayage, le regard de Karim me scrutait. Il plissa les yeux, et je savais déjà ce qu’il allait dire.
« Non, on voit trop ta poitrine, » lâcha-t-il, un air désapprobateur sur le visage. Je le fusillai du regard. Pourquoi fallait-il toujours qu’il se comporte comme s’il était mon propriétaire ?
Je retournai dans la cabine, frustrée. Après une heure à essayer plusieurs robes, je me rendis compte que peu importe ce que je mettrais, il y aurait toujours quelque chose qui ne lui plairait pas. Une robe rouge était trop courte, une autre en dentelle montrait trop mes jambes. À chaque fois, ses remarques étaient là, comme des coups de poignard à ma fierté.
« Avec celle-ci, on dirait que tu es prête pour une fête de débauche, » dit-il en désignant une robe à sequins. Je grimaçai, me sentant à la fois humiliée et en colère.
Après avoir essayé encore quelques modèles, je me retrouvai dans une robe noire, élégante mais simple, qui ne laissait pas beaucoup de place à l’interprétation. Je sortis de la cabine, espérant qu’il la trouverait acceptable.
« Ça, c’est mieux. Classique, pas vulgaire, » déclara-t-il, mais son regard restait critique. Je pouvais lire dans ses yeux qu’il ne voyait que ce qu’il voulait voir, une simple façade, un accessoire qui devait l’accompagner.
« Je ne suis pas une poupée, Karim, » répliquai-je, le défi dans la voix. Je ne voulais pas me plier à ses exigences. « Je ne vais pas porter une robe juste pour te plaire. »
Il se tourna vers moi, un rictus sur le visage. « Tu es censée représenter quelque chose ce soir. Tu es ma partenaire, pas ma rivale. Rappelle-toi que ta réussite dépend aussi de ton apparence. » Ses mots étaient glacials, comme un rappel de notre triste réalité.
Le malaise monta entre nous. Je savais qu’il avait raison, mais cela ne faisait que renforcer ma révolte. Je n’étais pas une marionnette, et il ne pourrait pas m’écraser aussi facilement.
Après avoir finalement choisi la robe, je sortis du magasin, me sentant épuisée. Karim m’attendait à l'extérieur, toujours aussi stoïque, mais je pouvais sentir la tension dans l’air.
« Prête à souffrir ? » lui lançai-je, une lueur de défi dans les yeux.
Nous montâmes dans sa voiture, et alors qu’il démarrait, je me concentrais sur le paysage qui défilait. La fête de la mafia nous attendait, un monde où chacun jouait un rôle, où l’apparence comptait plus que tout.
« Tu as intérêt à faire bonne impression ce soir, » dit-il d’un ton qui ne souffrait aucune objection. « Je ne veux pas que tu me fasses honte. »
« Pourquoi, parce que tu penses que je suis une putain ? » Je lui lançai un regard noir, mes mots comme des flèches.
Il se tourna vers moi, son expression se durcissant. « Tu sais que je n’aime pas jouer à ce jeu. Ne pousse pas ta chance. »
« Je suis fatiguée de tes menaces, Karim. Ce mariage, c’est une farce. Pourquoi devrais-je épouser quelqu’un comme toi ? » Je cherchais à provoquer une réaction, à briser le mur de froideur entre nous.
« Parce que c’est un devoir. Et tu sais aussi bien que moi ce que ça signifie dans ce milieu. Les liens, les alliances… » Sa voix se fit plus glaciale, comme un rappel de notre triste réalité.
J’en avais assez de cette vie. Assez de jouer la comédie, assez d’être ce qu’ils voulaient que je sois. Je voulais crier ma colère, ma frustration, mais je savais que dans ce monde, chaque mot pouvait être une arme.
Nous arrivâmes à la fête, et dès que nous franchîmes la porte, toutes les têtes se tournèrent vers nous. Les hommes me dévisageaient avec cet intérêt malicieux qui me donnait des frissons. Karim, à mes côtés, se tenait droit, comme une statue de pierre, mais je pouvais sentir la tension entre nous. Ce mariage était une prison, et nous étions tous les deux des captifs.
« Montre-leur qui tu es, Luna, » murmura-t-il, son ton incitant. Je savais que c’était plus un ordre qu’un conseil. Je me retrouvais à jouer ma dernière carte dans cette partie dangereuse, avec une lueur de défi dans les yeux.
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SANGUE DI LUNA
Action"Une tueuse malgré elle, un leader impitoyable, une haine explosive. Entre missions, survie et mariages forcés, Luna et Karim s'affrontent dans un Naples où le danger règne et les abandonnés n'ont plus de choix."