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Le grand jour est enfin arrivé. L’air est chargé d’une atmosphère électrique, une tension palpable qui me donne envie de vomir. Les préparatifs battent leur plein, et je suis prise dans un tourbillon de robes, de maquillage et de sourires forcés. Je déteste chaque minute de cette mascarade.

Je me regarde dans le miroir. La robe blanche, conçue pour faire de moi une mariée parfaite, me donne une allure que je ne reconnais pas. Le maquillage camoufle ma colère, mais je sais que sous cette façade se cache une tempête. Je ne suis pas ici pour jouer le rôle de la femme soumise ; je suis là pour montrer qui je suis vraiment.

« Tu es magnifique, Luna, » me dit une des femmes de la famille de Karim, tout en ajustant un voile sur ma tête. Son sourire est sincère, mais je ne peux m’empêcher de le voir comme une moquerie.

« Merci, mais je ne suis pas là pour faire joli, » je lâche, ma voix froide.

Leurs rires se fanent rapidement, mais je sens les yeux sur moi. Je suis le centre d’attention, et chaque regard me pèse comme une pierre. Je me détourne, cherchant Karim dans la foule. Il est là, à discuter avec quelques hommes, sa stature imposante attirant tous les regards. Mais je remarque aussi l’ombre du mépris sur son visage.

Quand nos yeux se croisent, je sens un frisson parcourir ma colonne vertébrale. Il ne montre aucune émotion, juste ce regard glacé qui me rappelle combien il me déteste. Mais j’ai décidé que cette journée serait à moi aussi. Même si je dois jouer le rôle de la mariée, je ne laisserai pas ce mariage me définir.

Le moment fatidique approche. On m’amène à l’autel, et je sens mon cœur battre la chamade. Les invités se lèvent, et je m’avance lentement, la tête haute. À chaque pas, je me rappelle pourquoi je fais cela. Ce n’est pas pour l’amour, mais pour ma survie et celle de ceux qui me sont chers.

Karim est là, impassible. Je peux presque sentir son dédain. L’officiant commence à parler, et les mots passent en flou. Je suis perdue dans mes pensées, essayant de ne pas laisser la peur m’envahir. « Pour le meilleur et pour le pire… » J’enrage en entendant ces mots. Je sais que pour lui, il n’y a pas de « meilleur » avec moi. Je ne suis qu’un moyen de survie.

« Acceptez-vous de prendre cette femme comme épouse, » demande l’officiant.

Karim se tourne vers moi, son expression indéchiffrable. « Oui, » dit-il, mais je sens que cela lui coûte.

Et moi, que vais-je dire ? L’angoisse me submerge. Je me rends compte que cette décision, je ne la prends pas pour moi, mais pour prouver à tout le monde que je ne suis pas une faible. « Oui, je l’accepte, » je réponds d’une voix ferme, m’attachant à montrer ma force.

Les vœux échangés, le reste de la cérémonie se déroule sans accroc. Mais je sens que Karim n’est pas là, mentalement. Il est ailleurs, enfermé dans sa rage. Je ne peux pas lui en vouloir ; je ressens la même chose.

Quand l’officiant annonce que nous sommes maintenant mari et femme, je ne ressens pas d’euphorie. Juste une profonde lassitude. Je suis mariée à l’homme que je déteste le plus au monde, et pourtant, je dois faire face.

Les applaudissements éclatent, et je force un sourire. Mais à l’intérieur, je suis en guerre. Les convives s’approchent, félicitant Karim, m’ignorant. Les femmes me jettent des regards jaloux, admirant ma robe, mais leurs murmures sont pleins de dédain. Elles savent que je ne suis pas la femme parfaite qu’elles imaginent.

« Félicitations, Luna, » lance une femme avec un sourire trop large. « Tu as trouvé un bon parti. »

Je m’en veux de l’entendre, mais je garde mon sourire figé. « Oui, si on aime être maltraitée, » je rétorque dans un souffle, suffisamment bas pour qu’elle ne m’entende pas.

Les heures passent, et la réception débute. Les invités dansent, rient et s’amusent, mais je me sens comme une spectatrice dans ma propre vie. Karim est le roi de la soirée, enivré par l’attention, mais moi, je suis piégée dans un rôle que je n’ai pas choisi.

Les discours commencent, et je sens ma colère monter. Les mots de ses amis résonnent comme des flèches empoisonnées. Ils parlent de lui comme d’un héros, un homme fort, respecté. Personne ne sait ce qu’il me fait vivre. Personne ne comprend à quel point il est cruel.

« Alors, comment ça va avec votre nouveau mari ? » me demande l’un des invités, un homme aux allures d’un requin.

« Génial, » je réponds avec un sarcasme mal dissimulé. « C’est comme un conte de fées, mais avec un monstre. »

Karim arrive juste à ce moment-là, ses yeux brûlant de colère. « Arrête de jouer la diva, Luna. Montre un peu de respect, » grogne-t-il, sa voix basse et menaçante.

Je lève les yeux au ciel, ne laissant pas sa menace me toucher. « Respect ? C’est un peu tard pour ça, non ? »

Il se penche vers moi, un sourire moqueur sur les lèvres. « Je vais te montrer ce que c’est, le respect, ma petite. Prépare-toi, parce que cette nuit, ça va être une fête que tu n’oublieras pas. »

Je sens la rage en moi grimper. « Je suis là pour me battre, pas pour jouer les épouses dociles. Si tu crois que tu peux me soumettre, tu fais erreur. »

Karim éclate de rire, un son froid et désabusé. « On va voir ça. »

Alors que la fête bat son plein, je prends une grande respiration. Ce mariage est une prison, mais je suis déterminée à ne pas me laisser écraser. Je suis Luna, et je ne suis pas une simple pièce dans son jeu. Je vais me battre pour ma liberté, et je ferai tout pour que Karim comprenne qu’il ne me possède pas.

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SANGUE DI LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant