Papillon de nuit

Page 36 : Des relents de révolte

Aucune nouvelle de personne pendant presque une semaine. Cette fois Vanessa n'avait pas parlé de Nox à Neil ; et même si ces conversations sont douloureusement ironiques, au moins elles m'aident à savoir ce qu'elle en pense sincèrement. Alors j'étais perdu et stressé. Ma mère ne s'est pas manifestée, je ne sais pas pourquoi je continue d'attendre.

Et j'essaie, j'essaie de regretter ce qui s'est passé. Mais ce n'est pas facile. Bizarrement, puisque c'est elle qui demande, je n'ai aucun scrupules. Dans les films, le héros se permet toujours de se croire plus lucide que la fille, et prend en charge ses choix sans l'écouter elle. Mais je ne peux pas manquer de respect à Vanessa comme ça.

On ne s'est pas donné de rendez-vous pour une prochaine fois, je suppose que c'est toujours à moi de décider quand sera la prochaine fois. Cette fois, ce sera compliqué à décider. J'espère que ce n'était pas la dernière.

Qu'est ce qui a changé, sérieux ? J'ai du mal à saisir. Parce que ça fait trois mois que ça dure, et trois mois qu'on se promet que chaque fois est la dernière. Pourtant cette fois, on s'est dit "à la prochaine fois". Et non, cette fois je ne me sens pas aussi coupable que les autres.

Mais pourquoi ?

Qu'est ce qui a changé ?

J'espère que ce n'est pas mon sens moral qui flanche. Déjà qu'il est pas solide, si il commence à vaciller, je ne vaudrai vraiment plus rien.

Enfin, que je ne m'emballe pas, je ne regrette pas vraiment, mais je m'en veux quand même. La situation est la même ! C'est ça qui me perturbe. C'est la même histoire mais quelque chose paraît différent.

Peut-être que j'ai juste confiance en l'instinct de Vanessa.

Peut-être qu'elle n'est effectivement qu'une personne et que j'ai besoin de la protéger ?

Je n'en sais rien.

Bref.

Neil n'a pas vraiment eu le temps d'y penser, parce que le 25 mai, j'ai eu une mission, et quand j'ai vu que Zéphire était sur la liste de mes coéquipiers.

Ce que ces abrutis profonds ne comprennent pas, c'est que les gardes font du bruit. Les gardes sont plus traqués que nous les voleurs. Et que les vols fonctionnent mieux quand il n'y a pas de fanfarons vantard dans l'équipe.

Alors j'ai levé les yeux au ciel et je me suis mis en route vers le point de rendez-vous. Je repensais à Vanessa, et à cette situation qui s'emmêle et se complexifie de plus en plus. Elle n'en a visiblement rien à faire, mais moi je m'en fais.

Pour ne rien arranger, Séléné était d'une humeur massacrante quand je l'ai rejointe. Il n'y avait pas Enyo et j'étais soulagé parce que... je ne suis toujours pas en paix avec le choc qu'il m'a fait ce con. C'était mon préféré avant, et soudain je le hais.

- Tu as mis le temps.

- Bonsoir à toi aussi.

Elle a soupiré.-

 - Toujours pas de scrupules ? soupira-t-elle plus gentiment.

- Pfff. Ai-je soufflé. Qu'est ce que tu as en ce moment ?

- Tu peux parler.

- Oui, je te demande.

- Je suis ton ancien mentor, c'est mon travail de m'assurer que tu ne sois pas un traître. Si tu fais de la merde c'est toujours moi qui prend au passage.

- Séléné... ai-je soufflé. Tu ne veux pas te maquer avec un autre gamin s'il te plait ? Ça me ferait des vacances.

- Je ne serais plus mentor.