1- La Rencontre

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– Allan. Allan. Allan !! Bon sang, vous m'écoutez ?!?

L'intéressé leva la tête de son cahier. En revenant à la réalité, il vit son professeur, les mains sur le bureau, les yeux qui lançaient des éclairs. L'ensemble de la classe se taisait et attendait.

– Oui, Monsieur ?

– Pouvez-vous, s'il vous plaît, répéter ce que je viens de dire à vos camarades ? Car c'est essentiel.

Le jeune homme fronça des sourcils et chercha dans sa mémoire immédiate. Mais, elle s'était malheureusement remise à zéro. Donc, le vide intersidéral. La dernière phrase dont il se souvenait était celle notée sur son cahier... au moins quinze minutes auparavant. Voyant que son professeur continuait de le fixer sans sourciller, il marmonna.

– Je ne sais pas, Monsieur, désolé.

La classe rit. Il piqua un fard. C'était seulement le cinquième jour après la rentrée et déjà, il se faisait réprimander par son professeur préféré. Il baissa la tête. Désabusé, son enseignant demanda :

– Mlle Thorinsson, je vous ai vu prendre note. Voulez-vous prêter votre cahier à votre voisin, qu'il rattrape son retard ? Merci.

La demoiselle enleva ses crayons et le laissa copier. Il lut : La magie n'est pas interdite formellement dans la société moderne, cependant un tabou si puissant lui est opposé qu'on suppose que les magiciens ont tous disparu de nos jours.

Rapidement, il recopia et rendit son bien à sa voisine en la remerciant. Sans lui accorder un regard. Il avait toujours été seul à sa table, et ceux qui avaient essayé de lier contact avec lui depuis toujours à l'école s'étaient heurtés à un mur. Cependant, Allan dut avouer que la jeune femme à côté de lui était agréable à regarder : seize ans comme lui, elle était aussi blonde qu'il était brun, les yeux aussi bleus que les siens étaient marrons. De taille identique à lui. Elle avait, bien évidemment, déjà tenté d'amorcer une discussion, mais il avait toujours fait mine de ne pas avoir entendu. Espérant qu'elle se lasse.

Son œil tomba sur le texte fraîchement écrit. Rien d'orignal pour lui, au contraire. Car la magie devait rester secrète. Il l'avait entendu encore et encore, maintes et maintes fois à la maison.

Car Allan appartenait à une famille de magiciens. Sa mère en était une, son père en était un aussi. Et par le sang, Allan en était un. Le problème majeur était que, de temps à autre, lorsque des sentiments forts le tenaillaient, la magie en lui se manifestait sans prévenir. D'où sa solitude forcée.

Du coup, il refoulait ses instincts et avait appris très tôt à se contrôler. En échange, il avait grandi et mûrit plus vite que les garçons de son âge. Son côté taciturne avait éloigné la plupart des gens, ou les lassait. Sa voisine ferait bientôt pareil.

À la fin du cours, son professeur l'appela :

– Allan, un mot, s'il vous plaît.

Il était toujours le dernier à sortir et se dirigea vers le bureau.

– Allan... Cela fait quelques mois que vous me semblez distrait. Je pensais que les vacances d'été vous feraient le plus grand bien mais... Reprenez-vous bon sang, je sais que ce n'est pas la partie la plus reluisante de notre histoire moderne mais vous devez la connaître ! Vous êtes un descendant des survivants de la guerre ! N'oubliez pas ça.

Le jeune homme acquiesça. Son professeur le congédia et il se glissa en silence dans la cour.

Le bâtiment était de taille moyenne et suffisamment grand pour maintenir Allan dans l'anonymat. Un peu plus de mille élèves pour une cité de vingt milles âmes, de la seconde à la terminale. La cour était répartie en trois zones : la cour faite de béton, celle recouverte d'herbe et l'amphithéâtre.

Les Fils de LokiWhere stories live. Discover now