Deus Treize...

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Oraison funèbre...

- "Dis, Ténébrio, es-tu mort ?
(Demande la voix sans visage)
Toi, qui hésite à vivre encore,
Toi, que cette question écrase...

Tu n'as pas eu d'heureux amours,
Et, ton errance solitaire,
Continue à goûter des jours,
Qui, en bouche, sont bien amers...

À la vérité, c'est ta faute,
Tu ne veux croire, en aucun Dieu,
Ni, en la passion la plus haute,
Tout, en t'acharnant, à leurs jeux...

Pire, en vain, ta vie s'y épuise,
Alors, que, rien, ne t'y retient,
Tu les poursuis, les martyrises,
En étant, ton, propre, assassin...

Dis, Ténébrio, es-tu mort ?
Toi, qui, saigne, le mauvais sort"...

- "Vois-tu, je l'ignore moi-même,
Ma raison, sans arrêts, oscille,
Je doute : qui suis-je, moi-même,
Parmi ce peuple qui fourmille ?

Toi, la voix cachée, inconnue,
Existes-tu, ou, n'es-tu rien,
Que la raison que j'ai perdue,
En marchant, seul, sur le chemin...

Pitié, toi, au moins, réponds-moi,
Car, Dieu, a quitté cette terre,
Je l'ai cherché, partout, en moi,
Jours et nuits, jusqu'à mes enfers...

Partout, fou de Dieu, j'ai erré,
Partout, son néant, m'a suivi,
Partout, sa nuit, m'a enserrée,
Partout, l'écho, m'a assourdi...

C'est vrai, je suis l'ange perdu,
Qui, n'a pas découvert de Dieu,
Ni, la pomme, où, tant, ont mordu,
Aveugle, à tout ce monde heureux...

Une cime, au-dessus des cieux,
Où, souffle, l'insolent Amour,
Cet opium, dont, même les Dieux,
En leur temps, ont cherché le jour...

Voilà, ce que je cherche, en vain :
Une tour, vidée d'illusions,
À l'abri du violent poison,
Au bout du dernier des chemins...

Que, son néant, soit assez fort,
Pour que je ne puisse, infâmer,
Ma raison et mon triste corps,
Comme je vais te le conter :

Une fois, j'ai aimé, je crois,
Celle, que j'ai nommé, la mort,
Et, dont la vanité, laissa,
D'ignobles bras, toucher mon corps...

Ses yeux, m'aimaient, plein de dégoût,
Quand, je vis, depuis mes silences,
La vie -répugnante impudence !-
Accrocher, ses bras, à mon cou...

Ô vie, pauvre prostituée,
Ô toi, si accessible amante,
Tu n'es que la face cachée,
De cette mort déshonorante...

Mais, bien-sûr, c'est moi, l'imposteur,
Cette homme étrange, qu'elle aima,
Dans les sombres secrets du coeur,
Quand, sur toi, elle l'emporta...

Mais, tu ne peux m'accabler,
Plus, que je ne le fais, moi-même,
Ô toi, qui m'a si mal aimé,
Ô mort, va, donc, jusqu'à ton terme...

Là, je viendrais, moribond fou,
Amnistier ma vie, sans grandeur,
Étant, moi, au-dessus de tout,
Ô pitoyable dernière heure...

Quand, toi, au-dessous, et, bien seule,
Entourée de tes beaux mensonges,
Et, de cet épitaphe veule,
Tu entendras, les vers qui rongent"...


(C)Ténébrio, le 22 décembre 1996, à 17H25...

Inner seasons...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant