Fiore

Chapitre 24

Safia

Je tenais la robe entre mes mains, incapable de m'empêcher de me perdre dans mes pensées. Ce moment que j'avais tant attendu, cette journée que j'avais imaginée des centaines de fois dans ma tête, était devenu incertain. La robe, blanche, parfaite, semblait presque ironique maintenant, comme si elle appartenait à une autre version de moi, une version qui croyait encore que l'amour pouvait tout réparer.

C'est à ce moment-là qu'Emilio entra dans la pièce. Je ne l'avais pas entendu arriver, mais son parfum, sa présence, me rappelèrent à la réalité. Il s'arrêta devant moi, une lueur d'anxiété dans les yeux. Il essayait de garder son calme, mais je pouvais voir à quel point il était tendu.

« Il te reste encore une heure, » dit-il doucement, avec un sourire timide. « Une heure pour mettre cette robe et me dire oui. »

Je levai les yeux vers lui, mon cœur lourd. Il s'approcha et s'assit à côté de moi, ses doigts effleurant ma main. Nous restâmes un moment en silence, aucun de nous ne sachant par où commencer.

« Pourquoi tu ne m'as rien dit, Emilio ? » soufflai-je enfin, la voix à peine audible. « Comment as-tu pu croire que je ne découvrirais jamais la vérité ? »

Il prit une grande inspiration, comme s'il cherchait les mots justes. « Ce n'est pas que je voulais te cacher quoi que ce soit, Safia. C'est juste... » Il s'interrompit, le regard perdu dans le vide. « Loana ne compte pas. Elle n'a jamais compté. Je ne t'ai rien dit parce que... »

« Parce que quoi ? » insistai-je, mes émotions à fleur de peau.

« Parce que je ne voulais pas gâcher ce que nous avions. Je ne voulais pas que cette... cette connerie, perturbe la naissance de Léon, ou notre famille. Tout ce que je voulais, c'était nous protéger. Je sais que j'ai mal fait les choses, mais je ne pouvais pas te perdre. »

Je le regardai, essayant de lire la sincérité dans ses yeux. Et elle y était, cette douleur authentique. Il ne mentait pas, je pouvais le sentir. Mais cela ne changeait rien à la blessure. À la trahison.

Je fermai les yeux un instant, essayant de réprimer les larmes qui menaçaient de couler. « Tu aurais dû me le dire. Même si ça faisait mal. Même si ça cassait ce qu'on avait. »

Emilio posa doucement sa main sur ma joue, me forçant à le regarder à nouveau. « Je sais. Je suis désolé. Mais je t'aime, Safia. Je n'aime que toi. Loana n'a jamais été rien de plus qu'une distraction, une erreur. Toi, tu es tout pour moi. »

Ses mots résonnèrent dans ma tête, et lentement, je sentis une partie de la tension en moi s'évaporer. Je voulais lui pardonner, je le savais. Mon amour pour lui dépassait tout. Mais cette fois, il fallait que ce soit différent. Il fallait que je puisse lui faire confiance à nouveau.

Après un moment, un sourire espiègle traversa ses lèvres, brisant la gravité du moment. « Tu sais... » dit-il, sa voix prenant une teinte plus légère, « on pourrait toujours faire quelque chose d'autre avant que Steve arrive et m'arrache à toi. »

Je levai un sourcil, mi-amusée, mi-irritée. « Quoi ? » répondis-je, presque incrédule.

Il se pencha vers moi, ses lèvres effleurant mon cou. « Tu pourrais enfiler la robe... ou je pourrais t'aider à te détendre autrement. » Son ton était plein de sous-entendus, et je sentis mon corps réagir malgré moi à ses avances.

« Vraiment, Emilio ? » soufflai-je, mi-blessée, mi-attirée par son audace.

Il sourit, ses yeux pétillants de malice. « Je veux juste que tu te souviennes pourquoi tu vas me dire oui dans une heure. »

Je ris légèrement, secouant la tête. « Tu es incorrigible. »

« Mais tu m'aimes pour ça, non ? » murmura-t-il, avant de poser doucement ses lèvres sur les miennes. Et en un instant, tout le reste sembla disparaître. Le doute, la douleur, les incertitudes... tout s'évanouit, remplacé par cette connexion brûlante, indéniable entre nous.

Ses mains glissèrent sur ma peau, et je me laissai emporter, oubliant tout le reste. Dans ce moment-là, il n'y avait que nous. Nos corps se retrouvaient avec une urgence que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. C'était brut, passionné, une façon pour lui de me montrer qu'il était là, qu'il n'y avait que moi.

Quand nous fûmes enfin allongés, essoufflés, nos corps enchevêtrés, une paix inattendue s'installa en moi. Emilio posa un baiser sur mon front, me serrant contre lui. « Je t'aime, Safia. Toujours. »

Je n'eus pas le temps de répondre. Un coup frappa à la porte, suivi de la voix de Steve.

« Emilio, bouge-toi ! Il est temps. »

Emilio me regarda, un sourire en coin. « J'imagine que c'est le signal. »

Je ris légèrement, encore à moitié sous l'effet de notre intimité. « Allez, va te préparer. »

Il se leva à contrecœur, ajustant rapidement ses vêtements. Avant de sortir, il se tourna vers moi une dernière fois. « Une heure, Safia. Une heure et tu seras ma femme. »

Je lui souris, bien que l'émotion me serre la gorge. « Une heure. »

Quand il quitta la pièce, je restai allongée quelques instants de plus, serrant la robe contre moi. Il me restait une heure pour prendre la décision la plus importante de ma vie.