SANGUE DI LUNA

#12

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Le lendemain de la soirée, je déambule dans les couloirs de cette villa où Karim et moi avons passé la nuit. Il n'a pas dit un mot depuis l'attaque, comme si rien ne s'était passé. Typique de lui : toujours à prétendre que tout glisse sur lui, que rien n'a d'importance.

En avançant, j'entends des voix derrière une porte entrouverte. Ma curiosité prend le dessus, et je m'approche, discrète. Ce sont les parents du chef, en pleine discussion sérieuse. Je tends l'oreille, et leurs mots m'arrêtent net.

« Cette fille, Luna, » dit le père, la voix grave, « elle attire trop l'attention. Hier soir, c'était évident : tous les regards étaient braqués sur elle. Elle pourrait poser problème. »

Je retiens un souffle. Moi, un problème ? Pourtant, je n'ai fait que mon travail, mais il semblerait que ma simple présence soit déjà de trop pour certains.

« Si Karim se laisse détourner de ses objectifs par sa présence, ça ne va pas le faire, » poursuit-il.

J'essaie de contenir ma colère. Karim, distrait par moi ? Quelle blague. Je sais parfaitement ce qu'il pense de moi : pour lui, je ne suis qu'un outil, une « assistante » qu'il peut utiliser pour atteindre ses objectifs. Rien de plus. Et il ne me le cache pas. Je me force à rester calme, bien que leurs paroles m'agacent.

Leur conversation se termine, et ils quittent la pièce sans m'apercevoir. Je fais demi-tour pour rejoindre ma chambre, mais Karim m'attend devant la porte, les bras croisés, le visage fermé. Il ne perd jamais une occasion de m'imposer son regard méprisant.

« T'as l'air d'avoir de l'énergie ce matin, » dit-il d'un ton sec, comme s'il se moquait. « Tant mieux, parce qu'on a une nouvelle mission. »

Je croise les bras, l'observant sans flancher. « Encore ? Quelle est la cible, cette fois ? »

Il laisse échapper un ricanement sans humour. « Un homme qu'on doit récupérer vivant. Si tu te fais remarquer autant que l'autre soir, tâche au moins de le faire pour quelque chose d'utile. »

Je pince les lèvres pour m'empêcher de répondre. Son mépris est palpable, mais je commence à en avoir l'habitude. Quoi que je fasse, Karim trouve toujours une raison pour me rabaisser, comme si mon existence l'agaçait profondément. S'il pense me décourager, il se trompe. Je ne suis pas là pour le satisfaire ou pour me faire aimer.

Karim me fixe encore un moment, son regard froid et calculateur. « Habille-toi bien. Ce soir, tu seras en première ligne. »

J'acquiesce sans un mot de plus, refusant de lui donner la satisfaction d'une réaction. Karim se retourne, et je me prépare mentalement pour ce qui nous attend. Cette fois, je vais leur montrer de quoi je suis capable.

Je me retire dans ma chambre, mais l'angoisse et l'excitation commencent à se mêler. Habiller cette sensation d'adrénaline qui m'envahit, c'est à la fois déroutant et grisant. Je me mets devant le miroir, déterminée à me transformer pour ce soir. Chaque élément de ma tenue est choisi avec soin : une robe noire ajustée qui souligne ma silhouette, des escarpins qui me donnent une allure plus confiante. Je sais que ce que je porte peut faire la différence.

Le soir venu, je suis prête. En m'observant, je ne peux pas m'empêcher de ressentir une vague de satisfaction. Les regards que j'ai déjà attirés lors de la dernière mission ne me semblent pas si éloignés. Mais ce soir, je ne suis pas là pour séduire. Je suis ici pour prouver ma valeur et ma capacité à suivre les ordres sans faillir.

Karim apparaît à la porte, un peu plus tôt que je ne m'y attendais. Sa présence impose une aura de tension. Il ne dit rien, mais son expression reste indéchiffrable. Je devine un léger mouvement de surprise en voyant ma tenue, mais il reste impassible.