Fiore

Chapitre 23

Emilio :

Je claquai la portière de la voiture, la colère et la frustration me submergeant à chaque pas que je faisais vers la maison. Tommy, Steve et Camila étaient juste derrière moi, mais je pouvais sentir leurs regards accusateurs peser sur mes épaules. Le silence entre nous était lourd, chargé de tension, jusqu'à ce que Tommy brise finalement ce calme oppressant.

« Tu as vraiment tout foutu en l'air, Emilio, » grogna-t-il, la voix basse mais pleine de reproche.

Je ne répondis pas. Mon esprit était ailleurs, focalisé sur une seule chose : Safia. Ce que j'avais fait... ce que j'avais laissé se produire... c'était trop. Une trahison, même si je n'avais rien voulu de tout ça. Loana, sa présence, ses messages incessants, tout cela avait fait éclater ce fragile équilibre que j'avais construit avec Safia.

Steve s'avança, se postant devant moi juste avant que je n'ouvre la porte de la maison. « Sérieusement, tu croyais quoi ? Qu'elle ne finirait pas par l'apprendre ? T'as été complètement inconscient. »

Camila, qui jusque-là n'avait rien dit, se contenta de secouer la tête. « Elle mérite mieux que ça, Emilio. »

Ces mots étaient comme des poignards. Ils savaient, tous. Et j'étais incapable de leur dire qu'ils avaient tort. Ils avaient raison. J'avais tout gâché.

Je poussai la porte et entrai dans la maison, le silence me frappant de plein fouet. L'absence de Safia me sauta immédiatement aux yeux. Le vide qu'elle laissait était palpable, presque suffocant.

« Je dois parler à Safia, » dis-je plus pour moi-même que pour les autres. Je me dirigeai vers les escaliers, ignorant les murmures de mes amis derrière moi.

Quand je poussai la porte de notre chambre, la première chose que je vis fut le lit défait. Mon cœur se serra. Mon regard se posa alors sur un morceau de papier posé sur l'oreiller. Un mot. Avec des mains tremblantes, je le saisis et commençai à lire.

_"Emilio,

Je ne sais même pas par où commencer. Mon cœur est en morceaux, et c'est toi qui l'as brisé. J'ai toujours su que nous n'étions pas parfaits, que notre histoire était pleine de défis, mais je n'aurais jamais imaginé que tu puisses me cacher quelque chose d'aussi important. Tu sais à quel point la confiance est fragile pour moi, à quel point il m'a été difficile de croire en toi après tout ce que nous avons traversé.

Quand Léon est né, je pensais que tout avait changé. Que tu étais cet homme prêt à tout pour sa famille, prêt à me soutenir, à m'aimer comme tu l'as promis ce jour-là, quand tu étais là, à mes côtés dans cette chambre d'hôpital. Je me souviens encore de tes yeux, pleins de larmes, quand tu as tenu Léon pour la première fois. J'ai cru que tout irait bien.

Et je me souviens aussi de cette fois où tu t'es déguisé en clown, rien que pour faire sourire Victoire, juste parce que tu savais qu'elle avait peur des clowns. Ce sont ces moments-là qui m'ont fait tomber amoureuse de toi encore et encore. Ces petites choses, ces gestes. C'était toi, Emilio. L'homme que j'aime.

Mais maintenant, tout est différent. Je ne peux plus me fier à toi. Tu m'as blessée d'une manière que je ne peux pas ignorer. Tu as laissé entrer quelqu'un d'autre dans notre vie, même si tu dis que ça ne signifiait rien. Tu ne m'en as pas parlé. Tu as gardé ça pour toi, et ça me tue de l'apprendre de cette manière.

Je t'aime encore, Emilio, mais je ne sais pas si je peux continuer à vivre avec cette douleur. J'ai besoin de temps, et de comprendre où nous en sommes.

Safia."_

Le papier glissa de mes doigts, tombant au sol comme un poids lourd dans ma poitrine. Je me laissai tomber sur le bord du lit, la tête entre les mains, incapable de retenir les émotions qui montaient en moi. Tout ce que nous avions construit, tout ce que nous étions... je l'avais détruit.

Je repensai à la naissance de Léon. À ce moment où tout semblait parfait. Où la vie nous avait donné ce nouveau départ, cette chance de recommencer. Je me rappelai son petit corps fragile dans mes bras, le regard épuisé mais heureux de Safia, son sourire fatigué mais plein d'amour.

Et ce jour avec Victoire... C'était pour elle, pour sa fille, que je m'étais déguisé en ce fichu clown. Safia s'était moquée de moi, bien sûr, mais je m'en foutais. Parce que c'était ça l'amour que je portais pour elles. Pour ma famille.

Et maintenant, tout ça semblait sur le point de m'échapper.

Je me levai brusquement, pris d'un besoin urgent de réparer les choses. Il n'était pas question que je perde Safia, que je perde notre famille. Mais comment ? Comment pouvais-je lui prouver que tout cela n'était qu'un malentendu, que Loana ne signifiait rien pour moi ? Que c'était Safia, et uniquement Safia, que j'aimais ?

Je sortis de la chambre, la détermination grandissant en moi. Il était hors de question que cette histoire se termine ainsi. Je trouverais Loana, et je ferais en sorte qu'elle avoue tout à Safia. Qu'elle lui dise que je l'avais repoussée, que je n'avais jamais voulu être avec elle.

Je n'allais pas laisser notre amour s'effondrer. Pas après tout ce que nous avions traversé.

Je descendis les escaliers en courant, Steve et Tommy se tournèrent vers moi, leurs regards curieux.

« Qu'est-ce que tu vas faire ? » demanda Tommy, le sourcil arqué.

« Je vais réparer mes erreurs. Je vais prouver à Safia que je l'aime, et que je n'ai jamais cessé de l'aimer. »

Sans attendre leur réponse, je sortis de la maison, prêt à tout pour reconquérir la femme que j'aimais.