Sephtis

chapitre 84

Je suis à l'infirmerie, en sous vêtements devant une dame d'une cinquantaine d'années qui n'a pas l'air très commode.

- Vos bleus sont pas très beaux mais je peux rien y faire à part vous donner une pommade à appliquer dessus le matin et le soir.

- D'accord.

- Rhabillez vous.

Elle se tourne vers moi, puis me dit :

- Il faudrait perdre du poids. Les hommes n'aiment pas ça les filles en surpoids.

Je préfère ne pas répondre, même si sa remarque me blesse au plus au point. J'ai perdu sept kilos et elle me trouve encore grosse ?

L'infirmière appelle un homme d'Esposito et me fait signe de le suivre.

- Vous êtes obligé de me rattacher ? je demande.

Il ne me répond pas.

- Allez, on pourrait aller voir Esposito et lui demander ce qu'il en pense.

- C'est mon patron qui a donné l'ordre de vous attacher.

- J'aimerai lui parler.

Il ne me répond pas.

J'attends qu'il prenne un peu d'avance et je pars en courant dans l'autre sens, en direction du bureau d'Esposito.

J'ai du mal à me repérer dans cette grande bâtisse, et la vitesse des battements de mon cœur augmente considérablement quand j'entends l'homme me courir après.

- Je veux juste voir Esposito !

- Reviens ici, salope !

Je cours toujours quand j'aperçois une porte. Je l'ouvre et m'y enferme, priant pour que l'homme ne m'ait pas vu. Je l'entends passer devant la porte sans s'arrêter.

Je suis dans ce qui ressemble à une chambre. Je ne m'y attarde pas trop et attends quelques secondes avant de quitter cette pièce.

J'avance lentement, vérifiant à chaque tournant qu'il n'y a personne. Je constate qu'il y a moins de surveillance que chez Sephtis, où il y a des hommes à chaque coin du château.

Par je ne sais quel miracle, j'arrive à retrouver le bureau d'Esposito, où je toque.

- Entrez, fait une voix à l'intérieur.

J'entre et Esposito se tient en face de moi, avec un autre homme. Je ne sais pas de quoi ils parlaient mais ça a l'air sérieux.

- Qu'est-ce que tu fais ici toute seule ? me demande-t-il.

- Je voulais vous parler.

- Et tu as réussi à semer mes hommes ?

- Apparement. Et la preuve de mon allégeance est que je ne me suis pas enfuie, alors que j'aurais pas pu.

- Non, tu n'aurais pas pu. Il y a des hommes qui surveillent l'entrée. Mais je te laisse me dire la raison de ta venue.

- Je viens négocier ma captivité ici.

- Comment ça ?

- J'estime que je vous suis d'une grande aide en vous aidant à tuer Sephtis. Je veux être mieux logée. Et pas attachée.

Esposito s'approche lentement de moi.

- Tu as du cran de semer mes hommes pour ensuite venir exige d'être mieux traitée.

- Si mon but premier avait été de m'enfuir, je ne serai en premier lieu jamais venue ici, c'est une question de logique. Par consequent, me garder attachée est totalement inutile.

Esposito se tourne vers l'autre homme dans la pièce.

- Laissez nous un instant.

L'homme quitte la pièce, et Esposito me dit :

- Je te laisse une chambre avec salle de bain si tu m'embrasses.

Quoi ?!

- Mais... mais pourquoi ?

- Car je veux te goûter depuis l'instant où je t'ai vu pour la première fois. Soit ça, soit tu restes attachée. Prouve moi ta loyauté envers moi.

Je ne veux pas faire ça. Premièrement, il me dégoûte. Deuxièmement, j'ai des liens de sang avec lui. Et troisièmement, j'aurai l'impression de tromper Sephtis.

- Si tu ne tiens plus à Sephtis, il n'y a aucune raison que tu refuses.

- Bien. Je vais le faire.

Esposito se rapproche de moi, et glisse une main dans mon dos. Il penche les lèvres vers moi, et m'embrasse. Il essaye d'introduire sa langue mais je l'en empêche.

Je me recule rapidement, puis dis :

- C'est bon, vous avez eu ce que vous voulez. Maintenant respectez votre engagement.

Esposito sourit malicieusement, puis me dit :

- Bien, j'ordonnerai à mes bonnes de te préparer une chambre, dit-il en pianotant sur son téléphone.

Il me saisit par le bras, puis m'entraîne à l'intérieur de son bureau. Il appelle un de ses hommes et lui dit de m'emmener à la « chambre rose ».

- Gardez la en main, elle a tendance à s'enfuir.

L'homme de main me saisit par le bras, puis m'entraîne jusqu'à une porte, que nous ouvrons.

Des femmes sont occupées à changer les draps, et à tout nettoyer.

- Votre chambre sera bientôt prête, mademoiselle.

- Euh... merci, je dis.

L'homme qui me tenait me relâche, mais reste devant l'entrée.

J'en profite pour faire un tour de la chambre : elle n'est pas très grande, mais c'est toujours mieux qu'une cave. Les murs sont roses, d'où son nom. Je vais voir la salle de bain, et elle aux tons roses également. Elle n'est pas très grande non plus, mais ça me suffit amplement. Je crois que je me suis trop habituée aux pièces à la taille disproportionnée du château de Sephtis.

Je rêve de prendre une douche. Il y a un lavabo avec un grand miroir, et j'observe mon reflet. Je n'ai pas pris le temps de me regarder après que Sephtis m'ait frappé. Il ne m'a pas loupé, j'ai de gros hématomes sur tout le visage, et je n'ose même pas regarder mon corps. Je me recule et je soulève mon haut.

Est-ce que je suis vraiment si grosse que ça ?

Je continue le tour de ma chambre, et constate qu'il n'y a pas de dressing. Je vais donc devoir garder mes vêtements sales. Ça va être compliqué pour séduire Esposito. Quoique ça ne semble pas l'avoir dérangé tout à l'heure. Un frisson me parcourt le corps au souvenir de son baiser.

Je m'approche de l'homme situé à l'entrée de ma chambre.

- Est-ce que vous pourriez demander à Esposito de m'apporter des vêtements propres s'il vous plaît ?

L'homme me rigole au nez.

- Mais tu crois quoi ? Que t'es dans un putain d'hôtel ici ?

- Je vais sûrement devoir le voir souvent, et ce sera plus appréciable pour tout le monde que je sois propre et que je sente bon.

- Ouais. Je vais lui en toucher deux mots.

***

Je me demandais : si je publie mon livre en papier, est-ce que vous l'achèterez ?

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