Chapitre 17

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STEVE

Je les regardai partir, Safia, Tommy et Camila, riant et discutant avec enthousiasme alors qu'ils montaient dans la voiture. C'était étrange de voir Emilio les regarder partir avec une certaine mélancolie, presque un malaise. Son visage, d'habitude si serein, changea en une fraction de seconde dès que la porte se referma derrière eux.

« Tu veux une bière, mec ? » lui proposai-je, essayant de détendre l'atmosphère. Mais Emilio ne répondit pas tout de suite. Il resta debout, fixant la porte comme s'il hésitait à dire quelque chose.

Je fronçai les sourcils, le regardant de plus près. « Qu'est-ce qui se passe ? »

Il soupira profondément, passant une main nerveuse dans ses cheveux. « Steve, y'a un truc dont je dois te parler. »

Ça n'annonçait rien de bon. Emilio, d'ordinaire si calme, semblait presque... stressé. Et pour quelqu'un comme lui, c'était un signal d'alarme.

« Quoi ? »

Il hésita un moment, puis finit par lâcher, presque à contre-cœur. « C'est Loana. »

Je sentis mon estomac se nouer. Loana. Ce nom revenait comme un mauvais souvenir, un fantôme du passé. Safia et Emilio avaient traversé tellement de choses pour en arriver là, et Loana avait été l'une des pires erreurs d'Emilio. Une erreur qu'il avait profondément regrettée, mais dont les cicatrices restaient encore sensibles.

« Elle est revenue dans le coin ? » demandai-je, déjà agacé par l'idée qu'elle puisse à nouveau s'immiscer dans leur vie.

Emilio hocha la tête, les mâchoires serrées. « Plus que ça. Elle n'arrête pas de m'envoyer des messages, de me harceler. Elle dit qu'elle s'opposera au mariage, qu'elle n'acceptera jamais que je sois avec Safia. »

Je sentis une vague de colère monter en moi. « T'es sérieux ? Cette fille est cinglée. Pourquoi tu ne lui as pas dit de foutre le camp ? »

« Je l'ai fait, plusieurs fois. » Emilio soupira, se frottant les tempes. « Mais elle continue. Et je ne veux pas en parler à Safia. Elle me fait confiance maintenant, je ne veux pas gâcher tout ce qu'on a reconstruit. »

Je restai silencieux un instant, réfléchissant à la situation. Cacher ça à Safia, c'était dangereux. Emilio prenait un risque énorme, mais je comprenais pourquoi il le faisait. S'il lui disait que Loana était de retour, cela pourrait briser cette fragile confiance qu'ils avaient retrouvée après tant de drames.

« Tu penses vraiment que c'est une bonne idée de ne rien lui dire ? » demandai-je prudemment.

Il haussa les épaules, visiblement en conflit avec lui-même. « Je sais pas, Steve. Je sais juste que je ne veux pas la perdre. Pas maintenant. »

Je ne pouvais qu'acquiescer. Ce mariage représentait tout pour lui, et Loana était comme une bombe à retardement prête à exploser.

Les enfants étaient déjà couchés. Victoire dormait paisiblement, blottie sous sa couverture, et Léon, tout aussi tranquille, dans son berceau. Emilio les avait mis au lit avec soin, comme toujours. Une fois que tout fut calme, je m'apprêtais à aller me coucher, quand un mouvement dans le salon attira mon attention.

En descendant les escaliers, je vis une silhouette féminine se tenant à côté d'Emilio. Mon cœur se serra. **Loana.**

Elle était là, vêtue d'une robe moulante, ses cheveux blonds tombant en vagues parfaites autour de son visage. Emilio se tenait face à elle, mais il semblait tendu, sur ses gardes. Je me figeai, essayant d'écouter leur conversation sans être vu.

« Loana, tu n'as rien à faire ici, » dit Emilio d'une voix ferme, mais basse pour ne pas réveiller les enfants.

Elle s'approcha de lui, ses doigts glissant doucement sur son bras. « Emilio, je t'ai manqué, non ? Tu te souviens de ce qu'on avait, de ce qu'on partageait ? »

Sa voix était douce, enjôleuse, presque hypnotique. Mais Emilio ne bougea pas d'un centimètre. Il la regarda droit dans les yeux, ses mâchoires serrées.

« Ce qu'on avait, c'était du vide. Rien de plus qu'un plan cul. Rien d'autre. Je ne t'ai jamais aimée, Loana. »

Je pouvais voir la colère monter dans ses yeux, mais elle n'abandonna pas. « Tu ne peux pas vraiment croire que Safia est celle qu'il te faut. Elle ne te comprendra jamais comme moi. Tu te souviens de toutes ces nuits... »

Emilio fit un pas en arrière, repoussant sa main d'un geste sec. « Loana, arrête. Je vais me marier demain, avec la femme que j'aime. Ce qu'on a eu n'était rien, tu comprends ça ? Rien. »

Loana se figea, son visage passant de la séduction à une rage froide. Elle serra les dents, mais avant qu'elle ne puisse répondre, je sortis mon téléphone discrètement et appuyai sur "enregistrer". Si Loana continuait de faire pression sur lui, il fallait que Safia sache ce qu'il se passait, même si Emilio ne voulait pas lui en parler.

Je restai dans l'ombre, continuant de filmer alors que la tension dans la pièce devenait palpable.

« Safia ne t'aimera jamais comme moi, » siffla-t-elle finalement. « Elle te quittera. Et quand elle le fera, tu reviendras me voir. »

Emilio secoua la tête, la colère se lisant maintenant sur son visage. « Jamais. Je ne te veux plus dans ma vie, Loana. Et si tu ne pars pas maintenant, je jure que je ferai en sorte que tu le regrettes. »

Elle resta là un instant, comme si elle pesait ses options. Puis, d'un geste brusque, elle tourna les talons et quitta la maison, ses talons claquant contre le sol.

Je m'éloignai discrètement, rangeant mon téléphone dans ma poche. Je savais que montrer cette vidéo à Safia allait être risqué, mais elle avait besoin de connaître la vérité. Emilio était loyal envers elle, et elle méritait de le savoir.

Quand je montai à l'étage pour rejoindre ma chambre, j'envoyai rapidement la vidéo à Safia avec un message court : « Il vaut mieux que tu voies ça avant demain. Fais attention à Loana. » Puis, je me laissai tomber sur le lit, le cœur lourd.

Emilio voulait protéger Safia, mais parfois, cacher des choses pouvait causer encore plus de dégâts.

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