Fiore

Chapitre 21

EMILIO

Je restais là, immobile, à quelques mètres de la porte entrebâillée, mon cœur battant à tout rompre. La conversation que j'entendais derrière cette porte me foudroyait sur place. Safia, ma Safia, doutait de moi, doutait de notre amour, doutait de notre avenir. Chaque mot qu'elle échangeait avec Camila transperçait mon cœur comme une lame glacée.

« Peut-être que je devrais tout annuler avant que ça ne devienne pire... »

Ces mots résonnaient dans ma tête comme un écho incessant. Annuler. Elle voulait annuler le mariage, ce jour que j'avais tant attendu, tant rêvé. Ma gorge se serra, et la colère commença à s'insinuer dans mes veines, mais pas contre elle... contre moi-même.

Je savais que j'avais fait des erreurs. Je savais que Loana était un problème que je n'aurais jamais dû laisser s'approcher de nous. Mais comment lui expliquer ça ? Comment lui faire comprendre que tout ça, cette histoire avec Loana, n'avait aucune importance à mes yeux ?

Je pris une profonde inspiration, mes poings serrés. Je devais entrer. Je devais m'expliquer, lui parler, lui prouver que je ne voulais qu'elle et personne d'autre. Je poussai doucement la porte et entrai dans la chambre. Safia et Camila levèrent la tête, surprises de me voir là. Le visage de Safia se figea en me voyant. Ses yeux étaient rouges, gonflés par les larmes qu'elle avait versées. Un flot de culpabilité m'envahit, écrasant la colère qui bouillonnait encore en moi.

« Safia, » commençai-je, la voix rauque d'émotion. « Il faut qu'on parle. »

Camila nous observa un instant avant de se lever silencieusement et quitter la pièce, nous laissant seuls. Safia resta assise sur le bord du lit, les bras croisés, le regard fuyant. Mon cœur se serra en la voyant si fermée, si distante. Elle ne me laissait plus entrer. Pas comme avant.

« J'ai tout entendu, » avouai-je, ma voix hésitant entre la colère et la douleur. « Je ne peux pas te laisser croire que... que Loana représente quoi que ce soit pour moi. Elle ne compte pas, Safia. C'est toi, toujours toi. »

Ses yeux se tournèrent vers moi, un éclat de douleur traversant son regard. « Depuis combien de temps elle vient chez toi ? » Sa voix était calme, presque glaciale, mais je pouvais sentir la tempête qui grondait en elle.

Je baissai la tête, conscient que la vérité, même simple, allait la blesser. « Elle a commencé à venir après la naissance de Léon... il y a quelques jours seulement. »

Le silence qui suivit fut assourdissant. Ses lèvres tremblèrent légèrement avant qu'elle ne se lève brusquement, ses mains crispées en poings.

« Quelques jours ? » répéta-t-elle, sa voix montant d'un ton, pleine d'amertume. « Tu as laissé cette fille entrer dans ta vie, venir chez nous, alors que je venais d'accoucher de ton fils, Emilio ?! Comment as-tu pu me cacher ça ? »

Je fis un pas en avant, essayant de m'approcher d'elle, mais elle recula, refusant tout contact. Je pouvais sentir son cœur se fermer, et cela me terrifiait.

« Safia, écoute-moi ! Ce n'était rien, je te le jure. Elle est venue, mais je ne voulais pas qu'elle soit là. Elle s'est imposée. Je ne l'ai jamais... jamais encouragée à revenir. Tout ça, c'est un malentendu ! » J'essayais désespérément de la convaincre, mais ses yeux étaient noyés dans une douleur que je ne pouvais ignorer.

« Un malentendu ? » siffla-t-elle. « Et combien d'autres malentendus y a-t-il eu avant ça, Emilio ? Combien de fois dois-je encore entendre ce genre d'excuses ? Tu me l'avais juré, que c'était terminé avec elle. Tu m'avais promis que je n'aurais jamais à m'inquiéter pour Loana. »

Je baissai la tête, incapable de répondre. Elle avait raison. Je lui avais fait cette promesse, et j'avais failli. Encore une fois.

« Je ne veux plus me marier. » Ses mots tombèrent comme un couperet, me coupant le souffle.

Mon cœur s'arrêta un instant. Je me précipitai vers elle, mes mains tremblantes en essayant de saisir les siennes. « Non, Safia... non, tu ne peux pas dire ça. On a traversé tellement de choses ensemble, tu ne peux pas tout jeter comme ça. Je t'aime, je t'aime tellement. Loana ne représente rien pour moi, elle n'a jamais compté. C'est toi que je veux, toi et personne d'autre. »

Elle se dégagea brusquement, ses yeux brûlant de colère et de tristesse. « Si je comptais vraiment pour toi, Emilio, tu n'aurais jamais laissé Loana revenir dans nos vies. Tu m'as trahie en gardant ça pour toi. Comment veux-tu que je te fasse confiance après ça ? »

Je tombai à genoux devant elle, désespéré. « Je suis désolé... Je suis tellement désolé. Je sais que j'ai merdé, mais je te promets que je vais arranger les choses. Je ferai n'importe quoi pour toi, Safia, n'importe quoi. »

Elle secoua la tête, des larmes roulant sur ses joues. « Je ne peux plus. Je ne peux plus supporter ces mensonges, ces trahisons. »

Je pris une profonde inspiration, me redressant. « Tu veux des preuves que Loana n'est plus rien ? Je vais les trouver. Je vais lui faire admettre qu'elle s'est imposée, qu'elle a forcé la situation. Je vais tout faire pour te montrer que je suis sincère. Mais je t'en supplie, ne mets pas fin à tout ça. Pas maintenant. »

Safia me regarda longuement, ses yeux cherchant une réponse dans les miens. « Je ne peux pas, » murmura-t-elle enfin, sa voix brisée. « Je ne peux pas faire comme si de rien n'était. Je t'aime, Emilio, mais je ne peux pas vivre dans la crainte qu'une autre femme vienne encore perturber notre vie. »

Elle se dirigea vers la porte, son visage marqué par la détermination. « Je vais retourner dans mon ancien appartement avec les enfants. »

« Quoi ? Non, Safia... ne fais pas ça. » Mon cœur se brisa à l'idée de la perdre, elle et les enfants. « On se marie dans quelques heures, tu ne peux pas tout annuler... »

Elle s'arrêta à la porte, sans se retourner. « Je ne peux plus, Emilio. Je suis désolée. »

Et elle sortit, me laissant seul dans la chambre, le cœur dévasté.

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Je ne pouvais pas la laisser partir comme ça. Loana. Tout ça venait d'elle, de ses manigances, de ses tentatives pour nous détruire. Je savais ce que je devais faire. Je devais la confronter. Je devais la forcer à dire la vérité. C'était la seule façon de récupérer Safia.

Je me relevai d'un bond, attrapai mon téléphone, et composai rapidement le numéro de

« Emilio ? » dit-elle, feignant la surprise.

« On doit se parler, et tout de suite, » répondis-je d'une voix glaciale. « Je ne te laisserai pas détruire ce que j'ai avec Safia. Tu vas lui dire la vérité, Loana. Tu vas lui dire que tu t'es imposée, que je t'ai repoussée. Sinon, je te jure que tu regretteras d'avoir jamais croisé ma route. »