Aeryn gravissait lentement les sombres escaliers du manoir, escortée par son frère et sa nourrice. L'atmosphère était étouffante, une tension palpable qui faisait accélérer les battements de son cœur. La convocation de son père n'était pas anodine, elle le savait. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : quelque chose d'important, peut-être même de sinistre, allait se produire.
Elle allait etre punie.
Chaque pas qu'elle faisait résonnait dans le silence pesant des escaliers, créant un écho qui accentuait le caractère sinistre de l'endroit. Les murs en pierre semblaient la scruter avec méfiance, et les bougies qui éclairaient le passage jetaient des ombres inquiétantes. Aeryn se mordit la lèvre inférieure pour tenter de calmer les battements frénétiques de son cœur, mais en vain. Elle ne réussit qu'à se couper la lèvre.
Son frère, qui marchait tranquillement en tête, jetait de brefs regards dans sa direction, lisant son anxiété sur son visage. Il pouvait lui-même ressentir cette angoisse qui la rongeait, mais ne pouvait dire si leur lien était la cause de ce ressenti ou si cette émotion était bien la sienne.
Lui aussi était effrayé.
Épouvanté, même.
Sa nourrice, bien qu'elle tentât de masquer son inquiétude, trahissait sa tension dans la rigidité de ses épaules et la nervosité de ses gestes. Des tas d'images lui venaient en tête à ce moment, celles où elle soignait les blessures d'Aeryn après les "entrevues", celles ou elle lisait le désespoir dans les yeux de sa protégée, celles où elle avait l'impression qu'elle n'en reviendrait jamais.
Finalement, les escaliers débouchèrent sur un couloir éclairé par la lumière du jour. Aeryn, éblouie, fit un pas en avant et trébucha légèrement, manquant de renverser un vase. Elle se releva alors prestement, fixant l'objet avec une appréhension grandissante. Elle se souvint de la manière dont elle avait passé de longues heures à observer ces détails complexes, à se perdre dans les reflets de la lumière sur la porcelaine délicate pour oublier une entrevue qui allait avoir lieu. Mais aujourd'hui, cette même porcelaine lui semblait fragile et menaçante, comme si elle portait en elle les avertissements silencieux du manoir.
Aeryn poursuivit son chemin à travers le manoir, chaque pas la rapprochant un peu plus de la confrontation inévitable avec son père. Elle découvrait à nouveau le hall d'entrée, les lumières tamisées révélant les détails délicats de la décoration qui était comme dans son souvenir, soignée. C'était comme si elle voyait ces lieux pour la première fois, alors qu'elle y avait passé l'entièreté de sa vie. Or, de vieilles habitudes émergèrent à nouveau et son regard évita soigneusement les immenses peintures qui ornaient le centre de l'escalier central. Elles la représentaient avec son frère et leur père dans leur jeunesse, une époque où l'innocence prévalait. C'étaient des souvenirs figés, des moments perdus qu'elle ne voulait pas revivre.
Finalement, elle arriva devant deux grandes portes en bois massif.
La bibliothèque.
C'était un endroit qu'elle avait fréquenté souvent, à la fois pour étudier et pour se cacher. Elle avait découvert de nombreux secrets entre ces rayonnages, des connaissances anciennes et des mystères enfouis dans des livres oubliés.
Aeryn resta immobile, les yeux rivés sur les portes en bois sombres, scrutant les moindres détails pour éviter de s'effondrer sous la pression. Ses doigts se crispaient légèrement, signe de son anxiété grandissante, et son cœur battait à un rythme effréné. Elle se demandait si les deux personnes qui se tenaient à ses côtés entendaient les battements frénétiques de son cœur. Une main qui la fit sursauter se posa légèrement sur son épaule, un geste de réconfort dans ce moment de grande incertitude.

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ARANEA - Les Aventuriers
FantasyAmalor, autrefois terre de magie et de lumière, glisse peu à peu dans l'obscurité. La grande cité de Ferreus, capitale du royaume, a perdu son pouvoir protecteur, privant ses habitants de la magie qui les soutenait et les protégeait. Tandis que le m...