Le silence qui suit mes mots semble s'étirer, comme si le temps lui-même avait ralenti. Emilio continue de tenir ma main, ses doigts s'enroulant autour des miens avec une tendresse infinie. Je le sens hésitant, comme s'il portait un fardeau dont il ne savait pas comment se libérer.
Je le regarde, voyant pour la première fois dans ses yeux une lueur que je ne connais que trop bien : la peur. Elle est là, cachée derrière son masque de force, mais elle est palpable. Depuis des années, nous avons traversé tant de choses ensemble, mais Emilio a toujours été celui qui cachait ses émotions, celui qui tenait les rênes quand tout semblait s'effondrer autour de nous. Cette façade impénétrable... Mais là, je sens qu'elle est sur le point de céder.
« Emilio, » je murmure, ma voix à peine plus forte qu'un souffle, mais assez pour capter toute son attention. « Dis-moi ce qui se passe dans ta tête. »
Il tourne la tête, ses yeux brillant d'une lueur intense, comme s'il luttait contre une tempête intérieure. Il inspire profondément, ses épaules se levant puis s'affaissant lourdement.
« Je... » commence-t-il, mais les mots semblent lui échapper. Il secoue légèrement la tête, comme s'il cherchait la meilleure façon de formuler ses pensées. « J'ai essayé d'être fort, Safia. Pour toi, pour les enfants. Mais... »
Je serre sa main un peu plus fort, l'encourageant à continuer.
« Mais j'ai tellement peur, » finit-il par dire, sa voix brisée par l'émotion. « Peur de te perdre. Peur de perdre Léon. Je... Je suis tellement impuissant. » Ses mots résonnent, lourds et honnêtes, comme si c'était la première fois qu'il admettait cette vulnérabilité.
Je le regarde, et une vague d'émotion m'envahit. Voir Emilio, cet homme qui a toujours été un pilier, exposer ainsi ses faiblesses me touche profondément. C'est comme si, dans ce moment, il s'ouvrait à moi d'une manière qu'il n'avait jamais osé avant.
« Tu ne vas pas nous perdre, » dis-je, essayant de garder ma voix aussi stable que possible malgré les émotions qui tourbillonnent en moi. « On est là, tous les deux. Léon est là. Et on va s'en sortir. Ensemble. »
Il hoche la tête, mais je vois la lutte dans ses yeux. Il est partagé entre son besoin de me protéger et cette réalité qui échappe à son contrôle.
« Je t'aime, Safia, » murmure-t-il alors, sa voix à peine un souffle. « Et je sais que parfois je n'ai pas su te le montrer. Mais je ne veux plus te cacher ce que je ressens. J'ai besoin de toi. Plus que jamais. »
Mon cœur se serre en entendant ces mots. J'avais toujours su qu'il m'aimait, même dans les moments les plus sombres, mais l'entendre le dire, dans ce contexte, alors que tout semble si fragile, me fait réaliser combien nous sommes liés.
« Je t'aime aussi, Emilio, » je murmure, mes yeux s'emplissant de larmes. « Et quoi qu'il arrive, on se battra. Pour nous. Pour Léon. Pour Victoire. »
Il me regarde intensément, ses yeux brillants de larmes qu'il ne laisse pas couler. Pour une fois, nous nous laissons complètement submerger par nos émotions, sans filtre, sans masque. Ce moment est cru, réel, et pourtant, il est incroyablement beau.
Alors que je me laisse aller dans cette bulle de tendresse, la porte s'ouvre doucement. Une infirmière entre dans la chambre, tenant un petit berceau transparent. Mon cœur rate un battement en voyant ce petit être à l'intérieur, si fragile, si minuscule.
« Je pense que quelqu'un a hâte de rencontrer ses parents. » dit-elle avec un large sourire
Mes yeux s'agrandissent, et je sens Emilio se redresser à côté de moi. L'infirmière s'approche et place délicatement le berceau près de mon lit. Léon est là, emmailloté dans une couverture douce, ses petits poings fermés, ses paupières fermées sur des cils minuscules. Il semble si paisible, malgré tout ce qu'il a traversé.
Je sens une boule d'émotion monter dans ma gorge. Mon fils. Il est là. Il est en vie. Je tends doucement la main, mes doigts effleurant la couverture qui l'entoure.
« Léon, » murmuré-je, les larmes coulant sans que je ne puisse les retenir. « Mon bébé... »
Emilio se penche au-dessus de moi, ses yeux rivés sur Léon. Il tend la main à son tour et caresse doucement la tête du bébé, ses doigts tremblants légèrement.
« Il est parfait, » chuchote-t-il, sa voix étouffée par l'émotion. « Si petit... mais si fort. »
Je hoche la tête, incapable de parler. Le voir enfin, après toute cette peur, toute cette incertitude, c'est comme si un poids immense venait de se lever de mes épaules. Mon cœur se remplit d'un amour si intense qu'il me submerge complètement.
Emilio et moi restons là, silencieux, nos mains effleurant notre fils, connectés d'une manière plus profonde que jamais. Nous avons traversé des ténèbres ensemble, et dans ce petit être, je vois la lumière.
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Fiore
RomanceSafia, une jeune femme d'apparence sans histoire, mais le jour où elle croise le regard du grand Emilio aussi dangereux que Charismatique. Sa vie va changer mais dans sa folle aventure, elle va aussi découvrir la dangerosité de ce monde mais elle va...