32. Ce qu'on ne dit pas...

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10:12 - Bowdon, Manchester

Le silence s'était installé depuis une trentaine de minutes. Safie avait lâché ces mots et on était restées là, l'une face à l'autre, sans bouger, sans parler.

Elle était assise au bord de mon lit, les yeux rivés au sol. Moi, j'étais appuyée contre mon bureau, les bras croisés, fixant un point invisible au mur.

Finalement, je tenais plus.

- Qu'est-ce que tu comptes faire ? lançai-je, ma voix ferme.

Elle relevait la tête vers moi, les yeux rouges et son visage crispé par la douleur...

- Je... veux pas le garder, murmura-t-elle finalement, sa voix brisée, peu importe... à qui il est.

J'hochais simplement la tête, avalant ma salive avec difficulté.

- Et... tu comptes en parler à maman et papa ? demandai-je doucement.

- Non ! Shani, je veux pas, répondit Safie, me suppliant du regard, je veux pas qu'ils sachent, Shani. Jamais. Je suis venue t'en parler parce que t'es la seule... qui... je sais pas.

Safie me faisait de la peine. Elle n'avait jamais eu beaucoup d'amis, et cela semblait lui convenir. Mais maintenant qu'elle n'avait plus cet enfoiré d'Andrew, elle avait dû se dire que j'étais la seule personne vers qui elle pouvait se tourner.

Mais je savais pas quoi faire... tout ça me dépassait.

- Et Andrew ? demandai-je, ma voix légèrement plus froide, pourquoi il t'a contactée ? Tu lui as dit ?

- Non... non... je veux pas qu'il sache, répéta-t-elle, Il... il m'a juste... demandé de retirer la plainte.

Je levais les yeux au ciel.

- Il disait que... ça lui causait des problèmes avec sa famille et qu'il risquait de perdre son boulot, avoua-t-elle, sa voix brisée par des sanglots retenus.

Un soupir s'échappait de ma bouche, mélange de soulagement et de frustration puis je m'approchais doucement d'elle, m'asseyant à ses côtés sur le lit.

J'étais pas douée pour réconforter, mais je savais que je devais faire quelque chose.

- Je... je suis là, si besoin, murmurai-je en posant une main sur son dos.

Elle hochait la tête, le regard toujours rivé vers le sol.

- J'sais pas quoi faire, Shani, souffla-t-elle entre deux sanglots, j'ai... j'ai tellement honte...

- T'as pas à avoir honte, dis-je doucement, tentant de garder ma voix stable malgré la panique qui grondait en moi, c'est des choses... qui arrivent.

Un silence s'installait de nouveau et dans ses yeux, je voyais sa peur, sa honte, et cette part d'elle qui voulait simplement se débarrasser de ça.

- On va trouver une solution, finis-je par dire, je pense que pour l'instant, t'as surtout besoin de te reposer et penser à autre chose mais... sache que peu importe ce que tu choisiras, je... t'accompagnerai.

Elle hochait la tête, mais des petites larmes continuaient de couler et je restais là, assise à ses côtés, incapable de bouger ou de parler davantage.

12:10 - Bowdon, Manchester

J'étais allongée sur mon lit, ne réussissant pas à me concentrer sur ma série, tellement mes pensées étaient embrouillées.

PRESCOTT - cas particulier.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant