Sephtis

chapitre 65

Je suis seule depuis ce qui me semble quelques heures maintenant.

J'entends des gens passer derrière la porte mais personne n'entre.

J'essaye de bouger mon pied pour me libérer de la chaîne attachée à ma cheville, sans succès.

J'entends la porte s'ouvrir derrière moi et instinctivement, par instinct de protection, j'enroule mes bras autour de mon corps, comme pour le cacher.

Esposito entre dans la pièce.

- Qu'est-ce que vous voulez encore ? je demande.

- Rien. Je t'apporte à manger.

Par fierté j'aimerai lui dire de garder son repas et que je n'en veux pas, mais j'ai faim.

J'attends qu'il le dépose devant moi et qu'il se casse mais au lieu de ça il reste immobile.

- Si tu tiens à manger, tu vas devoir me laisser te nourrir.

- PARDON ?! Vous pouvez encore dégager je ne ferai jamais ça.

- Bien. Mais plus les heures passeront, plus tu finiras par me supplier de te faire manger. Et boire.

Il s'agenouille près de moi et passe une main sur ma gorge, me forçant à le regarder, puis il me dit :

- À plus tard ma jolie.

Il me lâche et part à mon plus grand désarroi avec le repas qu'il avait apporté.

- ABRUTI ! je hurle.

Je sais très bien qu'il ne peut pas m'entendre mais ça me défoule.

Les heures continuent à défiler. Je m'ennuie terriblement, et je commence à avoir très faim. Personne ne vient me voir, et je commence à me demander si Sephtis va venir. Peut être qu'il est déjà là et que je ne suis pas au courant. Peut être qu'il la déjà... tué ?!

Je remue nerveusement le pied dans l'espoir de me libérer, en vain.

J'entends la porte s'ouvrir derrière moi, et Esposito apparaît.

- Je ne veux toujours pas que vous me fassiez manger.

- Oh mais je ne venais pas pour ça. Quoique si tu changes d'avis, je le peux. Non, je venais pour parler.

- Parler ? je demande, surprise.

- Je me dis que j'ai peut être fait une erreur en misant sur toi. Peut être que Sephtis Alcatraz ne t'estime pas aussi fort que je le pensais.

Je baisse la tête afin de cacher l'évidente tristesse qui vient de se peindre sur mon visage.

Il faut que je réfléchisse. Comment réussir à rester en vie si Sephtis ne vient pas me chercher, et même si il vient ? Si Esposito réussit à tuer Sephtis, il me tuera juste après. Je réfléchis quelques secondes puis une idée me vient à l'esprit : j'ai réussi à rester en vie après que Sephtis m'ait kidnappée car il s'est attaché à moi. Peut être que je pourrais en faire de même avec Esposito ? Je réfléchis à toute vitesse, mesurant les pour et les contre. C'est sûrement une très mauvaise idée, mais en ai-je une autre ?

- Tu es perdue dans tes pensées ma jolie ?

- Pourquoi est-ce que vous m'appelez « ma jolie » tout le temps ? Est-ce un tic de personnage, appelez vous toutes les femmes comme ça ?

Il rigole.

- J'ai pris l'habitude d'appeler les femmes ainsi.

- Et vous n'avez pas de femme d'ailleurs ?

- Non. Ça ne m'a jamais intéressé. Une femme devient trop vite le point faible d'un homme, une cible à abattre. Preuve en est que tu es capturée pour attirer Sephtis.

- Et vous n'avez donc aucun scrupule à tuer une femme ?

- Non, aucun, me dit-il en me fixant droit dans les yeux.

Je me racle la gorge. Il me fait peur.

Il s'approche lentement de moi, et prend mon visage entre ses mains.

- Mais je dois avouer que ça m'embêterait beaucoup de t'en faire. Tu es... parfaite. Mais tu es une femme.

- Et donc ? Êtes vous gay ?

Sans que je m'y attende, Esposito explose de rire.

- Non, je ne le suis pas. Je disais que tu es une femme et que par conséquent tu restes un poids inutile.

- C'est misogyne.

- Non, c'est la vérité. Je le répète, la femme est le point faible de l'homme.

- Pas nécessairement. Une femme peut se. battre aux côtés de son homme.

- J'aime ta détermination à prouver que les femmes servent à quelque chose, mais tu ne changeras pas mon état d'esprit.

- Vous n'avez donc jamais été amoureux ?

- Jamais. Je n'ai jamais ressenti l'amour, et je ne compte pas le connaître un jour.

- Un jour ça pourrait bien vous tomber dessus sans que vous ne vous y attendiez.

Esposito rigole.

- Tu veux dire comme avec toi et Alcatraz ?

- Non, je... je ne parlais pas de ça. Je parlais d'une manière générale.

- Mais bien sûr.

- Avoir une femme vous permettrait de mieux les comprendre, de voir leurs atouts. Et surtout ça ne vous donnerait plus envie de les tuer.

- Tu n'es qu'un dommage collatéral ma jolie.

Il caresse ma joue avec ses doigts, et je me retiens de reculer de dégoût. Il doit croire à une attirance que j'ai envers lui pour me garder en vie.

- Tu as du caractère, ça me plaît. Tu n'es pas comme les autres filles. Tu as souffert, n'est-ce pas ? Je peux le voir dans ton regard.

Je suis prise au dépourvu. Que lui dire ? Je ne vais pas lui livrer tous les secrets que je cache comme si il était mon meilleur ami. Je décide de répondre quelque chose de vague :

- Oui, j'ai vécu certaines choses, qui n'ont fait que m'endurcir.

- Caractérielle et mystérieuse...

Il me dégoûte de plus en plus mais il faut que je prenne sur moi.

- Que comptez vous faire de moi, si Sephtis ne vient pas ? demandé-je.

- Et bien, tu ne me serais plus d'aucune utilité murmure-t-il en approchant son visage du mien.

Oh mon dieu, il ne va pas... si ?! Il veut m'embrasser ou je rêve ?

Il approche un peu plus son visage du mien.

Mon dieu, qu'est-ce que je fais ?

Je ne veux pas faire ça ! Mais si c'est le seul moyen pour que j'espère rester en vie, alors je n'ai pas le choix.

Il s'approche de plus en plus tandis que mon cerveau réfléchit à mille à l'heure.

Ses lèvres frôlent les miennes lorsqu'un homme de main entrant dans la pièce nous interrompt :

- Sephtis Alcatraz est la, monsieur.

***

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