ARANEA - Les Aventuriers

Chapitre 36 : LA VILLE MAUDITE

Alpheim était bientôt devant eux. Après ce long voyage et cette dernière nuit compliquée dans cette auberge vétuste, ils avaient repris la route avec leurs deux chevaux. La cité se dessinait à l'horizon, avec ses imposantes murailles et ses tours majestueuses qui se découpaient contre le ciel. C'était un spectacle impressionnant, même pour des voyageurs aguerris comme eux.

Ils avaient passé une nuit compliquée marquée par des bruits étranges et des ombres furtives qui les avaient tenus éveillés. Les craquements sinistres du vieux bâtiment et les murmures indistincts des ténèbres avaient amplifié leur stress et leur fatigue. Ils s'étaient inquiétés pour Aeryn, dont les actions récentes semblaient de plus en plus mystérieuses, mais également pour toutes les tâches qui leur incombait.

L'atmosphère oppressante de l'auberge avait semblé faire remonter à la surface tous les éléments de leur vie pour en faire des sources de stress puissantes. Les responsabilités de la quête qui les attendait, les secrets enfouis du passé, les inconnues de l'avenir, tout se mélangeait dans un tourbillon de pensées angoissantes.

Alors, dans ce silence oppressant, ils avançaient, chacun perdu dans leurs propres pensées et angoisses nées de la nuit dernière. Les souvenirs de cette nuit difficile hantaient leur esprit, les tourmentant au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient d'Alpheim.

Lloyd, en particulier, était accablé par le stress. Ses pensées étaient constamment tournées vers l'état de santé de Magdalena, et il espérait profondément que tout se passait bien pour elles, là-bas. Son visage trahissait une inquiétude profonde, et il serrait les rênes de son cheval avec une nervosité évidente.

Pendant ce temps, Rosalia somnolait dans le dos de Raphaello, risquant de tomber du cheval à tout moment. Elle n'avait pas dormi de la nuit, submergée par une sensation de faiblesse et d'incertitude. Elle s'était remémorée sans relâche si son départ de chez elle avait été précipité par l'émotion ou si c'était le choix qu'elle avait réellement souhaité faire. Les doutes l'assaillaient, et elle se sentait de plus en plus vulnérable.

Le futur chevalier, quant à lui, se contenta de fixer la ville au loin, son regard déterminé et résolu. Il ignorait les nombreuses paroles intrusives de son père qui tentaient de le détourner de sa quête. Il comprenait parfaitement l'état de ses compagnons, les inquiétudes qui les assaillaient, mais il ne pouvait pas se permettre de douter ou d'avoir peur.

Lloyd et Rosalia avaient besoin de lui.

– "Je sais à quel point cela peut être dur pour vous." dit-il après quelques minutes de silence "le chemin a été long, le stress et la peur s'accumulent, mais n'écoutez pas ces voix dans vos têtes qui peuvent vous empêcher de réaliser votre destin. Ce ne sont que des voix, des pensées parasites, rien de plus."

Son regard déterminé était rivé sur la ville, à quelques centaines de mètres à présent. Son attitude impassible et sa résolution incarnaient la véritable essence d'un chevalier, même s'il était lui-même assailli par des paroles acerbes ou des doutes intérieurs.

À cet instant, il comprit que ses propres doutes, bien qu'intenses, étaient des échos de ses préoccupations pour ses amis.

Rosalia et Lloyd échangèrent un regard, leurs yeux se croisant brièvement, et ils purent lire sur les visages l'un de l'autre la même compréhension mutuelle. Ils voyaient l'épuisement, la peur et le doute dans les yeux de l'autre, et cela renforçait leur lien en tant que compagnons de voyage. Ils savaient qu'ils n'étaient pas seuls dans cette épreuve, que leurs émotions et leurs préoccupations étaient partagées.

Après des jours de voyage, Alpheim se dressait enfin devant eux, entourée d'une imposante muraille qui s'étendait sur des dizaines de mètres de part et d'autre de la grande entrée. La muraille était faite de pierre grise qui semblaient avoir résisté aux affres du temps et de l'histoire. Les créneaux qui la couronnaient avaient vu passer de nombreuses générations, mais en cet instant, ils étaient déserts, dénués de la présence de gardes ou de sentinelles.